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Weeds - 3.03 - The Brick Dance

Publié le 11 août 2007 par Heather

Cet épisode très bien maîtrisé enregistre la nouvelle situation de tous les protagonistes et en développe les conséquences. Il verse cette fois-ci véritablement dans un registre beaucoup plus dramatique, au final un peu éprouvant pour le téléspectateur mais toujours agrémenté de ces répliques so weeds-iennes que l'on adore.

Se réveillant comme après un interminable cauchemar, Nancy émerge après 22 heures d'affilée de sommeil, pour tenter de remettre ses idées en place. Avec ce détachement paniqué dont elle a le secret, le premier échange de la matinée est l'occasion d'annoncer son licenciement à Lupita. La famille n'a plus d'argent, que des dettes, chacun va devoir faire un effort. Après avoir tant voulu compartimenter sa vie "professionnelle" et la famille, Nancy décide que cela a suffisamment causé de soucis comme cela (notamment avec les bêtises sans fin de Silas). C'est une réunion de crise dans la cuisine, plus de langue de bois, même Shane se retrouve embrigadé dans la quête d'argent que Nancy lance en désespoir de cause. Et finalement, toute cette dynamique familiale qui résulte de la lente descente aux enfers de Nancy se révèle très intéressante. En bousculant un schéma jusqu'à présent très rodé, la série utilise les bouleversements récents pour se renouveler, optant pour de nouveaux rapports entre les personnages. Il s'avère que le plus prévoyant de tous les membres est évidemment... Shane, qui du haut de ses douze ans a déjà économisé 2.600 dollars en fonds de placement, tandis que toutes les maigres économies de Nancy ont été englouties dans l'ouverture de la pâtisserie. Andy contribue à sa manière en mettant sa guitare en vente sur e-bay. Tout le monde fait les fonds de tiroir, mais Nancy ne peut réunir immédiatement que 7.000 dollars. Une somme négligeable comparée à sa dette totale qui s'élève en début d'épisode à 150.000 dollars.

U-Turn n'est évidemment guère satisfait. Pourtant, au-delà des crises de nerf que les qui pro quo avec Nancy lui provoque, on sent qu'il veut trouver un moyen de récupérer son argent, quitte à faire travailler Nancy. Il lui demande finalement de récupérer un "paquet" mystérieux, dont il ne précise pas le contenu, dans un bar. La scène de confrontation entre Nancy et le leader hispanique est sans doute la plus dramatique de l'épisode. Initialement très pesante, la série alterne progressivement les ambiances, en parvenant à parfaitement jouer sur tous les tons. Le gangster demande à Nancy de danser pour lui, en échange de quoi il lui remettra le paquet. L'exigence est dégradante, le malaise de Nancy évident, et pourtant, une fois qu'elle se lance vraiment, le rapport de force s'inverse, suivant un schéma régulier dans Weeds. Ayant retenu l'attention du gangster, ce dernier lui remet finalement le colis. L'esprit de la série reprend alors le dessus. Il s'avère que U-Turn souhaitait seulement récupérer des clés de voiture, or voilà que Nancy lui rapporte plusieurs milliers de dollars de drogue... Nouveau qui pro quo qui nous éloigne du pur drama pour retrouver cette étrange dynamique improbable, versant dans l'absurde. Finalement, U-Turn confie le stock de drogue à Nancy en exigeant qu'elle en tire 12.500 dollars. Au vu de la quantité d'herbe, le challenge est de taille.

Comme désormais le business se fait en famille, Nancy réquisitionne Silas pour qu'il coupe les différentes parts afin qu'ils puissent les vendre. Ils sont tranquillement attablés à la cuisine, la drogue étalée devant eux, quand la sonnerie de l'entrée retentit. Un homme se présente, c'est un collègue de celui qui fut son mari la saison passée... un agent de la brigade des stups, venu lui poser des questions sur la mystérieuse disparition de son ami. Il ne pouvait sans doute pas mieux tomber. Weeds cultive cet art du timing avec un brio toujours aussi réjouissant.

Parallèlement, Andy renoue avec sa propre storyline, permettant de rompre avec la tension générée par l'histoire principale. L'armée se rappelle à ses bons souvenirs et notre pauvre Andy découvre qu'avoir seulement huit orteils ne constitue plus une cause d'exemption de service. Dans le bureau de liaison, les scénaristes nous offrent une scène irréaliste extra entre Shane et le militaire en fonction, débat sans fin sur la terminologie à employer pour qualifier cette "guerre en Irak". Par la suite, la série retrouve des thèmes classiques déjà développés à plusieurs reprises sur les raisons de l'intervention armée. Si elle cède un peu à la facilité sur ce point, c'est pour mieux ensuite rajouter aux ennuis d'Andy. La promesse d'un bureau confortable oublié disparaît rapidement : il doit être envoyé en Irak d'ici deux mois. Dans le camp d'entraînement, Andy se retrouve associé à un soldat, incarnant la caricature absurde du va-t-en guerre innocent et simplet. Pour notre pragmatique et cynique Andy, l'épreuve est presque aussi dure que le traitement militaire en lui-même.

Enfin, le divorce de Celia et Dean progresse. Après une entrevue où son avocate joue les requins en puisant dans des métaphores nautiques tranchantes, Celia se voit assigner une mission : se rapprocher de sa fille, qui constitue finalement le "patrimoine le plus rentable" de leur famille. L'objectif est périlleux. Celia tente bien de faire bonne figure. Mais en fin de compte, les services sociaux s'invitent dans sa chambre d'hôtel après qu'Isabelle ait passé un coup de fil de détresse afin de les informer des conditions de vie dans lesquelles elle est forcée de vivre en cohabitant avec sa mère pour le week-end. C'est un fiasco pour Celia qui se retrouve acculée, lâchée par son avocate. Finalement, elle tourne les talons et abandonne le combat pour la garde d'Isabelle, lui annonçant qu'elle est désormais "hors de sa vie". Totalement isolée, il est probable cependant que le personnage de Celia, qui a réussi à faire le vide autour d'elle en une petite saison, rebondisse rapidement.

Bilan : Il s'agit d'un épisode entièrement dramatique de très bonne facture. Les répliques toujours aussi enlevées et inspirées font mouche, c'est un plaisir à suivre, mais la comédie est mise en parenthèse pour un temps. Cependant, à la différence de certains épisodes de la saison 2, où le drama trop accentué faisait perdre à la série son dynamisme si particulier, dans cet épisode, elle parvient parfaitement à le conserver tout en faisant évoluer son ton d'ensemble.


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