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Paso Doble n°99 : Dinde en saucial, servie avec ses marrons

Publié le 20 novembre 2008 par Toreador

A las cinco de la tarde…

Méfie-toi de l’eau qui bout et du peuple qui dort (et vice-versa)

La cote du gouvernement et du président progresse. Les difficultés économiques s’amoncellent. Les victoires diplomatiques semblent avoir relégué au second plan la grogne. Tout se passe comme si le bel hiver 2008 allait être calme.

La France s’ennuie-t-elle ? Toute ? Non. Il existe des poches d’irréductibles gauchistes gaulois qui s’agitent. En fait, tous les ingrédients sont peut-être là pour rééditer la crise de Noël 1995 et son long cortège d’affrontements sociaux.

En premier lieu, évidemment, il y a le calendrier, avec la venue des fêtes, qui est un moment propice pour obtenir des concessions salariales ou statutaires, d’autant que le versement de primes de fin d’année rend plus solide la situation financière des salariés du public (et leur permet de mener une grève « dure »).

Ensuite, sur ce terreau, ajoutons les revendications, dont on voit,  après un an et demi de sarkozysme, qu’elles se « massifient » : les pourcentages de grévistes dans l’Education Nationale sont très élevés, plus de 50%. Or, sans que les thématiques soient liées, ont constate en sus une concomitance des mouvements sociaux (SNCF, Air France, Éducation Nationale), l’absence d’alternative politique à l’UMP (crise du PS) et, enfin, le sentiment d’insécurité qui est en train de gagner les employés du secteur privé, ce qui les rend plus solidaires des craintes exprimées par le public.

Enfin, dernier facteur aggravant – chat échaudé craint l’eau froide – les syndicats ont parfois été roulés dans la farine par le gouvernement et les dindons (de la farce) sont moins prêts à lui faire des concessions. Les boules. Le jeu syndical n’est cependant pas celui du chat et de la souris, mais peut-être celui du chat échaudé et de la grenouille refroidie.

En effet, le gouvernement est comme une grenouille vivante dans une casserole. Faites l’expérience : l’eau commence à bouillir. La température s’échauffe très imperceptiblement, mais la grenouille ne le sent pas.  D’ailleurs, la grenouille finit par mourir sans avoir compris que l’eau, décidément très chaude, l’a ébouillantée.

Il circulait en père peinard, sur la grand mare des canards…

Pour Sarkozy, l’opinion publique en ce moment est un lac, sur lequel la barque des réformes avance. Le grand clash, on l’attendait pour l’année dernière à la même époque, même si je n’étais pas convaincu. J’ai eu raison, il n’est pas venu : les syndicats, hypnotisés par Sarkozy, étaient trop engourdis et trop défaits idéologiquement pour lui contester sa légitimité dans la rue. L’heure était à la réforme. Or, le temps passe : de plus en plus de français y ont goûté, à ces fameuses réformes, et la potion est amère. Plus le désir décroit, plus l’effet se recule…

Alors, faut-il craindre que ce lac tranquille subitement se transforme en mer déchaînée ? Des éléments plaident en sens contraire : compte-tenu des difficultés financières, il serait irrationnel de faire grève aujourd’hui. Certes. En même temps, la révolte est un acte économique : lorsqu’on a plus de chance d’améliorer son quotidien en mettant à bas l’ordre établi, on arrête de supporter le système et on se soulève.

Actuellement, le privé a peur et est mécontent. Le niveau des charges est tel qu’il paralyse toute initiative, au nom d’une solidarité que certains voient comme une injuste répartition des ressources.

Actuellement, le public a peur et est mécontent. La qualité du service public se réduit, des réformes structurelles viennent mettre à bas les atouts de long-terme au nom d’impératifs de court terme, et l’avenir de la fonction publique est soit sombre, soit menacé (notamment dans les entreprises publiques qui pourraient être privatisables).

Actuellement, la Gauche est mécontente : le PS est empoisonné par la trahison de ses éléphants, de ses clercs (obscurs) si je plagiais Julien Benda.

Voilà pourquoi, quand bien même l’explosion sociale n’arriverait pas par la rue, je crains que les prochaines élections européennes ne se transforment une fois de plus en gigantesque défouloir.

décembre 95Grèvesmouvements sociaux

Sujets: Paso Doble | 2 Comments »


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