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Shugo Tokumaru "EXIT"

Publié le 27 décembre 2008 par Jb
tokumaru_exit.jpg Note : 8/10
Meilleurs titres : Parachute/Sanganichi/Hidamari
Le lecteur d'A REBOURS le sait, j'aime assez ce qui vient du Japon : la littérature et le cinéma par-dessus tout, mais aussi la musique. Je me suis donc intéressé à la sortie récente de l'album EXIT de Shugo Tokumaru.
C'est évidemment d'abord à son compatriote Cornelius qu'on songe lorsqu'il faut essayer de situer ou comparer Shugo Tokumaru. En effet, comme celle de Cornelius, la musique de Shugo Tokumaru est traversée d'influences multiples et reflète l'amour du "bricolage" et du collage d'instruments hétéroclites, qui vont des guitares aux synthétiseurs en passant par les ukulélés, les banjos, les flûtes et les jouets d'enfants. Comme Cornelius, Shugo Tokumaru est une espèce de poly-instrumentiste qui fait tout lui-même, y compris la production de l'album sur des logiciels électroniques. L'écoute d'EXIT met donc en lumière un côté patchwork et "tour de Babel musicale" qui interpelle également tout auditeur de Point ou Sensuous, les deux meilleurs albums de Cornelius.
Toutefois, les différences entre les deux artistes japonais sont, à mon avis, au moins aussi importantes que ce qui les rapproche. Incontestablement, les paysages musicaux de Shugo Tokumaru sont majoritairement imprégnés de pop, de folk et de country, ce qui n'est pas le cas de Cornelius, lequel incorpore dans sa musique la totalité des genres musicaux (funk, electro et techno, rock dur…). L'ambiance d'EXIT m'évoque ainsi davantage John Lennon ou, pour prendre un exemple plus contemporain et ô combien illustre, Sufjan Stevens.
De ce point de vue, l'écoute de très beaux titres tels "Sanganichi" ou "Hidamari", portés par une voix très douce (on ne dirait d'ailleurs quasiment pas que Shugo Tokumaru chante en japonais), font d'EXIT un album relativement classique.
"Green Rain", "Clocca" ou "Button" sont pour leur part plus "bricolos" et moins immédiatement mélodiques, mais se dégagent néanmoins d'eux aussi une certaine mélancolie et nostalgie, assez typiques des univers pop-folk passés ou présents.
Autre petite influence que j'ai crue déceler dans certaines compos d'EXIT (notamment "La La Radio" ou "Green Rain"), celle des musiques de Joe Hisaishi auquel le cinéaste Takeshi Kitano a fait appel pour la plupart des B.O. de ses films (A Scene at the Sea, Sonatine, Kids Return, Hana-Bi…). On y retrouve les mêmes clins d'œil pour des thèmes traditionnels japonais "popifiés" et un goût pour les sons et arrangements un peu naïfs qui flirtent avec la comptine enfantine.
Assez remarquable également, le dernier titre de l'album, "Wedding", complètement instrumental, entièrement au banjo, qui se paye le luxe de ne pas être chiant ! Les deux premiers tiers du morceau sont basés sur des accord mineurs plutôt tristes, le dernier tiers bascule quant à lui vers une rythmique plus punchy et galopante.
Mais l'un des plus beaux morceaux d'EXIT, qui ouvre d'ailleurs l'album, c'est "Parachute". Cette chanson (portée par une guitare folk très énergique et inventive) illustre le meilleur de Shugo Tokumaru, à savoir l'art de composer des chansons à la fois gaies et tristes, immédiatement accrocheuses et pourtant plus complexes qu'elles en ont l'air.
On se surprendra donc à siffloter "Parachute" partout, dans la douche, dans la voiture, au soleil, sous la pluie (à midi ou à minuit), qu'on soit euphorique ou en plein spleen.
En soi, voilà qui est déjà un tour de force. Je me demande s'il faut forcément en demander beaucoup plus ?

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