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[PC] Sanitarium

Publié le 08 décembre 2008 par Gameup

Récemment, alors que je m’extasiais devant l’impressionnante collection de oldies de mon inénarrable ami Raton-Laveur, je tombai sur le boîtier d’un jeu vidéo que j’étais persuadée d’être la seule à connaître dans ce coin de la galaxie. La seule ? Pas vraiment puisque j’avais forcé tous mes meilleurs amis à découvrir le soft, ce qui m’avait à chaque fois valu de chaleureux remerciements, mais quand-même, j’étais frustrée en permanence de constater combien ce chef-d’œuvre (ça y est, le terme est lancé) était resté dans l’ombre des grands noms du point&click.
Il faut dire qu’à l’époque de la sortie de Sanitarium, en 1998 si j’en crois mon livret, le genre subit un déclin qui semble alors inexorable malgré la sortie concomitante du dernier hit des pros de Lucas Arts, l’excellentissime Grim Fandango. Le jeu, distribué par ASC Games, fera donc parler les derniers amateurs de combinaisons d’objets et d’énigmes tordues, il sera même encensé par la presse spécialisée encore très active (gloire à toi, Gen4 PC, qui m’a permis de découvrir ce jeu fabuleux !), mais le point&click appartient désormais au passé devant l’essor des nouveaux genres plus dynamiques et moins prises de tête. Alors oui, c’est grâce à cela que j’ai pu dénicher le jeu à 15F même pas un an après sa sortie, mais ça ne suffit pas à apaiser ma douleur de voir ce jeu méconnu du grand public.

*file se changer dans la cabine téléphonique la plus proche*

Heureusement, Super Mellorine est là pour corriger les injustices du monde vidéo-ludique ! Et sans plus tarder, je vais tellement vous gonfler avec mes superlatifs à l’adresse de Sanitarium que vous allez y jouer rien que pour me détromper, et que mon piège démoniaque se refermera sur vous (même un super-héros doit parfois recourir à la manière forte) !!!


Synopsis

Il est tard et l’orage gronde lorsqu’un homme sort d’un bâtiment en direction de sa voiture. A l’interlocuteur auquel il s’adresse depuis son téléphone portable, il parle de travaux en cours, il dit qu’il a trouvé la réponse, enfin. Il en dira plus une fois rentré à la maison, et raccroche. Mais l’averse fait rage, la chaussée est glissante, les freins ne répondent plus, et un éclair s’abat au loin, montrant dans un flash de lumière blafarde la voiture bleue quitter la route de la falaise non loin d’un manoir sombre et effrayant.
Lorsque l’homme se réveille, il est couvert de bandages, amnésique, et surtout, il est interné dans un hôpital psychiatrique des plus glauques où il apprend qu’il est soigné par le Docteur Morgan depuis un certain temps. Dès lors, il n’aura de cesse d’essayer d’échapper à cette prison et de retrouver ses souvenirs, à moins que ces deux quêtes ne soient pas si distinctes…


Sur gameup on pense même à ceux qui ne savent pas lire !

Une critique spoiler-free (parce que vous le valez bien)

Je ne peux décemment pas en dire plus sans dévoiler l’essence même de l’intrigue, ce qui constituerait un crime impardonnable étant donné le génie du scénario de ce jeu. Et là je me rends compte que j’ai fait une connerie monumentale en écrivant sur un jeu dont le principal atout est d’avoir une histoire en béton bourrée de mystères dont on ne comprend le véritable sens qu’au cours de la dernière minute de jeu. J’aurais pu choisir un jeu moyen, avec un héros fort et courageux qui doit sauver le monde depuis la première cinématique, mais non, il a fallu que je me la pète avec mon chef-d’œuvre scénaristique tiré des oubliettes vidéo-ludiques… j’vous jure…

Notre héros donc, que l’on appelera Max pour plus de clarté, et aussi parce que c’est son prénom, va partir à la recherche de sa mémoire perdue ; et là je vois une lueur de dédain dans votre regard dubitatif. Vous aussi vous trouvez que les développeurs de jeux vidéo se foutent un peu de notre gueule en nous ressortant sans arrêt des histoires d’amnésie complètement surfaites censées justifier la bêtise du personnage et faciliter l’immersion, n’est-ce pas ? Un autre exemple : lisez mon précédent test sur Lost Odyssey, où le héros est lui aussi amnésique… on finit par se demander si l’amnésie n’est pas aussi contagieuse que la bonne grosse gastro d’octobre (mais en plus classe).

