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When the Saints go shopping

Publié le 11 décembre 2008 par Doespirito @Doespirito

Ceux qui me connaissent bien savent que le shopping est un des trucs que je déteste le plus. Je m'ennuie assez rapidement dès qu'on essaie de me traîner dans les magasins. C'est vous dire l'importance de l'effort consenti. Je poursuis en effet sans relâche mon projet "Je veux booster l'audience de mon blog". Les habitués qui suivent mes efforts désespérés depuis des mois se donc déjà fadé le sexe, la gastronomie, les liens sponsorisés et les séries américaines. Aujourd'hui est donc un grand jour : pour gagner 10 nouveaux (Hannibal) lecteurs, je fais les boutiques mieux que la chroniqueuse de Marie-Claire.

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Ma tâche est facilitée car All Saints Spitalfields a ouvert ses portes à Paris au 49 rue Etienne Marcel, quasiment en face de mes bureaux. A l'emplacement du magasin Energie qui, lui, a fermé les siennes (le propriétaire, Miss Sixty, est en dépôt de bilan, c'est la crise, mon pauvre Monsieur). Depuis plusieurs semaines, je jetais un œil aux travaux en passant et j'avais été impressionné par l'agitation qui régnait jusque tard dans la soirée. La poussière de bois poncé dansait dans la lumière des lampes baladeuses, les étincelles de la meuleuse à disque dégoulinaient en gerbe dorée de l'escalier en fer, les éclairs de la soudure à l'arc aveuglaient quelques secondes... J'étais allé voir mon père qui bossait dans un atelier, quand j'étais petit, et je me souviens toujours d'odeurs, d'images et de bruits similaires. D'ailleurs ce blog se nomme l'Atelier, en référence à cette ambiance.

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Le magasin est désormais ouvert et là, j'ai eu un autre choc : des dizaines de machine à coudre Singer comme celle de ma grand-mère sont disposées dans la vitrine. La malheureuse a dû s'en retourner dans sa tombe. A l'intérieur du magasin, l'obsession de faire dans l'ancien défraîchi est patente. Il y a des lampes à incandescence (c'est pas bientôt interdit, ces machins-là ?) un peu partout au plafond, même sur le site internet de la marque. On voit aussi des projecteurs en ferraille accrochés à des bras téléscopiques. Les murs sont en briques blanches/grises, allez savoir. Dans l'escalier, il y a une grosse marque de chaussures de sécurité qui aurait piétiné dans la peinture anti-rouille. A l'étage, un énorme projecteur à loupe s'encadre dans la vitre qui donne sur la rue Etienne Marcel.

Les fringues sont à l'avenant : les jeans sont usés (normal), les cuirs et les chemises en coton sont froissés. Les chaussures essaient de se donner un air de “déjà porté”. Les accessoires (ceintures, et autres) sont nickel, mais dans des tons que ne renierait pas un ouvrier limant la tôle à longueur de journée. Il n'y a pas de vieille caisse enregistreuse, mais c'est sûrement parce qu'elle n'était pas connectable au terminal Carte Bleue. Il y a aussi trois ou quatre établis de menuisiers savamment disposés de ci de là. On les reconnait à leur étau en bois, pour coincer les planches.

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C'est là que j'ai commencé à avoir un doute. Car je suis menuisier (j'ai un CAP, obtenu en 1978) et je sais reconnaître un établi. Et ceux-là ne sont pas français, moi je vous le dis. Ils sont anglais (j'ai vérifié : "Record, made in England"). En fait, tout ou presque est anglais. Vous me direz, avec un nom de marque pareil… La chaîne de magasin est née à Londres, dans All Saints Road (Notting Hill) d'où son nom (le groupe de musique All Saints vient de là aussi). Spitalfields est le nom d'un des marchés londoniens (moins intéressant que Covent Garden, mais néanmoins “hip and Happening”, comme disent les rosbifs) où on trouve sa boutique amirale, logée dans une ancienne église, dans Commercial Street. Aux dires de français londoniens, ils se sont moins foulés sur le design, là-bas. Ici, à Paris, les étiquettes sont écrites en anglais, les prix sont en livres et puis aussi en euros. La plupart des vendeurs ont l'air anglais (c'est peut-être normal, on est au lancement). Les clients étaient ou parlaient anglais, quand je suis passé.

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Et tout ça n'est pas donné. C'est d'ailleurs la réputation de cette chaîne, outre-Manche. Sans parler du fait qu'ils n'ont pas l'air de connaître les grandes tailles. J'ai regardé les étiquettes, côté hommes. Un blouson en cuir, 277 €. Les chemises fripées sont à 100€ et des poussières. Les pulls et sweats sont des ces eaux-là aussi. On n'est pas chez H&M. Je n'ai pas trouvé les prix sur les tee-shirts (par ailleurs très sympas), mais à mon avis, s'ils ne les ont pas affichés, c'est pour s'éviter la pose d'un défibrillateur à proximité. L'ensemble est assez sexy, pas vraiment "djeune", branché. Comme aurait dit feue ma grand-mère, «à ces prix-là, ça peut !». Pauvre mémé… Quand je pense qu'elle avait acheté sa machine à coudre à crédit…

Sinon, je n'ai rien acheté. J'ai posé des questions à une vendeuse, qui m'a donné le numéro de l'assistant manager qui me donnera le mail du bureau de RP, à Londres, qui… rien, je vais faire autrement. Je suis resté deux minutes dans le magasin, montre en main. Et encore, j'ai passé une minute à regarder l'origine de l'établi. Moi vous savez, le shopping…


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