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Rama sur un bateau

Publié le 19 décembre 2008 par Chroneric

C'est un vrai lynchage. Depuis la petite phrase de Bernard Kouchner sur l'utilité d'un secrétariat d'Etat aux droits de l'homme, Rama Yade n'en finit pas de recevoir des missiles de la part de ses "amis" politiques. Les propos sont même parfois limites et peu respectueux de la personne. Je ne connais pas Rama Yade personnellement et je n'ai ni amitié ni inimitié particulières à son sujet mais je trouve toutes ces réactions injustifiées.

Les Droits de l'homme font partie intégrante de notre culture et de notre histoire. Nous sommes souvent vus comme la seule Nation digne de les représenter. Nous sommes un peu le porte-parole. Il est vrai cependant qu'il y a incompatibilité entre la diplomatie, qui consiste à caresser les autres pays dans le sens du poil pour conserver une bonne entente et de bons marchés, et la promotion et la protection des droits de l'homme sur la planète. Peut-être ne fallait-il pas mettre ce secrétariat sous la tutelle du ministre des Affaires étrangères mais en faire un ministère à part entière. Il y a tellement de pain sur la planche dans ce domaine !

Ce qui est révoltant dans cette affaire c'est la manière dont les évènements politiciens se trament. Quand Nadine Morano déclare que Rama Yade aurait dû accepter de se présenter aux Européennes parce que l'Elysées le voulait (le roi a dit), je trouve cela contraire aux libertés individuelles et aux droits de l'homme. Quand elle ajoute que d'être issu d'une minorité maghrébine ou africaine ne protège pas, je trouve cela déplacé. Quand Christian Estrosi déclare "Elle existe parce que Nicolas Sarkozy l'a fabriqué ! On fait un placement, on le fait fructifier, et au moment où on veut en tirer les bénéfices, voilà…", je trouve cela choquant de réduire cette femme a un simple objet de vitrine, un faire-valoir. En parlant ainsi, c'est ignoré le parcours de cette femme qui n'a pas attendu l'UMP pour faire de la politique.

Mame Ramatoulaye Yade-Zimet a la nationalité française, a fréquenté un collège catholique à Colombes (92), a fait hypokhâgne et est diplômé de l'IEP, a écrit deux ouvrages. Ce n'est pas rien ! Je n'aurai pas fait le tiers de son parcours. Un parcours atypique par ailleurs. A 32 ans, elle a pas mal roulé sa bosse (passez-moi l'expression) : administratrice du Sénat, commission des affaires sociales de cette même assemblée, directrice adjointe des programmes de la chaîne parlementaire puis directrice de la communication de cette même chaîne. Respect. On n'a pas l'impression de toute cette activité quand on voit ce petit bout de femme qui semble si fragile mais dont la carapace est déjà bien épaisse.

Cette personnalité a raison de suivre son chemin sans se plier aux directives du parti ou de ses "amis". Ce qui fait qu'elle a une forte personnalité, notamment en critiquant vivement la visite du colonel Khadafi. "Comprendre que notre pays n'est pas un paillasson sur lequel un dirigeant, terroriste ou non, peut venir s'essuyer les pieds du sang de ses forfaits. La France ne doit pas recevoir ce baiser de la mort" avait-elle déclaré la veille de l'arrivée en France du dirigeant controversé. "Certains gestes donnent envie de se laver les mains" avait-elle déclaré après sa rencontre avec ce colonel à Tripoli. Pourtant, aucun incident diplomatique. Sûrement que la France était en position de force et que la Libye a besoin de notre aide.

Lors de son passage dans l'émission A vous de juger, j'ai trouvé ces propos intéressants et sa personnalité "vivante".

Je constate donc, que dès que quelqu'un est attaqué de toute part et donc affaiblie (dans son propre camp) c'est une lapidation sans ménagement. A croire, que beaucoup veulent s'en débarrasser au vu du prochain remaniement qui s'annonce. C'est chacun pour soi et Sarkozy pour tous. Courage Rama, tu es assez forte pour te battre.


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