Magazine Humeur

Des élections contestables et contestées…

Publié le 25 novembre 2008 par Kamizole

bush3-caricature.1227589072.jpgCela se passait, souvenez-vous, aux Etats-Unis… Elections présidentielles de 2004 et 2008. Des cartes informatiques (d’un autre âge !) mal perforées et d’autres bulletins subrepticement – et comme par enchantement – envolés… Certains avaient même aperçu des scrutateurs peu scrupuleux en mettre des cartons dans le coffre de leur voiture !

Avouez toutefois que le procédé est nettement moins ridicule que celui utilisé en mars dernier par le président d’un bureau de vote de Perpignan, confondu avec des bulletins dans… ses chaussettes !

La démocratie américaine nous renvoyait une bien piètre image : pendant plusieurs semaines il ne fut plus question que d’interminables recomptages et autres péripéties judiciaires. Ce fut d’ailleurs en dernière instance la Cour Suprême qui trancha… en faveur de Bush mais sans apporter, bien au contraire, la preuve de la légitimité de son élection.

Je craignis longtemps que Barak Obama ne soit victime à son tour de tels procédés mais le raz-de-marée démocrate lui donna la victoire – notamment dans les Etats «clef» - sans qu’il y ait besoin de recompter les suffrages.

Depuis vendredi soir et l’élection au poste de 1er Secrétaire du Parti Socialiste, j’ai la pénible impression de revivre la même chose !

Des résultats qui ne tombent pas, l’incertitude jusqu’à pas d’heure, chaque camp qui tour à tour se proclame vainqueur, pour en définitive apprendre à mon réveil que Martine Aubry l’aurait emporté de 42 voix ! Avec, dans la foulée, «se murmurant un drôle de mot comme… fraudes» !

Que l’image du Parti Socialiste, déjà pas mal écornée par son immobilisme face à la crise et ses querelles picrocholines, n’en sorte pas grandie (le mot est faible !) est d’une désespérante évidence…

Les militant(e)s – de quelque bord qu’ils fussent – en prennent plein la gueule pour pas un rond. L’UMP a beau jeu de se foutre de notre fiole et l’on peut s’attendre à recevoir notre lot de quolibets lors des futures distributions de tracts sur les marchés.

Je conseillerais néanmoins à ces donneurs de leçons (Lefèvbre, Paillet et autres Devedjian…) de se souvenir que leur parti (sous d’autres noms) a déjà pris l’eau de toutes parts sur fond de mésententes graves (quand on perd des élections, c’est toujours la faute de l’autre !) et qu’il conviendrait qu’ils adoptassent un ton moins sarcastique car il est bien connu que l’Histoire procède par grands mouvements de balancier et qu’ils pourraient bien être confrontés à nouveaux à de tels déchirements.

Remarquez que «sarcasme» a la même étymologie que Sarkozy : du grec sarkos – chair – sarkazein signifiant «mordre la chair» ce qui explique sans doute largement ses instincts de cannibale !

Je ne sais ce qui sortira aujourd’hui des travaux définitifs de la commission de «récolement» réunie au siège du Parti Socialiste, rue de Solférino. Les ténors du Parti ne semblent pas désarmer dans le soutien qu’ils apportent à Martine Aubry ou Ségolène Royal, chaque camp s’accusant mutuellement (c’est à l’heure actuelle la seule unité dont ils fassent preuve !) des mêmes turpitudes.

Qu’en est-il exactement ? Ce n’est pas moi qui saurais le dire, n’ayant d’autres sources d’informations que ce que je lis dans la presse et différents sites ou entends à la radio. Que certains aient pu constater des erreurs – intentionnelles ou non – ne fait néanmoins aucun doute si j’en crois notamment un article du Monde.fr lu ce matin.

Crise au PS : le camp Royal durcit le ton
LEMONDE.FR | 24.11.08 ©
Des élections contestables et contestées…

Dire qu’aujourd’hui j’ai «mal à mon P.S.» relève du pur euphémisme !

Qu’elles soient le fait des partisans de Martine Aubry ou de Ségolène Royal, de telles pratiques sont absolument contestables. La démocratie interne ne doit pas être un vain mot, sauf à discréditer totalement le Parti socialiste : comment pourrait-il ensuite prétendre conduire – démocratiquement - les affaires de la France sans être capable de la nécessaire «transparence» en interne ?

Je ne vois donc guère d’autre solution que de faire revoter dans les fédérations et/ou les sections où les résultats du scrutin du 21 novembre sont contestés. Et que ce ne soit surtout pas fait à la légère !

Des observateurs neutres et des représentants des deux candidates devraient étudier soigneusement les listes (vérifier si les adhérents ne sont pas «de la dernière pluie» et bien à jour de leurs cotisations pour éviter un fort détestable «bourrage des urnes» contraire aux statuts du P.S. il faut en effet avoir adhéré depuis au moins un an pour avoir droit de participer aux élections internes), assister aux opérations de vote comme de dépouillement et vérifier la conformité des résultats enregistrés en section avec ceux qui sont transmis et compabilisés dans les fédérations. Puisqu’il semble bien qu’il y ait eu des distorsions à ce niveau.

Quel que soit le résultat définitif, quid de l’avenir du Parti Socialiste ?

Je lis beaucoup de choses, tout et son contraire. Le P.S. implosera-t-il ? Y aura-t-il scission ? et quelque fût la prochaine 1er Secrétaire serait-il encore gouvernable ?

Il faudrait à l’évidence que Martine Aubry et Ségolène Royal puissent s’entendre et oeuvrent à rassembler les militant(e)s tout courants confondus, ce qui ne semble pas du tout à l’ordre du jour.

Incontestablement, ce conflit de personnes laissera des plaies béantes tant chez les militant(e)s que dans les instances du Parti Socialistes, au niveau national comme fédéral, sans oublier certaines sections.

Je ne pense pas que Martine Aubry soit une «rassembleuse». Elle commence bien mal, d’après ce que je viens de lire, en tentant de «débaucher» Vincent Peillon !

“Peillon a refusé de rejoindre l’équipe Aubry”
LEMONDE.FR | 24.11.08 ©
Des élections contestables et contestées…

Je ne pense pas que Vincent Peillon, soutien indéfectible de Ségolène Royal soit un homme «donneur» mais bien plutôt un «homme d’honneur» et il m’étonnerait fort qu’il tourne casaque à la moindre difficulté (j’aurais bonne mine si cela se produit !).

Si l’on devait trouver une échappatoire honorable dans ce conflit de personnes qui sape le P.S. et désigner un autre 1er Secrétaire ayant pour vocation de «recoller» les morceaux (si c’est encore possible) plutôt que de «récoler» les votes, il me semble bien que Vincent Peillon pourrait être le véritable «rassembleur» qui fait aujourd’hui tant défaut : «the rigth man at the rigth place».

On peut lui prédire un brillant avenir. Comme son prestigieux aîné – Jean Jaurès – il fut prof de philo et semble doté de la même rigueur morale et intellectuelle.


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