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Patrimoine : La Gestion Alternative

Publié le 30 juillet 2007 par Caryl

Ce premier dossier dans la catégorie “Patrimoine” ouvre le bal d’une série d’informations que j’ai l’intention de vous communiquer afin de mieux comprendre les nouveaux produits de l’épargne.

En effet, sortis de la bourse, vous êtes nombreux à ne pas comprendre ce que les banques d’aujourd’hui peuvent proposer. Le problème, c’est que dans l’ignorance (voire l’obscurantisme ambiant !), on a tendance à stigmatiser le conseiller, à se sentir trahi à la moindre sous-performance, à ne pas oser sortir des sentiers battus, et surtout à ne pas comprendre pourquoi les autres gagnent de l’argent et pas vous !

De façon simple, je vais donc tenter d’éclaircir un peu ce vieux tunnel construit sur les cendres du livrets A et autres Codevi…

Chaque jour, de jeunes talents aux dents longues réfléchissent sur les rouages des marchés financiers afin de pondre le produit miracle qui enrichira la Banque tant vénérée qui l’emploie.

Toutes ces cerveaux qui bouillonnent (souvent motivés par la prochaine Porsche qu’ils vont pouvoir se payer) réussissent parfois à construire des produits vraiment innovants et des stratégies clairement bluffantes !

La gestion alternative en est une !

Comme son nom l’indique, cette nouvelle gestion (pas si nouvelle d’ailleurs) repose sur des stratégies différentes de celles utilisées dans la gestion traditionnelle. Elle permet de diminuer la volatilité et d’augmenter le rendement des portefeuilles classiques.
Son objectif est d’obtenir une performance régulière, détachée des fluctuations des principaux marchés financiers (orientations à la hausse ou la baisse !).

Les stratégies des gestionnaires sont très variées. Elles interviennent sur tous les types de classes d’actifs (actions, obligations….) et procurent ainsi une réduction considérable des risques possibles.
Jusque là réservées à la gestion des propres comptes de la Banque, les Hedge Funds, ces Fonds gérés selon ces méthodes de gestion alternative, ont pour beaucoup “démocratisé” cette nouvelle approche.

Les principaux mécanismes

Ce n’est pas difficile à comprendre : Il s’agit de prendre des positions acheteuses et vendeuses sur des actions susceptibles de s’apprécier (achat) ou de se déprécier (vente).

Une analyse fondamentale permet au gérant de détecter et de se porter acquéreur de valeurs sous-évaluées, mais également de tirer profit des valeurs sur-évaluées en les vendant à découvert.
Cette combinaison génère ainsi des plus-values indépendantes de la direction des marchés !

Il faut savoir que les plus grands gestionnaires ne font pas qu’analyser les bilans annuels des entreprises pour s’en faire une idée, mais partent à la rencontre de leurs directeurs, vont sur le terrain afin de se faire une idée réelle de l’état de l’entreprise cotée. Cette approche s’oppose clairement aux “chartistes” qui ne font qu’étudier les beaux dessins que font les courbes boursières…(je ne suis pas un grand fan de ces approches…)

Un exemple simplifié d’une transaction

La stratégie de pair-trading consiste en l’achat d’une valeur, considérée sous évaluée, et la vente simultanée d’une valeur considérée surévaluée, pour un montant identique.

Généralement, les valeurs sont choisies dans un même secteur d’activité (par exemple Ford et General Motors) et le gérant peut avoir en portefeuille plus d’une centaine de positions.

Création de la position
Achat d ’une valeur X…………………………..1 000 000
Vente à découvert d ’une valeur Y……- 1 000 000
…………………………………………………………___________
Valorisation de la position……………………………….0

- Hypothèse 1
le marché monte de 10%
la valeur X monte plus que le marché (12%)
la valeur Y monte moins que le marché (5%)

dénouement de la position

Valeur X……………………………………………..1 120 000
Valeur Y…………………………………………….- 1 050 000
……………………………………………………….___________
Valorisation de la position………………….70 000 (soit 7 % de X)

- Hypothèse 2
Le marché baisse de 10%
La valeur X baisse moins que le marché (7%)
La valeur Y baisse plus que le marché (12%)

dénouement de la position

Valeur X………………………………………………930 000
Valeur Y…………………………………………….- 880 000
……………………………………………………….._________
Valorisation de la position………………50 000 (soit 5 % de X)

Dans la phase de hausse du marché, la position s’est appréciée de 7 % (soit moins que le marché). La position s’est également appréciée (5 %) dans la phase de baisse du marché. Si l’on admet que la baisse du marché a suivi la phase de hausse, le portefeuille s’est accru d’environ 12 %, contre une évolution du marché d’environ 0 %.

Le portefeuille s’est montré moins volatile que le marché, avec un rendement global sensiblement supérieur!

Autre mécanisme, le “Global Macro”

A partir d’anticipations sur divers agrégats macro-économiques (croissance, niveaux de taux d’intérêt, taux de change, prix des matières premières etc…) le gestionnaire parie sur la direction des marchés en prenant sur chacun une position acheteuse ou vendeuse.

Beaucoup plus spéculative, cette stratégie recherche des performances élevées et des positions souvent “agressives”. Les risques pris sont importants et les performances volatiles.

Attention, ces stratégies alternatives ne sont pas homogènes. A l’intérieur d’un “univers alternatif” se côtoient des approches, des méthodologies, des niveaux de prise de risque totalement différents.

Les avantages par rapport à la gestion traditionnelle

- Le gérant définit son risque en termes de perte en capital, alors que le gérant classique définit son risque par rapport à un indice. De plus le gestionnaire est souvent investi personnellement sur ses propres fonds ce qui est forcément très motivant !

- Le gérant intervient souvent sur plusieurs classes d’actifs (notamment dans les stratégies de type macro), alors que le gérant classique est plus souvent spécialisé sur une seule classe d’actifs.

- Le gérant peut, dans certains cas, utiliser les capacités d’endettement des Fonds pour en améliorer la performance (leverage). Le gérant classique, généralement, doit être, soit investi en titres, soit investi sur le marché monétaire.

Ainsi la gestion alternative fixe ses objectifs sur le couple rendement/risque difficilement applicables dans les stratégies traditionnelles très exposées au marché.

Des inconvénients ?

Je parle davantage de complexité plutôt que d’inconvénients. Certaines stratégies alternatives sont difficiles à comprendre et à suivre : L’évaluation précise des risques, en particulier sur les marchés étrangers (pays émergents par exemple) ou sur des niches, est très complexe et peut être difficile à vérifier.
Aussi, la forte liberté dont bénéficient les gérants alternatifs dans leur processus d’investissements peut entraîner des dérives. Pour éviter cela exigez un minimum de transparence et d’expertise !

Pour conclure

En France, les experts financiers continuent de considérer la gestion alternative comme une stratégie nouvelle, mais elle existe à l’internationale, grâce aux Fonds Hedgés, depuis plus de 15 ans ! Elle a donc largement fait ses preuves !

J’encourage vivement ce type d’investissement en fond de portefeuille pour constituer une alternative valable à des placements obligataires dans le cadre d’une allocation d’actifs équilibrée.

De plus, et pour finir, cela offre des solutions de repli intéressantes quand le marché des actions suscite de la méfiance !

A bon entendeur…


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