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Ségolène, les étoiles et ma pomme

Publié le 18 novembre 2008 par Frednetick

Etre socialiste en ces jours de curie médiatico-commentateuresques n’est pas une sinécure, vous avez ma parole.

J’ai provoqué hier soir en réunion d’AG de la motion A dans mon département une belle onde de réprobation en comparant Ségolène Royal à jean-marie Le Pen. Dit abruptement comme cela il est bien évident que vous allez croire le peu de raison qu’il me restait définitivement envolée. Il n’est est rien.

Retour sur le week-end champenois et explication de la comparaison.

Pour qui a eu la chance de recevoir un précieux sésame pour entrer dans le parc des expositions de Reims (Jusqu’à 6 vérification de votre pass entre l’entrée et la possibilité de poser son séant sur les rugueux sièges, au cas où vous seriez un dangereux militant appelé à de bien sinistres desseins), l’ambiance, mainte fois décrite dans les journaux et à la radio, tenait de la grande hallucination.

Discours de tête de pont sur des sujets annexes (Moscovici, potentiel premier secrétaire mentionnant benoitement toutes les délégations étrangères sans en oublier une dans un discours hallucinant de déconnexion), claque allègrement organisée, quasi émeute lors de l’apparition de Ségo, nuage de huées au même moment..Rien ne manquait au grand show socialiste, car après tout il fallait bien être à la hauteur des regards portés par les français depuis Public sénat, BfM, la chaine parlementaire etc… Malek Bouthi le rappelait “les français nous regardent”, et alors ?

Venons en au fond, ou au fondOforme puisque c’est désormais le merveilleux écheveau que propose les candidats socialistes.

Samedi matin, Bertrand Delanoé (BD) monte à la tribune et claque un discours de présidentiable, prenant soin de souligner le fait que la motion A est une force qu’il souhaite mettre à la disposition du PS et que sa candidature n’est pas un “préalable”, détail qui aura son importance le dimanche matin. Dans l’AM, c’est au tour de Ségolène Royal (SR) de poser son angélique pied sur la tribune, aussitôt acclamée et huée, le tout sous les yeux décontenancés de votre hôte. Personnalité plus clivante je ne connais pas - au sein du PS s’entend.

Commence alors ce qui est apparu aux délégués et aux caciques comme un déni de parti. Clairement le discours n’était pas destiné aux délégués, mais directement aux militants, tournant ainsi les principes bien assis de la “solférinologie” (selon les termes d’un journaliste des échos) classique. Un positionnement déjà adopté lors de la désignation et qui vient expliquer en partie ma sortie d’hier soir.

Comme JMLP dans ses plus belles années, SR pratique, avec un sens consommé de la mise en scène médiatique, la victimisation de sa personne tout en optimisant avec talent les écueils du cirque médiatique désormais bien huilé des médias traditionnels. Pratiquant par messages courts, volontairement réducteurs (les autres seraient archaïques, l’ancien parti, le nouveau, le TSS…) elle donne la becquée aux journalistes qui n’en demandent pas tant. Même plus besoin de faire un zapping, le message est déjà préformaté pour un passage éclair.

A l’instar de JMLP, SR impose donc aux autres de prendre le temps d’expliquer qu’admettre et assumer le passé n’est pas forcément être archaïque, qu’être militant n’est pas forcément aussi simple qu’être “supporter” (9 disparus dans ma section, soit 1/6ème des effectifs, perdus sur l’autel de la désignation interne, 1 vote et puis s’en vont) etc. Seulement l’explication n’est pas aussi formatée que la provocation, il faut plus de temps, et le temps est une denrée rare sur une chaine de Télé, quant aux journalistes de la presse écrite, ils répètent à l’envie la même sauce, les articles du Monde et du Figaro ayant les traits épais de la gémélité. Alors oui, SR utilise la tactique LePenienne (qui n’a rien à voir avec un quelconque étui), CQFD.

Martine Aubry (MA) nous fera bien un revival des années 80, la barre à gauche toute, oubliant le pragmatisme pour tomber dans une outrancière dérive dogmatique un peu surannée et pas forcément aussi sincère que celle de Benoit Hamon, sans que cela ne change grand chose, les deux blocs sont désormais en place, les ADC réunis autour de nuances, la E prise dans sa logique d’alliance.

Vient ensuite l’AG de motion A où BD, sous les vivas d’un public acquis, déclare y aller, avec dans la manche l’atout d’une autre candidature que la sienne (P.Mosco dragué par MA dans les semaines précédentes). La commission des résolutions peut se réunir, le monde socialiste retient son souffle entre deux verres de champagne ou de mousseux selon les moyens.

8H le dimanche matin, tout le monde est déjà au courant quand BD annonce fatigué que le TSB a bien fonctionné. Durant la nuit, l’hypothèse d’une candidature au poste de premier secrétaire d’un membre de la motion A pour un assemblage hétéroclite ADC est rejetée purement et simplement, MA envisageant même un désistement pour BHamon, avant de se raviser sous la pression de ses co-motionnaires.

Les discours du dimanche ne pouvaient dès lors plus rien apporter. Soucieux de tenir son engagement, BD ne pouvait présenter sa  candidature, lui qui avait promis de ne pas faire de sa personne un préalable, et l’hypothèse d’une candidature “pour se compter” ne rimait à rien politiquement, le Conseil national étant d’ores et déjà formé. Ce qui permettait à BD de finir sur une touche sacrificielle sur le thème du je m’étais engagé à ne pas nuire au parti, “je vous le prouve”.

Rien lu la dessus dans les journaux et pourtant c’est peut être ce qui un jour lui permettra de briguer la présidence de la république au nom du PS. Au lieu de ça les amis journalistes écriront “le grand perdant” etc. Bien qu’il s’agisse d’un calcul politicien il a marqué les militants présents autour de moi, aussi clairement qu’un fer rouge. Nous en reparlerons dans quelques mois, j’en mets ma main à manucurer!

Ségo faisait alors du Ségo, lacrimale et messianique, guérisseuse et rebouteuse, Martine continuait son lent ancrage à gauche toute mon capitaine, avec un talent oratoire plus limité que son compère Benoit, réelle trouvaille de ce congrès.

Il était venu pour exister, n’a pas bougé d’un cheveux sur le fil mouvant d’un positionnement aventureux sur le thème encore plus à gauche et renouvelé, il en sort médiatique, résolu et soutenu. Jeudi et vendredi n’exauceront pas son voeux d’être en première ligne dans le combat qui s’annonce avec la droite, mais il ne sera pas loin derrière.

Et maintenant, qu’allons nous faire? Le PS explosera t-il? Je dis chiche! Chiche que SR, battue et acrimonieuse aura la cohérence de prendre ses cliques et ses désirs d’avenir pour former un nouveau mouvement politique. Chiche qu’ils partent sans le patrimoine, sans le sous, sans la mécanique PS. Chiche.

Au final, la petite dame du Poitou aura tout de même eu un effet salvateur. Celui de montrer que le PS s’est arrêté de penser depuis quelques années, qu’il lui faut désormais reprendre le BA-ba du militantisme, refaire du fond, repenser et ne plus s’arrêter au trop commode constat d’échec comme si celui-ci donnait un certificat de bonne pensée au socialisme français. François Hollande a appelé à l’unité, c’est au travail qu’il aurait du faire appel. Alors pour une fois, peut être que travailler plus fera gagner plus.


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