démocratie quand tu nous tiens...!

Le régime politique le plus répandu aujourd'hui est bien entendu celui de la démocratie! Cet état de fait résulte d'une évolution qui a beaucoup accéléré sa vitesse de croissance ces trente dernières années et dépend de l'interaction de très nombreux facteurs (économiques, civiques -associations, syndicats,...-, culturels et bien entendu internationaux). Constat : malgré cet aboutissement souhaité et conduit savamment..., l'indifférence citoyenne demeure. Porque? Sûrement à cause des élites qui ont de nouveau pris possession des lieux, les énarques, les polytechniciens,  les hauts diplômés, tous les experts du régime qui n'ont de contact social que celui entretenu avec leurs pairs, et au loin quelques échos et lamentations de ceux qui ne sont jamais contents quoi qu'on fasse, jamais assez ouverts pour les réformes parce qu'ils n'ont pas une bonne vision globale de la société! Société...? C'est quoi la société? Une organisation de personnes qui ne se ressemblent pas!

Si les dirigeants se ressemblent, les dirigés sont plutôt différents, distincts, par leur mode de vie, leurs habitudes et leurs attentes. Le régime démocratique, que leur apporte-t-il? Le droit de s'exprimer dans les référendums, les scrutins, les débats. Qu'est-ce qu'on en fait? Les élites effectuent quelques compromis puis décident. Mais là, ce n'est plus en tant que têtes de régime, mais en tant que tête de société. Le régime procure les instruments, la société est l'aboutissement de ces compromis. Jusqu'à ce que ces compromis ne répondent plus aux attentes... parce que mal comprises, parce que mal sollicitées. Et paf, révolution, manifs, c'est le bazar... Et les élites n'aiment pas trop le bazar.

Une société est avant tout politique! Donc elle s'organise autour du différent, du conflictuel... Certains préfèrent la communauté, le clan, se retrouver entre semblables... tout en adoptant les meilleurs instruments démocratiques... entre eux. Les autres, on les tolère, mais ailleurs. Ces réflexions font suite au visionnage de l'interview de Pierre Rosanvallon par Mediapart suite à la sortie du livre La Contre-démocratie, et me permettent de dériver et de partir un peu dans du hors-sujet mais pas tant que ça... je reviens un peu au MoDem!

Quelques échanges de mail et lectures de blogs me montrent à quel point les dernières élections internes ont laissé quelques blessures chez les militants, qui aujourd'hui lorsqu'ils ne sont pas majoritaires, tentent malgré tout de faire entendre une voix, un projet, des exigences... mais en reproduisant peut-être certains travers cités plus hauts. Si le fonctionnement démocratique qu'ils revendiquent fort justement en craignant certains possibles abus de pouvoir ou manquements aux fondamentaux pourrait être légitimes, ils oublient peut-être que l'effet-clan n'est pas forcément une réponse, parce que du coup, on ne fait plus de la politique, mais on essaie d'imposer la vision de personnes qui se ressemblent ,à d'autres personnes qui ne ressemblent pas forcément à ce qui lie les membres du clan. Et la démocratie est surtout dans le texte, mais pas dans le parti, cette micro-société dans laquelle on reproduit un schéma : celui des élites qui dirigent, et celui des dirigés qui se "communautarisent"... Risque de dérives fortes, et d'échec, selon moi.

Si l'on n'a pas encore trouvé l'organisation idéale, le travail sur les thèmes de société et les futures échéances ravive l'opportunité de faire vivre les différences à l'intérieur du parti, et celle de leur permettre de s'exprimer à l'intérieur de projets concrets, et pas seulement sur la forme. Vigilance, certes, mais attention aux dérives claniques. En tout cas, partout en France, la tentation est forte...

Pour info, la vidéo dont je parle plus haut est chez Mediapart, pour les abonnés, ici

Quelques citations tirées de cet entretien :

"La démocratie n'est pas simplement une forme d'activité citoyenne.
La démocratie n'est pas simplement un type de régime.
La démocratie n'est pas simplement une forme de gouvernement.
La démocratie est aussi une forme de société."

Le reconnaître, c'est échapper au spectre le l'impolitique!