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Le nucléaire iranien vu par Riyad

Publié le 24 décembre 2008 par Infoguerre

Les chancelleries des grands pays ne sont pas les seules à s’inquiéter au sujet du programme nucléaire iranien. L’Arabie saoudite voit d’un très mauvais œil ce programme. Les deux pays sont depuis longtemps dans une logique d’affrontement où chacun cherche à être la puissance régionale. La volonté iranienne de se doter de l’arme nucléaire présente ainsi un réel danger pour le royaume saoudien.

Sur le plan régional :

En réponse à ce programme, l’Arabie saoudite a choisi une logique de limitation de l’influence de l’Iran par le jeu diplomatique et une utilisation du pétrole comme un moyen de sa stratégie.
Sur le plan diplomatique, le royaume wahhabite tente de limiter l’influence iranienne en Irak en y soutenant les Sunnites. Au Liban, l’Arabie Saoudite s’est engagée au côté de la coalition anti-syrienne. En Palestine, elle tente de réconcilier le Hamas avec le Fatah.
Il est à noter aussi les différents discours de mise en garde de la part de responsables saoudiens déclarant que l’Iran n’a pas à interférer dans les affaires des Arabes. Ces différentes démarches diplomatiques visent à exclure l’Iran, la Perse, du périmètre arabe et ceci dans une vision régionaliste.

Sur le plan international :

La nouveauté saoudienne réside dans l’utilisation d’autres leviers pour freiner le programme nucléaire iranien. Sur le plan diplomatique « extra régional », les alliés des Iraniens sont les Russes et les Chinois. Pour les premiers, l’Arabie saoudite leur propose l’achat d’armement ; et pour les seconds de fournir du pétrole. En contrepartie, il est demandé d’infléchir leurs positions sur le dossier iranien notamment au conseil de sécurité des Nations Unies.
Le troisième volet de la stratégie saoudienne est économique. Le royaume continue à maintenir sa production afin de pouvoir fixer le prix du baril de pétrole assez bas pour empêcher l’Iran d’avoir l’assise financière pour faire face, sur un plan financier, à un programme nucléaire. Cette stratégie se reflète sur l’économie iranienne en la mettant à mal, surtout dans un contexte économique international très difficile.

Conclusion :

Au final, cet affrontement n’est que la continuité de l’histoire de cette région avec comme moyen et expression de la puissance, le nucléaire.
L’Iran est héritière de la Perse avec tout le poids de son histoire, ce facteur est essentiel dans la construction identitaire et psychologique de la nation iranienne. Quant à l’Arabie saoudite, elle est le berceau de l’arabité qui s’est propagée avec l’Islam. Après la mort du prophète Mahomet en 632, la toute nouvelle nation musulmane (oumma) a continué son expansion à partir de Médine. Et c’est sous le Califat d’Omar ibn Al Khattab, deuxième calife, que les Arabes devenus musulmans ont commencé à conquérir la Perse. Bien qu’islamisée, elle n’a pas été arabisée contrairement à d’autres pays. Aujourd’hui, cette dimension identitaire historique est déterminante dans la problématique iranienne dans son ensemble. Les Iraniens continueront à être Perses et les Saoudiens à être Arabes.

CJ


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