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Le contresens du fonds "souverain" à la Sarkozy

Publié le 21 novembre 2008 par Pguillery

Guy Sorman dézingue le concept du fonds souverain mis en forme par Sarkozy. Haa, si Mr Sorman soutenait le candidat, il n'aime guère le président. Je suis bien d'accord :

Nicolas Sarkozy trouve dans la crise de quoi satisfaire ses instincts de pouvoir : le Fonds souverain qu’il a créé, quoique géré par la Caisse des dépôts, sera en fait dirigé depuis l’Elysée. Fonds souverain ? Ce que l’on désigne ainsi, ailleurs qu’en France, est un fonds d’investissement à l’étranger alimenté par les excédents de la balance des paiements. Cas de la Norvège, de la Russie ou du Koweit. Mais, en France, où l’économie n’obéit pas aux lois universelles, le Fonds souverain sera financé par nos impôts et notre épargne : pas par nos excédents mais par nos déficits. Au lieu d’investir à l’étranger, il s’introduira dans les entreprises françaises en difficulté. 

Selon quels critères ? Nicolas Sarkozy décidera de ce qui est bon pour la France (l’industrie lourde qu’il aime,  mais pas les services qu’il méprise, alors que ceux-ci emploient plus de salariés). Ces fonds publics octroyés par le souverain aux patrons bien en cours, ce sera autant de moins d’argent libre pour les PME et pour les créateurs d’entreprises nouvelles. À craindre : le Fonds souverain ne sauvera que de l’existant, il gèlera l’innovation.

L’autre fonction affichée de ce Fonds sera de protéger les entreprises cotées en Bourse contre les raids étrangers. Ce protectionnisme boursier affaiblira un peu plus la place de Paris ; il ne pourra que déprimer un peu plus les cours en réduisant le nombre des acheteurs. Ce Bonapartisme économique devrait satisfaire l’ego de nos dirigeants politiques et leur entourage industriel immédiat. En quoi il contribuera à la sortie de la crise ? On ne le voit pas.

À cette initiative étrange s’ajoutera bientôt une « relance par la demande », c’est-à-dire en français courant, des dépenses publiques qui aggraveront le déficit, la dette et les impôts. Par chance, Jean-Claude Trichet depuis son perchoir de Francfort nous protège du  pire qui serait le délire inflationniste. Trichet ? Est-il bien français celui-là ? Sarkozy doit le détester comme Napoléon haïssait Benjamin Constant et sa bande ; l’Empereur les désignait d’un terme méprisant à l’époque, il les appelait « les économistes ». Déjà.

(c) Guy Sorman, source ici


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