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La prostitution africaine en France

Publié le 16 novembre 2008 par Chictype

Les quartiers chauds du XVIIIe arrondissement de Paris, de la gare du Nord à la porte de Clignancourt, sont les sites privilégiés des péripatéticiennes africaines, pour la plupart originaires de la région subsaharienne. «A tel point que, lorsque vous êtes noire et que vous parcourez ces rues, vous êtes systématiquement prise pour une prostituée», constate Amely James Koh Bela, présidente de la Commission de l’information et de la formation à la Fédération des agences internationales pour le développement, une organisation non gouvernementale (ONG) d’action humanitaire et d’aide au développement. La France compte autour de 15 000 prostitué (e)s, dont près de 7 000 à Paris. «80 % sont étrangers, dont un peu plus de 40 % viennent des Balkans et 37 % sont d’origine africaine», pouvait-on lire dans l’Humanité du 20 décembre 2003.

« Les filles d’Afrique »

Ces chiffres (des statistiques récentes sont indisponibles, au moment où nous écrivons cet article, ndlr) datent de 1999. Ils ne reflètent, évidemment pas, la réalité mais témoignent du nouveau visage de la prostitution en Europe et en France, notamment en région parisienne : la place croissante des étrangères. Parmi elles, les «filles de l’Est», qui sont débarquées, régulièrement, sur les trottoirs français. Mais qu’en est-il des «filles du Sud, d’Afrique» ? «Nous sommes passés, de la traite des Noirs à la traite des Blanches, puis à la traite des Noires», constate Bernard Lemettre, président national du Mouvement du Nid, qui milite contre la prostitution en France. «A Lille, où je suis, je vois plus d’Africaines que de filles de l’Est. C’est également un constat qui a été effectué dans les 33 délégations dont nous disposons dans toute la France », ajoute le président de l’ONG.

Les femmes africaines seraient, en effet, de plus en plus nombreuses. En 1999, en France, «elles venaient du Maghreb (Algérie et Maroc), d’Afrique noire francophone (du Cameroun en majorité) ou anglophone (Ghana et Nigeria), indiquaient les statistiques de l’Office central pour la répression du trafic des êtres humains (OCRTEH). En région parisienne, elles sont également ressortissantes de pays en guerre, comme la Sierra Léone et le Libéria. Par ailleurs, selon l’OCRTEH, plus de 50 % des prostituées africaines en Europe sont originaires du Nigeria. La filière ghanéenne est, aussi, bien connue par les polices européennes. La Suisse reste la chasse gardée des Camerounaises, et la Belgique le fief des ressortissantes des deux Congos.

Pratiques lucratives et malsaines

Famille, solidarité, désorganisation, pouvoir de l’argent, sont des problématiques que l’on retrouve dans les filières africaines : leur organisation est à l’image du continent. Ainsi, la prostitution des Africaines en Europe diffère, dans une certaine mesure, de celle des pays de l’Est ou d’Asie. Et pour cause, elle est souvent d’origine familiale. Les femmes victimes ne sont pas kidnappées, comme dans les pays de l’Est. Selon Amely James Koh Bela, c’est souvent un frère, une tante, une cousine éloignée ou, même, un mari, qui amène ces jeunes femmes à la prostitution. Les moyens : le proxénète fait miroiter un avenir meilleur, la possibilité de faire des études etc. Des mensonges que la pauvreté rend vraisemblables.

Mais il dispose, également, de moyens de pression, outre la violence, pour maintenir son emprise sur les victimes qui découvrent, bien assez tôt, la supercherie. La sorcellerie, par exemple, est souvent utilisée dans le cas des Nigérianes. On les menace de jeter un sort aux membres de leur famille. Par ailleurs, les victimes deviennent souvent, elles-mêmes, des bourreaux, notamment en ce qui concerne la filière nigériane en Italie. Les femmes - les «Mamas» - qui sont impliquées dans la traite sont souvent des anciennes victimes qui ont gravi les échelons. Quant aux femmes mariées, elles se prostituent, souvent, à domicile, comme certaines jeunes filles qui vivent avec des «pseudo» oncles et tantes. Bien des médecins le savent en France, indique Amely James Koh-Bela. Elles reçoivent aussi dans des cars, autour du bois de Boulogne (Paris), leurs clients, avec la bénédiction de leurs époux. La chose serait souvent pratiquée dans la communauté camerounaise, et certaines femmes viendraient spécialement du pays pendant la période estivale pour «travailler». Les femmes se prostituent également dans les magasins de Château Rouge (zone de Paris où l’on retrouve une forte communauté africaine, ndlr) en échange de produits vivriers.

La prégnance de l’argent est l’autre caractéristique de la filière africaine. Pourquoi ? Les prostituées africaines seraient impliquées dans les pratiques les plus abjectes et, par conséquent, les plus lucratives : zoophilie, scatologie (l’excrément est un accessoire sexuel, ndlr), fist-fuking (introduction des poings, pieds, objets de tous types : fruits, légumes, bouteilles dans les orifices génitaux, ndlr),ondinisme (l’urine est un objet de plaisir, ndlr), sado-masochisme, dracula (amateurs de menstrues, ndlr) etc. Copuler pendant une heure avec un chien rapporterait, environ, 4 500 euros. À noter que ce n’est pas un ouvrier qui pourra se payer ce genre de «gâterie». «Si l’on arrêtait tous les clients (des prostituées, ndlr), il n’y aurait plus personne à la tête de l’Etat», affirmait  Mme Hoa, ministre vietnamien du Nord, de la Santé, en 1995 [1]. La prostitution est aussi, d’une certaine manière, une affaire d’Etat et de pouvoir, d’un côté comme de l’autre. Surtout quand on retrouve chez certaines prostituées des passeports diplomatiques. «La filière centrafricaine, qui est constituée de Camerounais et de ressortissants des deux Congo [...], bénéficie d’immunité quasi-diplomatique», peut-on lire dans un document de l’ONG Aide sur la filière africaine de la prostitution.

