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Quand des New-yorkais retrouvent le sexe de l’art

Publié le 03 décembre 2008 par Ttiger

Si un modèle, pointant ses longues jambes vers le ciel, commence à susciter des commentaires qui sortent du domaine artistique et bifurquent vers la concupiscence, s’agit-il encore d’un cours de dessin ordinaire?Pour une trentaine de New-yorkais réunis pour une séance de Dr Sketchy (Dr Crobard), une «anti-école d’art» autoproclamée, qui a propagé à travers la planète son désir de retourner aux origines bohèmes de l’art, la réponse est clairement oui.

«Parfois, cela fait du bien d’être attiré par ce que l’on dessine, et ici c’est clairement le cas», clame ainsi Maria Hooper, 28 ans, en croquant son modèle, une fétichiste connue sous le nom de Mosh.

Les cours de dessin classiques font appel à des modèles nus, mais dans une atmosphère généralement neutre et silencieuse. Chez Dr Sketchy, c’est tout le contraire: lors d’une séance organisée le week-end dernier à New York, les artistes buvaient des cocktails et laissaient glisser leur plume au son du rock ‘n’ roll. La scène se déroulait dans un bar néo-burlesque, mouvement artistique inspiré des cabarets, baptisé Slipper Room.

Le fait que Mosh ne soit pas nue, mais plutôt vêtue d’une robe ultra moulante et très courte, d’une petite culotte noire minuscule et de talons vertigineux, ne semblait qu’ajouter à l’excitation.

«Je suis impatiente de voir les autres tenues qu’elle va porter», glissait Maria Hooper, costumière de théâtre.

L’idée de ces ateliers du Dr Sketchy est née dans le cerveau de Molly Crabapple, illustratrice à succès de 25 ans, qui voulait insuffler de la vie dans ce que les artistes décrivent souvent comme des scènes statiques.

Il existe désormais une douzaine de Dr Sketchy au-delà des Etats-Unis, de Glasgow à Singapour, en passant par Tokyo.

Tous utilisent la même formule: boissons corsées, atmosphère branchée, et modèles de style néo-burlesque; un cocktail détonant qui semble faire mouche à tous les coups.

Au Slipper Room, les croqueurs amateurs devaient débourser 10 à 12 dollars pour pouvoir dessiner Mosh, sur une estrade minuscule entourée d’un cadre dorée et de lourds rideaux.

Après plus de trois heures de pose, le modèle prenait des poses de plus en plus extravagantes, faisant la moue au public ou accentuant son regard mélancolique à travers sa longue frange blond platine.

«Dr Sketchy a un côté théâtral. C’est toute une histoire», explique Monica Hunken, 27 ans, une actrice qui utilise de l’aquarelle pour peindre une délicate version de la poseuse fétichiste.

«C’est très dynamique parce que les costumes et les modèles sont souvent des danseurs ou des artistes qui font des performances et donc ils ont des corps très dynamiques», a-t-elle ajouté.

La jeune femme, vêtue d’une robe courte qui révèle le haut de ses bas colorés, n’a rien contre les cours de dessin classiques, mais elle juge cette «anti-école d’art» plus pimentée.

«Il y a un contexte en plus. Cela stimule l’imagination», dit-elle.

Molly Crabapple affirme que son idéal artistique est le romantisme et le côté bohème incarné par le peintre français du XIXe Toulouse-Lautrec.

Avec cela en tête, elle encourage le «dessin-enivré», les blagues graveleuses et les comportements excentriques. Et elle veut des modèles qui soient des «bêtes de foire, des rockeuses, des amazones, ou des fétichistes».

«Chez Dr Sketchy, tout le monde est un artiste sérieux, mais c’est une façon d’entrer dans un monde fantastique, une version passée de ce qu’être artiste pouvait vouloir dire», explique Molly Crabapple.
Mosh
Quand des New-yorkais retrouvent le sexe de l’art
Source : AFP


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