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Quand Lille joue le rôle de modèle!

Publié le 11 novembre 2008 par Nellym67

« Si c’était à refaire, je commencerais par la culture » déclara Jean Monnet en parlant certes en premier plan de sa vie, mais également plus subtilement sans doute du projet européen dans sa globalité, qui jusqu'au traité de Maastricht, avait quelque peu négligé cette dimension. Depuis, l'UE qui travaille au dialogue des cultures, vecteur de paix certes, mais aussi de définition d'une identité européenne, cherche encore un peu ses marques, mais on observe une  certaine dynamique (cf. site de la Commission Européenne - Culture).


 

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Promouvoir les activités artistiques des compositeurs, des auteurs, et de tous les acteurs de ce domaine est une des étapes de la valorisation de la culture. Pour cela, il faut des modèles, des références. Lille porte cette ambition depuis des années. En 2004, elle est désignée capitale européenne de la culture, récompense ultime d'un dynamisme et d'une implication de toute une ville, de toute une cité, dans un projet d'envergure, à fortes résonnances transfrontalières. Forts de ce succès, les élus vont profiter de cet élan et de ce souffle pour faire perdurer le rayonnement, et initient "Lille 3000", qui permet - entre autres - à des manifestations de "rencontres de cultures" de voir le jour comme par exemple le rendez-vous 2009 :

"du 14 mars au 12 juillet 2009, Europe XXL autour de l’Europe élargie.
La seconde édition de lille3000 part à la découverte d’une Europe redessinée après la chute du mur de Berlin, et qui aura 20 ans en 2009 : Istanbul, Berlin, Riga, Tallinn, Vilnius, Budapest, Bucarest, Varsovie, Ljubljana, Belgrade, Zagreb, Sarajevo, Moscou..."

Rien d'étonnant donc que le "plan musique", exemplaire, ait trouvé sa place dans cette ville européenne! De quoi s'agit-il? Jean-Louis Agobet m'a fait lire un article à ce sujet, qui rappelle par de nombreux aspects le projet qu'il a proposé à Strasbourg (toujours en attente de réponse, cf texte ici), article tiré de La Lettre du Musicien n° 364.
Pour résumer : en collaboration avec le Conservatoire de musique de Lille, les élus déploient depuis l'année 2005-06 le Plan Musique, qui s'inscrit à la fois dans une démarche dite culturelle, et en même temps dans le cadre du "projet éducatif global" : il s'agit de permettre à tous les enfants (de grande section de maternelle et de toutes les classes du primaire) de bénéficier d'une formation musicale. Pas dans la même optique qu'un cours classique de solfège, qui ne laisse pas toujours les meilleurs souvenirs aux enfants quand ils apprennent un peu trop tôt à lire la musique avant de l'écouter! Il s'agit en fait de travailler "sur l'oralité, l'écoute et la mémoire des sons" en tant que 1er apprentissage de la langue musicale, et de faire le lien vers un éventuel enseignement théorique qui suivra. Les professeurs des écoles présentent le projet de leur classe à une commission, projet à vocation musicale et pédagogique, puis en collaboration avec le conservatoire, ils le mettent en oeuvre avec les éleves, bénéficiant de l'aide d'un intervenant dédié, formé à cette action, qui met tout en oeuvre pour mener à bien ce projet avec l'aide de tous les réseaux culturels locaux (bibliothèques, associations, centres sociaux). Les professeurs peuvent aussi suivre les stages du "contrat local d'éducation artistique" afin d'être encore meilleurs dans le déploiement des projets de leur classe.
 
Moyens : 28 "dumistes" (musiciens intervenants en milieu scolaire) répartis dans les établissements scolaires, 200 projets musicaux déployés par an, le prêt gratuit des instruments de musique pour les élèves. Budget annuel : 753 500 € et un investissement de 40 000 €.
 
Un exemple concret de réussite? : la constitution d'une fanfare dans une école primaire de Lille!
 
Strasbourg a reçu des propositions similaires, par la voix et la plume de Jean-Louis Agobet, répétons-le, mais n'a toujours pas répondu. Nous sommes d'ailleurs aussi en attente ici de la mise en place des Etats généraux de la culture promis par Roland Ries dans son programme de campagne municipale, visant à poursuivre la politique culturelle de l'équipe précédente et à "permettre à tous les Strasbourgeois de se sentir impliqués dans la vie culturelle." (source DNA, février 2008). On va me dire que je suis trop pressée? Je répondrais qu'il y a des élections européennes qui se préparent, une mobilisation des électeurs à prévoir, des débats intéressants à construire pour donner à l'Europe sa vraie place, avec en ligne de mire le débat du positionnement du siège du Parlement... Strasbourg. Une ville qui a la vocation d'être le carrefour de l'Europe, comme l'indiquent fièrement quelques panneaux à l'entrée des autoroutes, doit rayonner par ses initiatives culturelles. Prendre exemple sur des villes-référence qui savent que la culture est un vrai moteur de la construction européenne! Regardons d'un peu plus près en direction de Lille.
 


Créons du lien entre les citoyens européens et l'art, les artistes, les oeuvres et la pratique. L'art ne doit pas être réservé qu'à une certaine élite. Devra-t-on attendre que nos musées et nos opéras soient définitivement désertés pour enfin se réveiller et se rendre compte que l'éducation est le meilleur moment de privilégier cet accès à l'art, et le rendre durable pour un grand nombre de ceux qui bénéficieront de cet enseignement? L'art devient élitiste, ou réservé à une certaine catégorie de la population, alors qu'il a une vocation universelle et désintéressée. Moins les enfants d'aujourd'hui seront éveillés à la sensibilité artistique, plus les adultes de demain vivront sans art... L'art doit prendre sa place dans l'éducation et les projets pédagogiques, avec les encouragements des municipalités, et à terme des conseils généraux. Il en va ... de sa survie. Et il en va de la valeur symbolique de Strasbourg et de toutes les villes observées actuellement en Europe!
 
Je finirai par une phrase bien connue de Tolstoï : "Les grands oeuvres d'art ne sont grandes que parce qu'elles sont accessibles et compréhensibles à tous". 


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