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Zack and Miri make a Porno de Kevin Smith

Par Geouf

Résumé: Amis depuis de nombreuses années, Zack Brown (Seth Rogen) et Miriam Linky (Elizabeth Banks) vivent en colocation dans la petite ville de Monroeville en Pennsylvanie. Tous deux coincés dans des boulots peu rémunérés (Miri est vendeuse dans un shopping center et Zach bosse dans un coffee shop), ils peinent à joindre les deux bouts et à payer leurs dettes. Lors d’une réunion d’anciens élèves, Zack croise la route de Brandon St. Randy (Justin Long), un acteur de films pornos gays. C’est alors que germe dans son esprit une idée pour se faire de l’argent : tourner un film porno amateur avec Miri et une équipe triée sur le volet…

 

Après le très bon Clerks 2 qui amorçait un virage dans la carrière de Kevin Smith (comment ça, un Clerks émouvant, qui parle brillamment du passage à l’âge adulte et qui propose autre chose que d’excellents dialogues référentiels ?), j’attendais son nouveau film avec un certain intérêt. Ce n’est bien sur pas la première fois que Smith réalise une comédie romantique (il est déjà passé par là avec Chasing Amy, Jersey Girl et dans une moindre mesure Clerks 2), mais un film qui s’appelle Zack and Miri make a Porno et mettant en vedette un de mes chouchous du moment (le génial Seth Rogen) ne pouvait que m’attirer. Et s’il est loin d’être aussi original ou jusqu’au boutiste que son titre ne le laisse présumer, le nouveau film de Kevin Smith est tout de même une bonne comédie romantique portée par un duo d’acteurs attachant.

Ce n’est pas vraiment du côté de l’intrigue qu’il faut chercher l’originalité, puisque toute la première partie du film est décalquée sur The full Monty, avec quasiment les mêmes rebondissements (on remplace le strip tease par le porno, on reprend la scène du casting, ainsi que les premiers essais peu concluants…). Cependant, la « patte Kevin Smith » arrive à donner un cachet un peu plus particulier au film. On retrouve bien entendu de nombreux dialogues référentiels sur le cinéma (porno ici bien entendu, mais aussi sur Star Wars comme toujours chez Smith), même si le film est un chouïa moins bavard que d’habitude. Les dialogues sont aussi assez crus, n’hésitant pas à appeler un chat un chat (oui, je sais qu’on pouvait faire un jeu de mot vaseux mais je vais éviter pour une fois) et remplissant le quota de « fuck ». Etonnament par contre, on ne retrouve que peu d’acteurs réguliers des films de Kevin Smith. Mis à part Jeff Anderson (Randal dans les deux Clerks) et Jason Mewes en porn star (enfin sorti de son rôle de Jay), c’est plutôt la bande d’Apatow qui est venue parasiter le film : outre Seth Rogen, on croise Justin Long (hilarant dans le rôle de l’acteur gay à la grosse voix rauque) et Craig Robinson (l’un des deux tueurs de Pineapple Express) en homme brimé par une femme autoritaire. Tout ce petit monde, auquel s’ajoute la ravissante et pétillante Elizabeth Banks, apporte une bonne humeur communicative au film, enchaînant les scènes hilarantes et outrancières (dont une scène de sexe anal aussi anthologique que celle de l’âne de Clerks 2). Les parodies de mauvais films pornos fusent, avec tout le décorum adéquat : situations minimalistes, décors et costumes cheap, dialogues stupides ânonnés par des acteurs aussi convaincants qu’une endive. Comme le dit Zack, seul le titre et les scènes de sexe comptent dans un porno, peu importe le reste.

Mais au milieu de toute cette grossièreté assumée, Kevin Smith réussit en une scène à créer un moment magique de cinéma. Il parvient par miracle à commencer sur une des meilleures parodies de film porno de tous les temps (« Oh, I’ve spilled my cream all over the place ») pour ensuite effectuer un virage à 180 degrés et emballer tout simplement une des plus belles scènes d’amour jamais vues sur un écran de cinéma. Magnifiée par la chanson Lift me up de Live, cette scène est un moment de grâce précieux et inédit dans la filmographie du bonhomme, et qui justifie à lui seul le visionnage du film. Et si les dernières minutes du film tombent dans les clichés les plus éculés de la comédie romantique US (je t’aime, moi aussi je t’aime, mais on ne se l’avoue pas, et puis je fais une connerie et tu ne veux plus me voir, et puis finalement on se retrouve quelques mois après…), qu’importe finalement puisqu’on s’est définitivement entiché de ces deux personnages et de leur histoire et que la dernière scène touche droit au coeur.

Zack and Miri make a Porno n’est assurément pas le film de l’année, ni même la comédie de l’année, mais reste un bon opus dans la filmographie inégale de Kevin Smith.

Note : 7/10


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