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Secret dÉfense

Par Rob Gordon
Secret dÉfenseQuand le réalisateur de Barracuda (navet) et des Dalton (navet de chez navet) s'attaque au film d'espionnage, ça donne... un film qui se tient étonnamment bien, clouant les spectateurs blasés d'avance par son professionnalisme et sa rigueur. Secret défense ne se contente pas de reproduire des recettes ayant fait leurs preuves outre-Atlantique pour livrer un spectacle simili-ricain : il tend plutôt à utiliser des méthodes made in USA pour traiter au mieux d'un sujet exigeant, sans oublier le fait qu'il s'agit avant tout d'un film français.
S'il lui manque un peu d'âme et d'accidentel pour réellement éblouir, Secret défense a cependant de quoi épater par son efficacité et sa clarté. La mise en scène voit loin, Haïm ne cédant pas trop souvent à la facilité d'une réalisation high-tech, pleine de fioritures mais finalement vide de sens. Idem pour le scénario : loin du côté brouillon de ses deux premières "oeuvres", il a bossé sur le sujet pendant plusieurs années et engagé une brochette de consultants afin de muscler l'action et la crédibilité de chaque évènement. Cette application d'élève modèle a forcément du bon, mais sent trop la quête de perfection pour réellement emporter le spectateur.
Néanmoins, il faut bien avouer que Secret défense est un film plein de matière, plutôt pas idiot, et ménageant un suspense assez tétanisant. La preuve de la relative crédibilité de l'ensemble, c'est qu'on s'interroge jusqu'à la dernière seconde sur le fait que la bombe (car il y a une bombe) va exploser ou non. Dans bien d'autres films d'espionnage à la française, on connaît la réponse dès le début, les bons sentiments et le désir de faire dans le tout public empêchant toute effusion de sang. Là, il n'y a guère de concession, et c'est un énorme atout. Film sur l'embrigadement et la manipulation, Secret défense brasse bien des thèmes délicats, et s'en sort plutôt bien en évitant de tomber dans un manichéisme du type "musulman = terroriste" et "occidental = héros". Cela fait un bien fou. Voilà donc la preuve, ô combien inattendue, qu'il est possible de faire du cinéma de genre potable au sein de notre bon vieil hexagone...
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