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Il est pas frais mon panga !

Publié le 17 novembre 2008 par Ecosapiens

Panga à 6 euros le kiloEt hop un de plus !
C’est l’histoire d’un poisson, le panga, qui est la star des réseaux écolos. A l’origine un reportage diffusé à la télévision qui dévoile l’origine de ce sympathique poisson-chat.

On apprend entre autres que ce poisson subit un drôle de régime au Viet-Nam:

Un chercheur s’est en effet aperçu qu’en injectant aux femelles pleines des hormones recueillies dans de l’urine de femme enceinte séchée cela permettait de déclencher la pontes des alvins.

Leur principale nourriture est une farine importée du Pérou, elle est élaborée à partir de cadavre de poissons mélangés à du Manioc, du Soja (OGM ?) et à diverses céréales

Voir l’article sur pour-un-monde-durable

Cela n’est pas sans rappeler la fameuse “perche du Nil” épinglée par le film “Le cauchemar de Darwin“. Un poisson bon marché mais qui est une véritable aberration écologique.

Le plus délectable est la réponse du CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) qui montre bien ce qu’on entend par développement de nos jours…

Je me permets donc une réponse à la réponse de cet éminent organisme de développement.

  1. D’abord je m’étonne qu’un organisme de “développement” s’occupe non pas de suffisance alimentaire mais d’export à l’international. La question est donc: les Vietnamiens mangent-ils du panga ?
  2. une eau trouble comme celle du Mékong qui charrie des alluvions peut être parfaitement potable après décantation, alors qu’une eau cristalline peut être sévèrement contaminée
    Les panga vivent-ils dans un Mekong décanté ?
  3. il a fallu attendre le travail de Philippe Cacot et ses collègues pour voir enfin lancé le processus économique
    J’en déduis donc un aveu que le panga n’est pas un poisson traditionnellement mangé au Vietnam et que sa finalité était de lancer un processus économique.
  4. Qu’on le déplore ou qu’on l’accepte, l’agriculture est une activité qui vise à utiliser les lois biologiques, de manière à maximiser et/ou optimiser la production de biens alimentaires. S’il fallait attendre que vaches, plantes ou poissons se reproduisent « naturellement », il ne serait probablement pas possible de disposer en quantité, qualité et dans le temps des aliments dont nous avons besoin pour nourrir la planète.
    Voilà peut-être le vrai débat. Effectivement, une telle conception de la nature et de l’agriculture m’interpelle. Elle me rappelle les grandes serres d’Alméria où les tomates ne poussent pas dans le sol; elle me rappelle également ces élevages de poulets gavés d’hormones, disposant de 25 cm2 pour 40 jours sans voir le soleil. Quelle “maximaisation/optimisation de la production de biens alimentaires“. Ô la belle vision technicienne qui aboutit on voit où… Passons sur le sous-entendu du choix binaire entre l’agriculture industrielle et le retour à la cueillette (sous-entendu, souhaitez-vous vivre comme les hommes des cavernes ?)
  5. Si la matière première dont est extraite l’hCG, l’hormone utilisée pour la reproduction des pangas, est effectivement de l’urine, c’est une hormone purifiée. Dès lors, pourquoi parler d’urine de femme enceinte déshydratée, alors que l’hCG n’est jamais désignée de la sorte dans ses autres applications ?
    Mais parce que personne ne sait ce qu’est l’hCG ! Et que tout le monde sait ce qu’est de l’urine de femme enceinte. Mais vous avez raison: nous devrions parler le langage technique pour désacraliser les choses et évacuer ainsi nos tabous. Nous devrions même manger des êtres humains puisque cette viande n’est après tout chimiquement pas si différente de bien d’autres viandes.
    La question qui se pose est bien: “Est-ce normal de nourrir des poissons avec de l’urine de femme enceinte ?”
  6. Sans chercher à sous-estimer ce réel problème écologique créé par l’emploi des farines de poisson en aquaculture, il convient quand même de rappeler que Pangasius hypophthalmus est une espèce omnivore qui ne rechigne pas, dans la « nature », à se nourrir de divers animaux aquatiques et notamment de poissons.
    Il y a, me-semble-t-il, une différence entre manger des poissons et manger des farines de poissons… Ah vraiment la nature est mal faite. On ne trouve pas l’aliment miracle avec des omega3 pour substituer les farines. On se demande comment se débrouillent les poissons sauvages…
  7. c’est bien la raison pour laquelle les unes sont autorisées et les autres, interdites.
    Toujours le même argument: “si c’était dangereux ce serait interdit”. En parler aux victimes de l’amiante par exemple. Et rappeler que les farines animales n’ont été interdites qu’après le scandale de la vache folle. Liste non exhaustive !

Reprenons nos esprits et convenons qu’il est normal que le CIRAD cherche à défendre ce qu’il a contribué à développer. En somme, le discours est “cela se fait ailleurs et partout. Pourquoi incriminer le panga ?”. Mais c’est qu’il faut bien des “cas d’école”. Car ce n’est pas parce que l’on fait n’importe quoi partout qu’il faut continuer dans cette voie. A part la réalité économique, cet élevage n’a aucun sens. On vide les océans au point que les pêcheurs bretons se retrouvent en Somalie… et on fait venir de l’autre bout du monde un poisson qui, finalement, répond à l’impératif économique de production optimale.

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