Ces détails qui ont leur importance

Je trouve cette personne amusante. Elle est complaisante. Quand, avec son petit chat, elle nous parle, dans la gorge, sa voix est rigolote. Adorable. La Terre collectionnerait milles interminables étreintes avec elle. Ses cheveux attentifs aux vagues et la bise de son parfum aux couleurs de nivôse nous glissent tendrement à l’oreille son prénom. Ses yeux d’olivier rêveur, une petite main aux doigts boudinés devant ses lèvres rosacées, elle murmure qu’elle veut s’en aller goûter parce qu’elle a faim depuis une éternité. Elle mordille légèrement le bout de son pouce. Elle l’engloutit sans réserve, elle le croque, il craque ; maintenant c’est son poing tout entier qui crépite et qui casse dans la mâchoire qui se fâche, elle s’étouffe. Personne n’y prête attention. Elle sourit. Il ne s’est rien passé.

Elle s’applique pour répondre à la question que le professeur lui a posée entre temps. Elle y parvient avec brio. Une fois la menace repartie, les mots volent de nouveau, sous le ciel et la pluie, sous le beau temps ; ces mots bataillent au coin de la bouche, le sourire en quête de raison. On se pavane et on joue. Elle lance une gomme à brûle-pourpoint sur la face d’Éole. Elle éclate de rire en silence puis s’excuse de la main.

Je vois sa petite main. Je lorgne ses petits doigts. Je fronce les sourcils et plisse les yeux. C’est la fin de la séance, je quitte la salle sur la pointe des pieds, emportant avec moi la pénible vision des morceaux d’ongles, triturés, vissés aux mains d’une rosière.