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ReSound Azure: L'Audition Naturelle - 3ème Partie

Publié le 18 janvier 2008 par Cs

LA DIRECTIONNALITE EST-ELLE LA SOLUTION?  

A travers l’histoire des aides auditives, le développement de ces dernières s’est concentré sur l’amélioration des difficultés de perception dues aux dommages périphériques du système auditif. La manifestation de ces difficultés de perception pour beaucoup de malentendants est une réduction de la compréhension de la parole, particulièrement en présence d’un fond sonore (bruit de fond).

Il a été démontré que l’utilisation des microphones directionnels améliorait le rapport signal/bruit (SNR) – et donc la reconnaissance de la parole – dans de nombreuses études conduites en laboratoire (NIELSEN, 1973 ; VALENTE et al, 1995 ; WOUTERS et al, 1999 ; PUMFORD et al, 2000 ; WALDEN et al, 2000) avec un bénéfice directionnel, rapporté dans ces études, allant de 3.27 dB (PUMFORD et al, 2000) à 8.5 dB (VALENTE et al, 1995). Des résultats aussi convainquant que ceux-ci ont constitué la base de la promotion des microphones directionnels en tant que solution prouvée pour les plaintes liées à l’audition dans le bruit. Grâce à de telles améliorations du rapport signal/bruit (S/B) , on peut penser que les difficultés que les malentendants rencontrent dans le bruit sont résolues. Le sont-elles ? De plus, de nombreuses aides auditives proposent l’option de basculer manuellement d’un mode omnidirectionnel à directionnel, et donc de permettre la configuration microphonique optimale dans les situations où le signal qui intéresse le malentendant n’est pas face de lui. Comme nous avons pu le discuter plutôt, cependant, l’intelligibilité de la parole dans le bruit améliorée n’est pas la garantie d’une utilisation satisfaisante de ses aides auditives. CORD et al (2004) ont continué à travailler spécifiquement sur la satisfaction, mais n’ont pas trouvé de lien entre le succès d’un appareillage directionnel et le bénéfice directionnel mesuré en laboratoire. Une autre raison ne permettant pas d’affirmer que la directionnalité assure un appareillage réussi et satisfaisant est liée au bénéfice directionnel dans la vie réelle de tout les jours, en opposition aux conditions « contrôlées » du laboratoire de recherche. En effet, des études assez anciennes comme celle de NIELSEN (1973) n’ont pas établie les mêmes bénéfices saisissants de la directionnalité dans la vie réelle que ceux relevés en laboratoires. Une des raisons de ce désaccord est que les caractéristiques de l’environnement affectent significativement le bénéfice directionnel. Celui-ci sera le plus important dans une chambre anéchoïque et diminuera en fonction de l’augmentation de la réverbération (MADISON et HAWKINS, 1983 ; HAWKINS et YACULLO, 1984 ; RICKETTS et HORNSBY, 2003). D’autres facteurs liés à l’environnement physique comprennent la localisation de la source de bruit, la séparation du bruit et du signal, et la distance par rapport au signal (AMLANI, 2001).

En complément des aspects acoustiques mentionnés ci-dessus, WALDEN et al (2000) ont suggéré de nombreux aspects individuels pouvant intervenir dans l’incohérence observée entre le bénéfice significatif directionnel mesuré en laboratoire et le bénéfice mesuré par le malentendant dans sa vie de tous les jours. Il y a 2 points à tenir en considération :

  1. D’abord, le malentendant peut ne pas avoir appris à basculer en directionnel durant la période d’essais. Une utilisation appropriée du programme directionnel nécessite que le malentendant analyse et reconnaisse les situations dans lesquelles la directionnalité pourrait être avantageuse, qu’il sache l’activer, et même qu’ils sachent manipuler son environnement afin de maximiser l’avantage directionnel. Ajoutons que les malentendants doivent rencontrer ces situations de vie réelle dans lesquelles ils peuvent potentiellement tirer profit de la directionnalité. Par exemple, les individus qui portent seulement leurs aides auditives dans des environnements présentant des rapports S/B très favorables ne percevront probablement pas de bénéfices en mode directionnel.
  2. Enfin, la directionnalité présente le potentiel pour interférer avec la capacité de l’être humain de maintenir son attention sur l’environnement d’écoute et de basculer son attention sur une autre source sonore de son environnement.

Suite à cette réflexion, on peut penser que de nombreux utilisateurs d’aides auditives présentant un programme omnidirectionnel ET un programme directionnel ne profitent pas ce dernier. CORD et al (2002) se sont entretenus avec 112 patients appareillés avec ce type d’aide auditive depuis au moins 6 mois et ont trouvé que plus de 1/3 d’entre eux ne basculait pas d’un mode à l’autre. Parmi les raisons invoquées, la méconnaissance du moment opportun pour basculer en directionnel, l’absence de bénéfice ressenti en mode directionnel dans des environnements bruyants ainsi que les difficultés liés à la manipulation pour changer de programme. Les participants à cette étude ayant changé de programme ont passé approximativement ¼ de leur temps en mode directionnel. Les situations dans lesquelles le mode directionnel était le plus utile furent celles où l’environnement était bruyant et où le signal qui intéressait l’utilisateur était en face et relativement près de lui. L’influence de ces caractéristiques sur le choix du mode fut corroborée par SURR et al (2002), où étaient appareillés 11 patients avec des appareils où le mode directionnel était sélectionnable manuellement. Les testeurs ont également demandé aux patients de conserver un journal décrivant les situations dans lesquelles le mode directionnel était préféré. Dans une étude de suivi, WALDEN et al (2004) ont révélé que les patients adultes passaient le plus clair de leur temps dans des situations acoustiques difficiles et ont confirmé les études précédentes qui tendent à lier les caractéristiques physiques de l’environnement aux préférences microphoniques. Ils suggèrent donc que le fait de connaître 3 caractéristiques de l’environnement, c'est à dire la localisation du signal (interlocuteur), la distance avec ce dernier et la présence ou l’absence de bruit de fond, permettrait d’adapter le mode (direct ou omnidirectionnel) de façon optimale pour les situations d’écoute de la vie de tous les jours du patient. Une implication technologique importante est que les aides auditives qui peuvent caractériser précisément l’environnement acoustique devraient également être capable de sélectionner le mode microphonique optimal.

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