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On ne nait pas “digital natives”, on le devient

Publié le 29 décembre 2008 par Lilzeon

Citoyens ! Les notions marketing donnent souvent l’impression d’être des évidences en soi. Bah oui ! Tu sais bien ! “Le” consommateur, “la” ménagère, “le” blogueur…Et de simples catégories d’analyse, ces notions deviennent des socles de discours entiers. Etonnant, c’est comme si on analysait seulement le bras d’un patient pour en faire un diagnostic de tout son corps. En 3 tomes s’il vous plait.

C’est humain : on appelle ça de l’extrapolation. Le problème étant qu’on n’a pas mis le curseur au bon endroit. Passons. Il faut bien gagner sa vie.

La dernière notion à la mode, c’est “digital natives“. C’est pratique cette notion, ça veut dire qu’il y aurait des populations “in” et des populations “out“. C’est génial de pouvoir réintroduire le territoire, cette bonne vieille idée établie depuis le refuge du jeu de l’épervier jusqu’à la plus simple des guerres. Oui mais voilà. ça ne colle pas.

  1. D’abord, on fait quoi des vieux ? Et bah ça pose un énorme problème, parce qu’ils sont curieusement les plus connectés, les plus utilisateurs de ces outils de communication. Pourquoi ? Deux raisons : le temps qu’ils ont, et peut-être aussi un certain capital économique permettant de s’équiper…Bon donc on aurait des bébés born-again à 55 ans et plus. Zut.
  2. Ensuite, dire qu’on nait tous “digital”, c’est soit une immense blague, soit un immense coup de communication : les bébés qui naissent sont certes entourés par 6, 7 ou 8 écrans. Donc ça irradie pire que la jaunisse
    :)
    mais ça ne dit rien sur les usages. Savoir jouer à la wii plus tôt, c’est génial, ça va relancer l’économie. Savoir chercher l’information pertinente et développer une lecture de la lecture (une sorte de solfège du web en somme), ça n’est pas inné. ça s’apprend. Et donc parler de “digital natives” nous fait démissionner de 2 rôles : celui d’éducateur, et celui de façonneur de l’usage

Pour résumer : la notion de “digital native” est un simple prisme d’analyse signifiant qu’on est simplement plus entourés par des terminaux digitaux. Cela ne nous dit en rien ce que nous devons en faire, et ne peut en aucun cas nous faire l’économie de laisser les nouvelles générations apprendre “spontanément” à lire à travers la matrice. Littératie ?

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