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La biennale des antiquaires : le culte de l'objet

Publié le 24 novembre 2008 par Matt

Dans le milieu des antiquaires, il est assez rarement question "d'oeuvres d'art". On parle plutôt des "objets d'art" : voici un "bel objet", un "objet rare", un "objet très intéressant, qui a appartenu à"...
A première écoute, ce mot d'objet a quelque chose d'étrange, voire de vulgaire, comme s'il témoignait d'une victoire de l'esprit matérialiste et mercantile sur la notion d'oeuvre d'art. Ce serait le signe de l'emprise du monde des marchands contre l'éthique des conservateurs de musées, qui préfèrent la notion d'oeuvres ou de chefs d'oeuvres.
Il y avait beaucoup d'objets sous la nef du grand palais entre le 17 et le 21 septembre 2008, et compte tenu de la barrière à l'entrée (20 euros) c'est bien le moins que l'on pouvait espérer. C'est au contact de ce milieu que la notion d'objet prend tout son sens : au contraire d'un point de vue bassement matérialiste sur l'art, l'objet souligne la conscience que l'ingéniosité, l'inventivité, la virtuosité s'exercent d'abord et avant tout sur une matière, et que cette matière, elle-même devient chargée d'intentions et d'idées. Les objets sont toujours des signes d'une présence de l'esprit, ils sont chargés de projets, de vie, d'histoire. Leur histoire est même souvent plus longue que la notre, dans la mesure où ils sont le plus souvent ce qui reste des sociétés lorsque tout le reste a disparu. L'objet cristallise une époque, un style, un air du temps, et dans ce beau nom d'objet, on comprend qu'il n'est pas une chose.
Jacques QUINET (1918 - 1992)
Semainier (1969) : laque de Béka rouge et bronze à patine canon de fusil,
Paire de lampadaires (1960) : bronze doré et laque de Béka rouge.
Galerie Olivier Watelet

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