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Anarchie

Publié le 17 décembre 2008 par Tanjaawi

Anarchie

Dans cette traversée du désert qu'est ma vie

depuis le jour où je suis né à moi-même

et que j'ai fait le choix d'être humain

   et libre

tu es cette oasis

invisible au-delà de la ligne d'horizon

et que je sais exister

puisqu'il m'arrive de la visiter en rêves

Toutefois

parfois

dans ma longue marche vers toi

Anarchie

il m'arrive de me dire que tu n'es pas

   que tu ne seras jamais

parce que tu ne dois pas être

afin que les anarchistes puissent être

Les anarchistes

Mes sœurs et frères   en cœur

   en raison

   en mécréance

   en liberté

   en dignité

   en révolte

   en bonheur

   en souffrance

qui sont moi

   une multitude d'autres mois

quand je suis eux

   dans mon unicité

Anarchistes

qui sont   l'Anarchie

   les oasis de ce désert

   dans lequel tant de femmes et d'hommes ont renoncés à leur humanité

   préférant paraître couchés

   que vivre debout

au risque de mourir couchés

quand d'autres meurent debout

Anarchie

tu es en moi

et je suis en toi

Quand le vent de l'histoire souffle vers moi

je sens tous tes parfums

j'entends   ton bruit et ta fureur

   mais aussi le silence   de ta sérénité

   de ta paix

Alors je te sais possible

   et donc réelle

   comme un fruit mûr s'offrant à la main de celle ou celui qui a   faim

   Faim de justice  

   d'égalité

   de fraternité

   de liberté

   d'humanité

Mais le vent de l'histoire prend parfois d'autres directions

et s'en va se perdre dans les dédales du mensonge

   de l'imposture

   des croyances

   du renoncement

   de l'asservissement

   de l'ordre assassin

      liberticide

   humanicide

Et de toi

je n'aperçois alors plus que   cette faible lueur

   cette imperceptible et impertinente étincelle

   qui déchire la nuit de l'obscurantisme

   et se nomme   espoir

   révolte

   rébellion

   et parfois

   Révolution

Et se fait   rires et larmes

   joie et tristesse

   sang et miel

   envie et désir

   singularité et solidarité

   femmes et hommes

   enfants et vieillards

   vivants et morts

   deuils et noces

   combat et repos

   fête et légende

Même alors

je te sais belle et désirable

quand je te devine sur   le visage moqueur d'un enfant

   dans le cri de celle ou celui que l'on assassine

   dans la mort du résistant

   dans le regard fou du poète

   derrière et entre les mots

   dans la hargne d'un poing levé

   dans le claquement de ce drapeau noir

qui flotte comme une constante provocation

   comme un refus qui s'affirme à la face de la résignation

et qui partage le sel de l'amitié

   dans ce pavé jeté contre une horde de zombies uniformisés

   dans la lame qui vient lécher la digue

   histoire de lui dire que si elle le voulait elle pourrait la briser

   dans ce chant qui monte de gorges lointaines et pourtant si proches

Et quand le doute se fait assaillant redoutable

alors

je laisse mes rêves chevaucher la vague débridée de l'instant

et je te nomme   sur les murs des prisons

   sur les portes de tous les interdits

   sur les bûchers de l'intolérance

   sur l'autel de l'ordre

   sur le miroir des bonnes consciences

   sur le linceul de la morale

   sur la stèle des apôtres   de la vérité

   qui est toujours leur vérité

   jamais la mienne

et

Te libérant de mon cerveau

je te fais   chaos

   force destructrice accoucheuse de vie

Je te fais   incendie

   raz-de-marée

   cyclone

   ouragan

   séisme

   rire rugissant d'une révolte   désespérée de tous les espoirs

   porteuse de l'espérance de tous les désespoirs

Je te fais   PEUR

   pour que du choc de ta force libératrice

   tel le soc d'une charrue traçant le sillon d'un avenir radieux

   naissent celles et ceux   qui restent à naître

   qui ne sont toujours pas humains

   et qui ne savent rien de toi

   mais qui de toi ont

   PEUR

Toi

Anarchie

qui est si belle

   si désirable

qui est partout et nulle part

qui est ce rire joyeux

   cette rage de vivre

   cet émerveillement de toutes choses

   cette perpétuelle invention

   cette dignité indestructible

   cette révolte méthodique

   ce désespoir parfois

   rayonnant dans et de celles et ceux dans lesquelles/elles je me reconnais

   puisqu'ils sont toi

   toi

   Anarchie

   qui est ce moi dans lequel je me reconnais

   et sans lequel je ne pourrais être

http://jccabanel.free.fr


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