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Syngué sabour : Pierre de patience

Publié le 31 décembre 2008 par Goure

Commencez l’année 2009 en lisant  le livre saisissant d’ Atiq Rahimi (Prix Goncourt 2008) : “Syngué sabour -  Pierre de patience“  . Le roman commence par cette phrase : « Quelque part en Afghanistan ou ailleurs » .  Une femme veille un homme, blessé, dans le coma , sous perfusion : son époux. Elle a deux enfants -deux filles - qu’elle va remettre à la garde de sa tante . Et au chevet de son mari immobile, malade d’angoisse – comment va-t-elle survivre sans homme, dans ce pays en guerre, où tout est interdit aux femmes ? – elle déroule sa vie et ses peurs . Elle convoque les figures qui l’ont marquée – un père violent, une tante enchanteresse, une belle-mère cauchemardesque - devant le corps de son mari devenu une imaginaire “syngué sabour“ : dans la mythologie perse, syngué sabour est  une pierre de patience que l’on pose devant soi pour déverser ses douleurs et ses secrets. La pierre écoute, absorbe et un jour, elle éclate, délivrant celui (celle) qui parle de ses souffrances . Et la narratrice parle, parle, parle, dévoile l’inimaginable ou plutôt ce que l’on peine à imaginer de ce pays que l’on connaît si mal en France . Elle raconte le “mollah “, la vantardise et la stupidité des hommes, prêts à la mort pour défendre leur sens de l’honneur et de la virilité, le manque d’amour, l’absence – sauf exception – de la possibilité de tout échange , de toute tendresse, entre hommes et femmes. Elle raille la bêtise militaire .  Le mari de la narratrice, qui lui a si peu donné, fut un grand combattant, un héros auquel elle a rêvé pendant trois ans – trois années pendant lesquelles ils furent mariés sans se voir. De quel camp ? On ne le saura pas et peu importe. Dans la ville où se passe l’histoire, des factions combattent, bombardent, s’introduisent brutalement dans les maisons, avec la même violence: il importe seulement d’être des leurs, ou de le proclamer, pour pouvoir espérer survivre.De cette litanie, on retient d’ailleurs, autant que les horreurs parsemant le récit, toutes les façons qu’ont les femmes de survivre, de combattre, de résister dans un univers qui semble sans issue : le mensonge, la violence, la fuite. Conte cruel, “Syngué sabour” a la force qu’il prête à cette “pierre de patience” qui lui donne son titre. Non nommée, l’héroïne narratrice reste une figure inoubliable.N’ayant ni nom ni prénom , elle est toutes les femmes .

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Bonne lecture ; c’est un livre à ne pas manquer  .  “syngué sabour (nf) = pierre de patience. Dans la mythologie perse, il s’agit d’une pierre magique que l’on pose devant soi pour déverser sur elle ses malheurs , ses souffrances ,ses douleurs ,ses misères… On lui confie tout ce que l’on n’ose pas révéler aux autres… Et la pierre écoute, absorbe comme une éponge tous les mots , tous les secrets jusqu’à ce qu’un beau jour elle éclate..Et ce jour-là on est délivré.”  (source : France2.fr)


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