Magazine Culture

Noms

Publié le 12 décembre 2008 par Menear
Jamais bon signe de se souvenir des noms. Ça me ramène à des réminiscences type collège/lycée (jamais bon signe, ça non plus, les réminiscences type collège/lycée, jamais bon signe de revenir en arrière et de se dire merde ou quelque autre mot avoisinant). Je prends l'ami Parkinson d'hier comme nom témoin, histoire de ne pas prendre le mien ou n'importe quel autre.
Se souvenir du nom, précisément, avec une espèce de crainte doublée d'agacement dans la voix, ça donne des ah, alors c'est vous les parents du petit Parkinson ou encore, Parkinson, ah oui... je crois que j'ai déjà eu ton frère il y a quelques années... (les points de suspension, dans ces cas là, sont également sonores), respectivement les jours de rencontre parents-profs et autres rentrées scolaires. Puis, plus tard, Parkinson, c'est aussi le seul nom de toute la classe dont on se souvienne après seulement deux heures de cours données au hasard et préparées la veille. Le nom du pire gamin complètement con qui est pas foutu d'aligner trois. Bref, le nom du pire gamin. Celui qu'on accompagne dans le bureau du principal, au risque de louper son bus et de rentrer en retard, celui qu'on entend marmonner un mais c'est vrai c'est pas ma faute pis t'façon j'men fous pendant qu'il frotte le pied par terre pour s'occuper les yeux.
Un peu plus tôt, c'est aussi celui qui commande un livre qu'on n'a pas en stock et qui veut savoir, parce que c'est comme ça, quand c'est qu'on va le recevoir, et qui appelle, et qui dit c'est Parkinson, là, vous l'avez reçu mon bouquin et on lui dit que non, ça prendra bien une semaine à cause du fournisseur et tout, en plus y a un jour férié dans le lot alors bon, faut comprendre, et qui finit par raccrocher en disant à demain, au cas où, juste pour vérifier, ça me dérange pas.
Et puis encore plus tard c'est pareil, c'est toujours le nom du pire qui revient, parfois même avant le nom, juste les derniers numéros qui s'affichent sur l'écran du téléphone ou bien la voix qui s'articule dans l'oreillette du casque. On nous dit Bonjour, c'est M. Parkinson, alors on répond, Ouiii, M. Parkinson, comment allez-vous ? en se forçant la mâchoire pour pas qu'elle aille crisper la voix autant qu'elle déforme les traits du visage, signes aux autres autour qui signifient souvent oh putain... M. Parkinson est toujours le pire client, celui qui dépense le plus, par conséquent celui qui se donne le droit de prendre tout le monde pour pas grand chose, à qui il arrive toujours les pires retards de livraison et autres casses transport. Celui-là, oui, on le reconnaît à la voix et on n'aime pas trop l'entendre, tout en sachant qu'on l'entendra encore, puisqu'il commande à nouveau, d'autres produits pour d'autres problèmes, et d'autres appels à venir, on le sait bien, et sa voix restera, comme son nom, martelée rouge sur l'écran du téléphone. Encore un de ces trucs qui, quand ils arrivent, provoquent des merde mentaux ou, pire, des migraines préventives.
Jamais bon signe de se souvenir des noms, toujours ceux-là qu'on fixe en premier dans la mémoire, toujours ceux-là qui marquent, sorte de tremblote mentale intempestive. Mais comme il faut bien se forcer, toujours répondre un oui comment allez-vous ? et puis faire semblant de le penser.

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Menear 147 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine