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L’honneur perdu de monsieur Leterme

Publié le 18 décembre 2008 par François Collette

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C’est à nouveau la grosse crise politique en Belgique mais cette fois le contentieux communautaire n’y est pour rien. La cause n’est autre que l’affaire Fortis (voir le billet ci-dessous) que d’aucuns appellent désormais le Fortisgate

En toute logique, le cataclysme devrait emporter le Premier ministre Leterme car il est maintenant avéré que son cabinet, sinon lui-même, a exercé des pressions sur des magistrats à tous les degrés de la procédure engagée par les « petits actionnaires » de Me Modrikamen. “Tout a été mis en oeuvre [par le cabinet] pour que l’arrêt de la 18e chambre de la Cour d’Appel [à l’origine du gel de la vente de Fortis par appartements et de la reprise de la banque par BNP Paribas] ne soit pas prononcé” a déclaré de manière officielle le premier président de la Cour de Cassation. En l’occurrence, il s’agit ici (pour faire simple) d’avoir notamment convaincu une des trois juges de la Cour d’appel de se porter pâle pour ne pas signer le jugement et provoquer ainsi un recours en annulation du jugement. Rien de moins.

Vilipendé de toutes parts, Yves Leterme est poussé vers la sortie mais, à l’heure où j’écris ces lignes, il refuse de démissionner alors que l’on avance déjà des noms (flamands) pour le remplacer. Pendant ce temps, au Palais royal, on écoute le concert de Noël.  

L’enquête n’a pas encore livré tous ses secrets mais il n’est pas impossible qu’il s’agisse d’une responsabilité collective d’une partie du gouvernement. Le ministre de la Justice (également CD&V), Jo Vandeurzen, est aussi dans le collimateur. On parle également - mais ce ne sont peut-être que des rumeurs revanchardes - du ministre des Finances et président du Mouvement Réformateur (libéraux sudistes), Didier Reynders, l’ombre tutélaire du Premier ministre. 

Les réactions à la presse ce midi de plusieurs ministres qui disaient vouloir continuer avec Leterme malgré « l’affaire » démontrent à quel point le courage et la morale politiques n’ont plus aucun avenir en Belgique. Sous prétexte qu’il y a « la crise économique », pas de scrupules, quand il faut y aller, faut y aller. C’est lamentable. Une nouvelle fois, quelle image désastreuse de la Belgique nous donnent ces nains politiques.

Faut-il rappeler que la séparation des pouvoirs est un des piliers de la démocratie inscrit dans la Constitution. En Belgique, contrairement à la France, le pouvoir exécutif ne dispose d’aucun moyen légal d’exercer des pressions sur le pouvoir judiciaire, l’indépendance de celui-ci est totale. Bafouer ce principe pour quelque raison que ce soit est inqualifiable. Et impardonnable.

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Photo RTBF


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