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Confidentialité

Publié le 12 décembre 2008 par Malesherbes
En 1982, un jeune professeur de lettres agrégé du lycée Laure-Gatet de Périgueux est membre de la commission académique chargée d’élaborer les sujets de français au baccalauréat. Quelques jours avant l’épreuve, il fait travailler ses élèves sur un sujet quasiment identique à celui qu’il a proposé à la commission et très voisin de l'un des trois proposés aux candidats
Peu après la tenue des épreuves anticipées de Français du mois de juin 1982, des accusations de fuites qui auraient bénéficié à certains candidats de la ville furent rapidement portées à l'encontre du professeur. Saisi de l'affaire, le recteur de l'académie de Bordeaux prononça l'annulation de l'épreuve dans la ville, les quelque 670 candidats recevant une convocation pour une nouvelle épreuve en octobre. Inculpé, notre professeur comparait le 30 mai devant le tribunal de grande instance de Périgueux, qui le relaxe. Cette maladresse ne nuit pas à sa carrière qui va s’avérer brillante.
Quittant Périgueux, il enseigne en classe de première supérieure au lycée Michel-Montaigne à Bordeaux puis comme professeur de chaire supérieure en première supérieure au lycée Louis-le-Grand à Paris. On le retrouve ensuite successivement inspecteur général de l’Éducation nationale, directeur de cabinet du ministre de l’Éducation nationale, François Bayrou, conseiller pour l’éducation et la culture d’Alain Juppé Premier ministre, doyen de l’inspection générale de l’Éducation nationale, professeur associé de littérature comparée à Paris-IV. Sa carrière politique se poursuit, couronnée par le poste de Ministre de l’Education nationale. Vous l’avez reconnu, cet honnête homme, c’est Xavier Darcos.
Ce qui est cocasse, c’est l’argument qui, en 1983, lui a probablement valu sa relaxe : son avocat avait plaidé que les sujets sont choisis sur plusieurs listes de propositions et que nul ne pouvait savoir de manière certaine à l'avance quels seraient les trois sujets finalement proposés aux candidats. Imaginons qu’une secrétaire ait connaissance d’une des combinaisons que son patron choisit sur une liste confidentielle qu’il consulte chaque soir pour verrouiller son coffre-fort. Elle la communique à un malfrat de ses amis qui, au cours d’un fric-frac, l’utilise avec succès. Eh bien, selon cette merveilleuse jurisprudence, elle n’a rien fait de répréhensible, elle ne pouvait pas savoir si son patron allait, le soir du casse, utiliser précisément la combinaison qu’elle avait communiquée.
Et, pour en revenir à notre ministre, rappelons que, selon le service inter-académique des examens et concours, chaque enseignant chargé de proposer un sujet signe une attestation de confidentialité, en s'engageant à ce qu'il soit inédit et qu'il n'ait pas été travaillé par ses élèves. Alors, toujours innocent ?

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