Marginalisées et victimes du sida

Autre mine d’or : les cassettes pornographiques, dont les instigateurs ne reculent devant rien pour satisfaire une clientèle de plus en plus perverse. La plus connue reste celle concernant le «Mapouka», la danse traditionnelle ivoirienne, qui a été transformée en danse obscène à cause du déhanchement fessier qu’il implique. Sur le marché, c’est l’une des plus prisées : elle coûte 60 euros, alors que les orgies sénégalaises ou camerounaises stagnent à 5 euros. Ces cassettes ont, aussi, cette particularité de stigmatiser une communauté. Leurs titres : Orgie camerounaise, L’amour à l’africaine.

Infections diverses, relâchement des muscles génitaux, mutilations corporelles, deviennent le lot quotidien des travailleuses du sexe, qui se réfugient dans la drogue et l’alcool pour subir l’intolérable. De plus, le sida guette : «Les Africaines sont connues pour accepter des choses que les autres n’accepteraient jamais», affirme Amely James Koh Bela.

Comme d’avoir des relations sans préservatif. Elles deviennent ainsi, outre ces souffrances innommables, une proie facile pour le sida, qui fait des ravages dans la communauté sub-saharienne en France, mais plus particulièrement en région parisienne. De plus, les prostituées africaines sont souvent agressées, ou assassinées, par les filles de l’Est, qui les accusent de casser les prix. Ce qui n’est pas faux. Le prix standard d’une passe est de 20 euros. A Château-Rouge, les Ghanéennes offriraient leurs services pour 8 euros.

À qui profite le crime ?

 Souvent à la famille

Selon l’OCRTEH, en 2001, le commerce du sexe rapportait, en France, aux proxénètes 80% des revenus générés par chacune de leurs prostituées, soit 1,6 milliard d’euros et en 2002 ce chiffre a doublé et a atteint 3,5 milliards. Cependant, les proxénètes ne sont pas les seuls à profiter de cette manne financière, surtout dans le cas des Africaines. Car la «solidarité africaine» a aussi ses effets pervers. Et la prostitution le démontre. Quand certains parents n’ont pas, eux-mêmes, livré leurs enfants sur les célèbres plages sénégalaises, bien connues des pédophiles, d’autres continuent, bien malgré eux, à avilir leur progéniture sans le savoir. Les gains issus de la prostitution sont, souvent, rapatriés pour faire vivre une famille, investir dans l’immobilier ou dans des petites affaires. Ni les familles, ni l’entourage, ne connaîtront, jamais, l’origine scabreuse de ces fonds. La honte ou la mort ont, bien souvent, raison des victimes qui, elles-mêmes ou leurs souteneurs, renvoient d’elles des images de la réussite.

Comble du malheur, certains parents accablés, par la pauvreté, poussent inconsciemment à la débauche. Armés de «Toi, tu es là, tu bouffes ma nourriture tous les jours, mais rien ! Tu vois pas, elle a épousé un Blanc» ou «Elle a acheté une voiture ou construit une maison pour sa mère» Avec quel argent ? Et de poursuivre, «Toi, tu ne peux pas aller te débrouiller aussi !». On comprend, alors, que certaines jeunes filles se ruent sur Internet, à la recherche du «Blanc» qui les délivrera de la misère, tel un prince sur son cheval. Beaucoup d’entre elles tombent sur des princes… mais du mal. Comme cette jeune Camerounaise, qui a défrayé la chronique et qui, accablée par la honte, a fini par mettre fin à ses jours. Son contact européen lui avait demandé des photos d’elle nue. Ce qu’elle s’est empressée de fournir. Les photos, elle les retrouvera ,plus tard, sur le Net : elles ont fait, quasiment, le tour du monde, sinon d’Afrique. Le mannequinat, autre moulin à rêves, est un moyen de recrutement privilégié pour ces chasseurs de têtes du sexe.

Victimes innocentes et mâles consentants

Les prostitués africaines sont également de plus en plus des mineurs. «On a constaté, ces cinq dernières années, à côté des enfants de l’Est, de plus en plus de mineurs d’origine africaine, notamment des jeunes filles qui ont entre 14 et 18 ans, indique Carole Bartoli, coordinatrice des programmes pour ECPAT France, un réseau international d’organisations travaillant ensemble pour éradiquer la prostitution enfantine, la pornographie enfantine et le trafic d’enfants à des fins sexuelles. L’Europe se protège, en effet, contre la pédophilie et, par conséquent, les regards se tournent, après l’Asie, vers l’Afrique.  Enfin, les hommes ne sont pas en reste : d’honorables pères de famille se transformeraient, ainsi, en hardeurs auprès de vaches pour arrondir les fins du mois. Les visages de la prostitution sont multiples, et leurs caractéristiques en font un véritable problème de société. Notamment en ce qui concerne les Africains. La grande pauvreté qui sévit sur le continent porte ceux qui y vivent à considérer, le plus souvent, l’Occident comme un nirvana. Et l’Afrique est en train, encore une fois, de se vider de ses femmes, son essence et de ses enfants, son avenir.

F. G.

http://www.lanouvellerepublique.com


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