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Factices rêveries...

Par Ephemerveille

L’an passé, à la suite de la sortie d’Odette Toulemonde et autres histoires, Eric-Emmanuel Schmitt a commis un deuxième recueil de nouvelles, La rêveuse d’Ostende, dans la foulée du succès de son premier essai fructueux avec la forme courte.

Si les nouvelles d’Odette Toulemonde étaient toutes reliées par le fait qu’il s’agissait pour chacune de faire un portrait féminin, la ligne directrice de celles de La rêveuse d’Ostende est moins explicite. Comme un pot-pourri de quelques courts écrits sommeillant dans les

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tiroirs de l’auteurs, elles forment ce recueil fort peu homogène dont on se permettra quelques critiques, tant cet opus s’écarte (négativement) de l’œuvre de Schmitt.

La première et plus longue nouvelle, qui donne son titre au recueil, commence pourtant bien. Un écrivain parisien, le narrateur, désire s'isoler pour se remettre d’une rupture et décide de passer quelques jours à Ostende, où il loue une chambre d’hôte dans la maison d’une certaine Emma Van A. Comme souvent chez Schmitt, on reconnaît les traits de l’auteur dans le personnage, ses humeurs, et on s’en réjouit. L’intrigue de la nouvelle se concentre autour de la vie de cette Emma Van A., femme ravagée par le temps, paralysée dans son fauteuil roulant, et qui passe ses journées dans ses lectures classiques et la contemplation, derrière sa fenêtre, de la plage d’Ostende.

Attisant habilement la curiosité de son lecteur, Schmitt ne livre le secret d’Emma Van A. qu'après avoir fait planer le doute avec astuce, qu’elle confie finalement à son écrivain de pensionnaire. Mais quelques incohérences entraînent les doutes du narrateur. So what ? se dira le lecteur… Si la chute de Schmitt n’est pas mal trouvée, elle ouvre le bal des douces absurdités de ce recueil.

Des histoires incongrues, qui, faisant néanmoins hésiter le lecteur entre rêverie, fantasme et hallucination, portent toutes un parfum de désuétude qui, si elle est charmante, jure avec ces sujets au décors très "actuel". Eric-Emmanuel Schmitt, dont le style quelque peu ampoulé et souvent inapproprié traverse trop ostensiblement ce livre, ne parvient pas à conférer à ses nouvelles leur authenticité propre. Au fond, la plume fort reconnaissable de Schmitt est le seul lien tissé entre elles. A force de vouloir à tout prix donner à chaque parcelle de réalité sa petite musique poétique, son petit brin de rêve, l’invraisemblable prime et fait dangereusement glisser le livre au rang des ouvrages qualifiés péjorativement de « lectures faciles ». Dommage.


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