Si vous croyez que Sanitarium mange de ce pain-là, je vous arrête tout de suite. Ce jeu ne se sert pas de l’amnésie, ce jeu traite de l’amnésie. Max va explorer les arcanes de sa mémoire au cours des neuf chapitres du jeu, tous plus dérangeants les uns que les autres. Il y a cet asile putride où les aliénés tiennent des discours absurdes lorsqu’ils ne se frappent pas la tête contre les murs sanglants, et puis il y a la ville de Genet dont tous les enfants, à moitié végétaux, présentent des difformités monstrueuses, sans parler du cirque grotesque isolé sur une île entourée de cadavres boursouflés flottants au grès des vagues.

Vous l’aurez compris : le soft se déroule dans un univers glauquissime à souhait qui n’a absolument rien à envier aux survival horrors les plus gores, j’irais même jusqu’à affirmer qu’aucun jeu n’a pour l’instant réussi à surpasser l’horreur psychologique instillée par Sanitarium. Ça ne prouve rien, et ça fait même plutôt rigoler, mais Familles de France avait fait interdire le jeu quelques jours après sa sortie, parce qu’il fallait soi-disant y jouer à déterrer des cadavres d’enfants. Et bien que ce ne soit pas le but du jeu, il y a effectivement une quête qui impose de profaner une tombe : ça vous donne une idée de l’aspect résolument malsain (et donc parfaitement jouissif) du soft !

Le fou qui se cogne la tête contre le mur… il manque juste le bruitage bien gore !

Mais encore ?

Malgré mon désir de ne pas spoiler, j’en ai déjà trop dit, alors parlons un peu des qualités techniques du jeu. Les graphismes tout à fait respectables n’ont pas trop mal vieilli même si l’animation est molle et l’était déjà à l’époque de sa sortie. Les textures sont toujours aussi belles, la 3D embryonnaire bien maîtrisée et nombreux sont les petits détails cachés qui font de cette expérience un délectable cauchemar. Spéciale dédicace à Raton qui reste traumatisé par le niveau graphiquement le plus étrange appelé La Demeure, où l’on arpente une maison en 2D aplatie (ceci n’est pas un pléonasme) : déroutement garanti.

L’interface de dialogue par mot-clef, classique et efficace.

L’ambiance sonore est elle aussi très réussie, effrayante à souhait comme en témoignent la voix éthérée de l’interface ou le thème du jeu qui met en scène un piano mystérieux tâchant de faire entendre ses accords au milieu du rire maléfique des clowns et des monstres (d’ailleurs je recherche l’OST du jeu depuis 10 ans donc faites-moi signe si vous savez où la trouver). Un bémol cependant pour la version française, qui bénéficie d’un doublage intégral pas toujours très convainquant. Si Max s’en sort plutôt bien, les personnages secondaires sont parfois plus ridicules qu’ils ne devraient… comme d’hab, j’ai envie de dire.


Le thème musical du jeu agrémenté de quelques images.

Concernant le gameplay, je l’ai dit, on est dans le point&click le plus pur : clic droit et clic gauche sont tout ce dont vous aurez besoin pour réaliser cette aventure aux énigmes plutôt simples et à la durée de vie assez courte. Une dizaine d’heure devraient être largement suffisantes pour arriver au bout de Sanitarium la première fois, mais le scénario étant ce qu’il est, il est nécessaire de refaire le jeu pour en saisir toutes les subtilités sans que ce soit lourd.

Le jeu s’offre même quelques scènes d’action, hélas peu confortables car Max marche très lentement…

Je pourrais en faire des tonnes supplémentaires puisque je parle d’un jeu que je considère culte et sans défaut, mais il faut savoir s’arrêter avant de trop en dire. Retenez juste une chose : si vous adorez les ambiances sordides, délirantes et les réalisations sans faille, si vous aimez les énigmes assez intelligentes pour faire réfléchir mais pas assez absurdes pour contraindre l’utilisation de la soluce, et surtout si vous vous plaignez sans arrêt, comme moi, de l’inconsistance des scénarii de jeux,  tâchez de mettre la main sur cette oeuvre d’art oubliée. Son boîtier la qualifie fort judicieusement de voyage aux tréfonds de l’être pour affronter les démons du passé et échapper à la prison de l’esprit. Tout un programme.


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