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Sauce qui peut

Publié le 25 novembre 2008 par Cyrilboyer

Reste encore la question "dessus" ou "à côté"


J’aime bien taquiner les Belges en leur faisant remarquer que si leur pays était vraiment celui de la frite, les Américains n’appelleraient pas cela French Fries. Ils sont juste le pays de la Fricadelle, du Mexicanos et du Pouli’croc. En fait, il faut reconnaître que, quelle que soit leur nationalité, c’est bien du côté des Wallons et des Flamands qu’on les prépare le mieux. Bien grosses, bien grasses, bien salées et, surtout, frites 2 fois (et pas « une fois » comme on aurait pu s’y attendre).
Enfin, il y a quand même une chose qui me chiffonne, un peu comme une belle voiture dans une couleur immonde ou un beau cadeau mal emballé : c’est la sauce qu'ils rajoutent tous, comme si la frite ne se suffisait pas à elle-même. Enfin, quand je dis « la » sauce, c’est le même abus de langage que quand je généralise à « la » frite. Tout le monde (au plat pays en tout cas) sait que les frites n’ont pas le même goût à Gouvy qu’à Trois Ponts et que, même au sein d’une ville, la qualité est loin d’être constante.
Pour la sauce, c’est un peu différent, car il est bien rare que les friteries fabriquent eux-mêmes leur sauce. Le choix se pratique donc entre les différentes sortes de sauces, alignées devant le comptoir, certains poussant le vice jusqu’à en commander plusieurs qu’ils mélangent plus ou moins :

  • Mayonnaise : l'incontournable, et la base de nombreux dérivés. Une frite sans mayo c’est un peu comme Knokke sans le Zoute, Philippe sans Mathilde, le ring sans file, Tintin sans Milou ou une bière sans mousse.

  • Ketchup : c’est possible, c’est pas glorieux, mais c’est possible. Avec ou sans curry. Comme pour la moutarde, d'ailleurs.

  • Cocktail : vous mélangez les deux précédentes, comme au Restau U quand vous tentiez de rompre la monotonie du cordon bleu + frites par tous les moyens à l’exclusion du brocoli. En théorie, vous ajoutez aussi une goutte de whisky ou de cognac et un peu de sauce Worcester ; en pratique vous pressez simplement sur la pompe Devos Lemmens.

  • Américaine : je doute que les fritkot préparent la recette traditionnelle. Ca doit plutôt ressembler à mayonnaise + soupe de poisson concentrée, épices, gélifiants et conservateurs.

  • Béarnaise : là encore, n’espérez pas trop la véritable sauce émulsionnée chaude mais la basique mayonnaise + colorant jaune + herbes sortie du pot de 5 litres.

  • Curry : mayonnaise + curry (l'Inde vue de Bruxelles)

  • Tartare : mayonnaise + oignons et persil (la Mongolie vue de Bruxelles)

  • Aïoli : mayonnaise + ail (Pagnol vu de Bruxelles)
  • Andalouse : mayonnaise + tomates + piments (Séville vue de Bruxelles)

  • Samouraï : mayonnaise + tomates + beaucoup de piments (le Japon vu de Bruxelles)

  • Mammouth : mayonnaise rougeâtre et épicée, quelque part autour de la l’andalouse et de la samouraï

  • Lapin : pas de mayonnaise dans cette sauce. Une bonne affaire en terme de calories ? Ne vous réjouissez pas trop vite, elle est remplacée par du sirop de liège, épais mélange de pommes, poires et dattes (et quelques kilos de sucre). Cette sauce peut avoir été préparée maison.

  • Barbecue : ketchup + oignons + moutarde + matière grasse et sans doute d’autres ingrédients peu avouables

  • Pommes frites sauce : faites demi-tour, vous êtes chez Mc Do

Pour ma part, j’avoue que la nécessité de noyer du gras solide et chaud dans du gras liquide et froid m’échappe un peu. Aux Luxembourgeois aussi, visiblement, puisque c’est de compote de pommes qu’ils arrosent leurs Gromperekichelcher.


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