Magazine Journal intime

Coup de grisou

Par Eric Mccomber
Ça bouge dans les entrailles de la terre. Deux plaques monstrueuses sont à s'affronter. Je pose les pieds bien à plat dans la mer des rochers, un devant l'autre, le soleil tourne autour de ma tête, elle si lourde et minérale, parfois, et je ne sais pas dire si je suis sur le point de te laisser à tes fonds marins ou si je me trouve à deux orteils de l'abysse de ma pire rechute.
Dans quelques jours, ce qui fut notre nid sera dispersé. J'ai une mémoire tellurique de la vibration de ton corps pelotonné dans mon refuge. Oui, j'ai perdu mon axe. Oui, branque, j'ai caressé du bout des doigts tes cheveux laissés au creux du coton tiède. Oui, j'ai embrassé tendrement le spectre de tes lèvres sur ta coupe à moitié vide. Oui, j'ai posé la paume sur ta place refroidie. Oui, j'ai serré ma poignée de porte, là où tes doigts s'étaient noués. Je plaide la folie. Mais de toute ma vie, je n'ai rien connu de plus sain que la somme dérisoire de cette déraison. Mes oreilles frissonnent toujours du ravissant bruissement des feuilles de Baldwin, faisant écrin à ce gros joual rural, grisant, troublant et capiteux, qui surgissait des nues lorsque soudain le sérieux t'étreignait. Et ta parole s'adressait à moi, entre tous les êtres, pendant ces courts instants où tu m'avais choisi. Merci pour ce diamant dans mon ventre. Tu es immortelle au fond de moi.© Éric McComber

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