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Les Français ne veulent pas travailler

Publié le 12 décembre 2008 par Nicolas J
J’adore ses soirées au bistro où on parle politique avec des gens à peu près normaux (à part le foie) ce qui change des blogs abreuvés par des trolls.
Hier, il y avait le vieux Jacques, Marcel le Fiacre et Abdel, le roi du Maroc. La discussion a duré… J’espère que Marcel ne s’est pas fait engueuler par sa femme ! De toute manière, c’est de sa faute, à Miranda.
Elle est née en Italie, probablement un peu après la guerre, mais vit en France depuis plus de 45 ans. Miranda et Marcel sont assez facilement classable sur l’échiquier politique. A leur droite, on ne trouve guère que Jean-Marie Le Pen les jours où il n’est pas en grande forme. Miranda est une admiratrice de Berlusconi et c’est pour ça, notamment, que Marcel et elle ont voté pour Nicolas Sarkzoy, l’homme comme ça qui nous faut, le type avec de la poigne, …
La carte d’identité (Française) de Miranda arrive à expiration. Marcel fait les démarches pour la renouveler mais a du mal à obtenir un extrait de naissance, Miranda étant née en Italie.
« Tu te rends compte ! Ca fait 45 ans qu’elle est Française, présenter l’ancienne carte devrait suffire ! Pourquoi faut-il un document Italien, avec des difficultés pour l’obtenir ? »
« Heu… Marcel… Depuis que je te connais, tu gueules après les étrangers qui s’imposent par nuées dans nos contrées et tu soutiens des gouvernements qui renforcent les dispositifs de contrôle, les chasses à l’étranger, … Miranda en est victime ! »
« Oui, mais elle, elle est Française ! » « Oui, autant que Abdel, derrière toi, qui est né un peu au Sud-Ouest de l’Italie ! »
Une longue conversation sur l’efficacité des mesures de contrôle et le mérite successif des gouvernements de gauche et de droite. Amusant, avec ces andouilles de droite… C’est de la faute à la gauche si Miranda n’a pas de papiers, la gauche n’a pas supprimé les mesures mises en place par la droite !
Objectivité, quand tu nous tiens… La communication politique a de l’avenir
Je ne vais pas vous raconter toute la discussion mais de l’immigration nous avons naturellement bifurqué sur le chômage. C’est de la faute à Abdel qui justifiait la présence des immigrés à cause de ces fainéants de Français qui refusent de travailler : il faut donc des immigrés pour faire le boulot.
Je ne leur ai pas rétorqué qu’ils mélangeaient l’immigration clandestine avec celle… heu… pas clandestine…
Jacques et Marcel ont embrayé : « Ah ! Oui ! C’est vrai ! Les gens ne veulent plus travailler ». Ca me fait toujours rigoler : les deux sont à la retraite… Mais ils sont électeurs. J’aime bien discuter du chômage avec Jacques. Lui-même, comme beaucoup de Français, a très peu travaillé après 50 ans : nos joyeux employeurs rechignant à embaucher des anciens ! Il a donc vécu quelques années grâce à la solidarité nationale. Toujours amusant de constater comment certains restent à droite.
Un peu comme Abdel qui soutient toujours la droite malgré sa qualité de Marocain… qui fustige les fainéants mais qui est en arrêt de travail depuis juin (très grosse fracture de la jambe : quand on est cuisinier, travailler assis n’est pas facile).
Ils sont tous électeurs…
Sur les Français qui ne veulent pas travailler, je leur ai dit : « heu, les gars, arrêtez donc de déconner, les Français ne veulent plus travailler pour des salaires de misère ».
Je les ai interrogés sur leurs revenus quand ils bossaient. Jacques est objectif : effectivement quand il bossait, il gagnait bien sa vie. « Mais je bossais souvent plus de 60 heures par semaine ! ». « Oui, Jacques… mais jusqu’à 50 ans seulement ».
Marcel, qui était taxi : « Tu parles, malgré les heures, une fois les charges payés, il ne me restait plus rien ! ». « Oui, Marcel, mais la licence de ton taxi, tu l’as vendue combien ? » « Pas tant que ça, et ça ne compte pas. » « Si Marcel, un type qui fait taxi maintenant, il n’arrive plus à acheter une licence et est obligé de payer un loyer à la G7 ou aux taxis bleus, quand il part à la retraite, il n’a rien à vendre ». « Heu… » « Et la maison, que tu t’apprêtes à acheter pour 450 000 euros à Bicêtre, tu la payes comment ? Tu crois qu’un type qui commence maintenant, quand il partira à la retraite, il pourra s’offrir un pavillon à 500 mètres de Paris ? ».
Tiens ! Faudra que j’en reparle sur l’autre blog. En fait, c’est lui qui veut déménager, sa femme ne veut pas (elle a bien raison, ils ont une petite maison superbe à 300 mètres du métro). Son dernier argument, à Miranda, est qu’il n’y a pas de bus le dimanche sur cette ligne et qu’elle ne pourra pas aller au marché. Du coup, Marcel cherche partout des informations sur les horaires de bus et ne sait pas où les trouver. Jacques, qui ne veut pas se fâcher avec Miranda, ne veut pas dire qu’il prend ce bus tous les dimanches. Mais je m’égare.
A ce stade de la discussion, mes camarades étaient bien dépités. Il faut dire qu’à force de tenir un blog politique, je commence à avoir de l’argumentation. J’ai une culture politique plus grande qu’eux. Je lis le Parisien tous les jours alors que Jacques lit l’Equipe.
Il nous fallait clore, le patron allait fermer…
« Vous voyez, les gars, on est 4, la tournée coûte 10 euros, vous savez combien de temps un smicard doit bosser pour en payer une ? » Jacques : « Heu, tu ne raisonnes pas à l’envers, là ? »… « Presque ! Je reprends dans le bon sens. Tu sais qu’en faisant UNE heure supplémentaire, un ouvrier n’a pas les moyens de payer une tournée ? »
Les Français sont des fainéants… Je les ai laissés là, sur cette réflexion. Pourquoi travailler si, avec une heure de travail, on n’a même pas les moyens de payer une tournée aux copains ?

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