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Banderille n°271 : Petit pont massacreur* au Sénat

Publié le 08 décembre 2008 par Toreador

Marini : shaken but not stirred !

Etrange fiasco que celui de Philippe Marini avec son amendement permettant de déduire jusqu’à 10 000 € de moins-values fiscales des revenus 2009. Ce matin, le rapporteur, fort du passage victorieux en Commission des finances, assurait que cet amendement était tourné vers les classes moyennes. Devant la volée de bois vert conjuguée du gouvernement, du P.S, et des médias, la bataille de Marini s’est transformée en défaite de Pavie.

Sur le fond, l’amendement Marini paraissait un peu louche mais, techniquement il n »y avait rien à redire. Préparé, selon les dires de la socialiste (sic) Nicole Bricq, par les services de Bercy, on ne peut pas dire qu’il aurait véritablement aidé les gros porteurs. Avec une baisse de quarante et quelques pour cent en un an de la valeur des titres, 10 000 euros de pertes sur 25 000 de cession, ce ne sont pas les contribuables à l’ISF qui auraient sablé le champagne. Honnêtement, il y a parfois des gens obligés de liquider à la va-vite un portefeuille de titres et qui auraient bénéficié de cette mesure.

Banderille n°271 : Petit pont massacreur* au Sénat

Sans doute cependant l’amendement était-il trop large, avec un coût prévisionnel sous-estimé (10-20 millions d’euros soit … 2 000 personnes atteignant la barre supérieure, et non 10 000 à 15 000 personnes comme prétend Karoutchi). Imaginons un million de français concernés, et le coffre des finances explosait. Enfin, même si je pense que cela aurait eu un impact psychologique, il faut reconnaître que la mesure paraissait surtout profiter aux mauvais investisseurs.

Fête de Aïd au Sénat (Marini en broche)

C’est en réalité politiquement qu’il y a un message codé. Premièrement, Marini paye son tour de piste au Sénat contre Larcher – l’UMP lui a fait payer cher. Ensuite, on notera qu’avant même que Hamon s’écrie au scandale, le MEDEF et le gouvernement avaient déjà intériorisé l’argumentaire du PS.

Ceci prouve que la Bourse est devenue un tabou politique, le royaume du stupre, de la fornication, et de la corruption. La France, qui n’a jamais aimé la finance, peut s’en donner à coeur joie dans sa grande détestation. Tout le monde invoque le Travailleur qui comme on le sait n’est pas le Spéculateur. Que le gouvernement ait retourné sa veste et que Lagarde puisse même se payer le luxe de clouer au pilori la proposition en invoquant de sacro-saints principes fiscaux que par le passé Sarkozy a allègrement écrasé, ceci dépasse le cynisme habituel. Même Karoutchi a reconnu que la mesure avait été avalisée ex ante par Bercy !

En bref, on regrettera qu’au débat se soient substituées les imprécations des uns et des autres. Le rationnel n’est plus à l’ordre du jour, lorsque les socialistes comme Hamon, les libéraux comme Parisot, les gaullistes comme Dupont-Aignant , et les sarkozystes comme Fillon parlent d’une seule voix et mitraillent de concert sans viser…

* Jeu dangereux actuellement en vogue dans les cours de récréation : l’élève qui a le malheur d’être choisi par ses pairs doit se trouver jambes écartées et laisser passer un objet : balle, cannette, etc.,…  En cas d’échec, il se voit immédiatement entouré d’une bande d’enfants qui se précipitent sur lui, le jettent à terre et le bourrent de coups de pieds et de poings.
AïdamendementBourseirrationnelMarinispéculationSymbole

Sujets: Banderille, Toréador critique la Droite, Toréador critique la Gauche | 13 Comments »


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