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Le rendez-vous. (I)

Publié le 10 décembre 2008 par Doma

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L’homme, dans la salle d’attente en sous-sol, est prévenu: le Professeur aura du retard.

Il est six heures quarante-cinq. Quatre personnes attendent déjà mais il ne sait pas encore que trois appareils sont à l’œuvre, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Il se dit qu’il aurait dû prendre un livre, puis non, finalement. Assis, il n’a pas quitté ses vêtements et se sent bien, à ne penser à rien, dans un silence tranquille et une chaleur agréable. Il n’a pas vraiment quitté son lit, malgré le voyage en train.

Le Professeur est arrivé. Souriant, il se dirige vers l’homme assis et lui serre la main, lui demande s’il va bien. Puis il lui propose de suivre une très grande et très jeune femme ( vêtue de blanc ) qui le dirige vers une cabine, et lui dit les instructions habituelles: se déshabiller ( sauf le « slip » ) enfiler une combinaison de papier bleue et des chaussons en plastique blancs, introduire dans les oreilles des bouchons de mousse verts. Mais il peut « prendre son temps », le Professeur doit « finir » une patiente et cela prendra « cinq, dix minutes ». Dans ces conditions, il ne fait que pendre son pardessus à la double patère, enlever ses chaussures et vérifier que son portable n’a plus aucune réception. Ah! si… une barre. Il envoie un sms furtivement, comme s’il était en faute. Puis il attend, assis à nouveau.

Une autre femme, moins jeune, ouvre la seconde porte après quelque temps, attend qu’il termine son équipement et lui demande de laisser ses lunettes. A partir de ce moment il est vraiment nu. A partir de là, aussi, il entend, plus distinctement, un son électronique un peu grave, haché ou cadencé, qu’il n’avait fait qu’entre percevoir dans la salle d’attente. On le guide, puisqu’il se dirige mal. On l’aide, à mettre ses pieds glissants sur un escabeau qui borde le banc, où il s’allonge sur le dos. Sa tête est maintenue par un coussin ferme qui le maintient du cou jusqu’aux oreilles. Le banc est doux. Le son, qui provient de l’énorme machine désormais à proximité, lui rappelle un vieux disque ( vinyle ) des Pink-Floyd. Celui-là aussi, il l’écoutait en douce, dans une autre vie. On recouvre son corps d’une couverture vert clair.

On lui glisse une poire dans la main pour avertir « la cabine » s’il avait besoin de quelque chose. Mais de quoi donc? Le banc glisse lui aussi, lentement, à l’intérieur d’un tube si étroit qu’il se demande comment font les gens un peu corpulents pour y pénétrer, puis stoppe précisément sous ce qui lui paraît être une égratignure. Alors commence une succession de coups mécaniques brefs, rythmés, puis un bruit électrique donne le « la » d’une orchestration frustre mais entêtante. Il a fermé les yeux depuis longtemps. Cette musique en séries lui semble magnifique, des harmoniques lui pénètrent le ventre et les os, quelques figures s’animent autour de lui, grimacent et rient. Il rit de même. C’est ennuyeux car on lui a bien précisé de ne pas bouger, mais il rit, avec tous ces gens qui font de drôles de cabrioles devant une grande maison qu’il connait bien. Quelqu’un crie, ou chante, de façon criarde. Le temps devient nuageux.

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(à suivre…)


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