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Cinéma: 'Two Lovers' de James Gray

Publié le 30 décembre 2008 par Paulo Lobo


A force de voir des mécaniques sans coeur ni passion, des mornitudes, on se fatigue, on perd doucement l'envie, on n'y croit plus... Puis survient la surprise, le bol d'oxygène qu'on n'attendait plus, on ressent de nouveau les bonnes vibrations du cinéma: c'est ce qui s'est passé hier soir pour moi en découvrant 'Two Lovers', le 4e film de James Gray, avec Joaquin Phoenix, Gwyneth Paltrow et Vinessa Shaw. Une histoire qui traite de l'amour de façon absolument pas nunuche, avec des situations et des personnages auxquels l'on croit. Joaquin Phoenix insuffle vie et sentiment à une sorte de déprimé un peu barjo, Leonard, un être maladroit, solitaire, engoncé dans son parka, grand adolescent trentenaire mal dans sa peau et complètement déboussolé après un grand malheur sentimental. Leonard, réfugié, ou reclus, chez ses parents, a le spleen et ne sait pas que faire de lui-même, de sa vie, de son boulot dans l'entreprise de son père... Presque coup sur coup, il fait la connaissance de deux filles qui le font sursauter. L'une, Sandra (Vinessa Shaw), la fille de l'associé de son père, brune, intelligente, elle s'approche de Leonard en essayant de le comprendre et de l'aider. L'autre, Michelle (Gwyneth Paltrow), la voisine blonde, la fille rencontrée par hasard sur le pallier, celle qui est à mille lieues du monde de Leonard, celle qui éveille le plus son émoi romantique. Ce n'est pas entre deux amours, la blonde Gwynneth et la brune Vinessa, que Leonard va hésiter, mais plutôt entre deux destins, celui convenu et bien sage tracé par ses parents et son milieu social, et celui de ses rêves, passionnel et libre de toute attache. Le film creuse ce dilemme sans l'alourdir, en nous montrant à la fois la sincérité de Leonard, son comportement obsessionnel quasi pathologique et les liens invisibles qui le retiennent. Leonard, pour se libérer du fatras qui l'étouffe, pense avoir besoin d'un grand amour idyllique et idéalisé, tout seul il ne se sent pas de force de larguer les amarres ... Le film ne tranche pas réellement la question, il ne condamne pas Leonard ni aucune des autres figures, il écoute ce coeur qui se démène et qui cherche une bouée de sauvetage dans l'amour romantique.    
James Gray ne caricature rien, jamais il ne force le trait, on est avec lui dans son observation d'un personnage, de son paysage psychologique et de l'environnement dans lequel il se meut. J'ai adoré la caméra de Gray aussi bien dans les scènes extérieures - New York est magnifiquement filmée, de jour comme de nuit - que dans les moments les plus intimes. L'appartement des parents de Leonard et la chambre de Leonard: ce territoire qui pour Leonard est à la fois refuge et prison, duquel il essaye de sortir sans se faire remarquer...  
Coup de génie de James Gray: les deux filles qui frappent au coeur de Leonard sont aussi sublimes l'une que l'autre, la douce Sandra (Vinessa Shaw) et l'exubérante Michelle (Gwyneth Paltrow), on comprend absolument que le bonhomme chavire. Allez, je vous avoue que personnellement, j'ai un faible pour Vinessa Shaw ...Extraordinairement interprété, bien écrit, réalisé avec inspiration, filmé à fleur de peau, dosant avec justesse les subtiles touches musicales, passionnant de bout en bout, 'Two Lovers' est un rêve de cinéphile, inoubliable et à revoir d'urgence!

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