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Paso Doble n°107 : Cocktail Darcolov

Publié le 18 décembre 2008 par Toreador

A las cinco de la tarde…

Plus le désir s’accroit, plus l’effet se recule

Malgré le recul du gouvernement, la mobilisation des lycéens ne faiblit pas. Il est vrai que la proximité des vacances permet de perpétuer à peu de frais pour le moment les mouvements de grogne, les lycéens faisant relâche. Sans doute le gouvernement espère que les fêtes destructureront, à grands coups de foie gras et de champagne, les masses qui se sont levées pour s’opposer à Darcos.

La décision inédite de Sarkozy de « suspendre » la réforme, lui qui a toujours assimilé le recul au Chiraquisme, s’explique à mon sens par trois images puissantes qui cohabitent dans le psyché du président et dans celui des lycéens. Leur télescopage a produit un cocktail dangereusement explosif.

Le premier est évidemment le souvenir du CPE, où, comme l’explique  Bruno Le Maire dans son livre « Des Chefs d’Etat », Villepin partit comme un matamore avant de devoir rebrousser chemin, contraint et forcé. Nicolas Sarkozy avait joué un rôle ambivalent, d’abord en le soutenant, puis en le pressant de tout lâcher.

Le second et le troisième sont liés. Il y a tout d’abord l‘exemple effrayant des émeutes en Grèce, centrées autour de revendications vagues et de slogans puissants (la génération à 600 euros) qui démontrent le malaise de la jeunesse. Contrairement aux évènements qui s’étaient produits dans nos banlieues en novembre 2006, il ne s’agit pas de populations ghettoïsés d’origine étrangère, mais de monsieur tout le monde.

Or, le précédent de 1968 a montré comment un même mouvement générationnel pouvait se communiquer de pays en pays et provoquer des crises voisines et similaires à la fois. En France, ce fut mai 68. Aux Etats-Unis, les marches des droits civiques et la mort de Martin Luther King, avec des émeutes. Idem en Irlande (répression de Derry). En Pologne, des manifestations étudiantes, durement réprimées. En Tchécoslovaquie, le « Printemps de Prague », etc…

L’Education, une équation à 3 inconnues

Reste sur le fond les données objectives du problème éducatif. La philosophie générale de la réforme Darcos est centrée autour d’un retour aux méthodes pédagogiques traditionnelles. Personnellement, comme Bonnet d’Ane, je suis pour.

Pour le lycée,  et je ne fais que synthétiser les infos du Café pédagogique, elle prévoit notamment l’instauration de trois heures hebdomadaires d’accompagnement personnalisé et le découpage de l’année en deux semestres, marqués par quatre rendez-vous avec l’élève: deux conseils de semi-semestre et deux autres, plus importants, de fin de semestre. Entre les deux semestres sera placée une semaine « interstice » de « bilan et d’orientation« . Le schéma prévoit donc 30h d’enseignement, dont 21 heures « d’enseignements généraux » (français, maths, histoire-géo éducation civique, sciences expérimentales, LV 1 et 2, EPS) .

Le point principal est la définition de 4 modules qui personnaliseraient les matières suivies par l’élève. Les matières SVT et Physique-Chimie ne seraient ainsi plus forcément obligatoires.

Sincèrement, jusqu’ici ça ne casse pas trois pattes à un canard. Les 13.500 suppressions de postes prévues en 2009 dans l’Education nationale ne concerne pas le lycée, dixit le ministre lui-même, et sont découplés de la question de réorganisation pédagogique. alors que je pense que c’est ceci qui justifie la fronde des enseignants.

Quant aux lycéens, non seulement je ne les comprends pas (il ne me serait jamais venu à l’idée de manifester contre une réforme de ce type) mais en plus je n’ai jamais compris non plus sur quelle base juridique un enfant mineur (qui par définition n’a pas de droits politiques) aurait des droits sociaux, du type droit de manifester.

La question qui reste et demeure est donc : peut-on réformer l’Education Nationale par en haut ou la cogestion s’applique-t-elle ? J’ai déjà expliqué que pour ma part, je croyais au principe vertical.

Plutôt que de s’accrocher au travail dominical, qui est la remise en question du premier « avantage acquis » jamais attribué au peuple, Sarkozy aurait donc plutôt intérêt de rester ferme sur cette question là. Pour le principe.

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