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Esprit de contradiction(s)

Publié le 19 mars 2007 par Brunoh
Pour ce premier post printanier, j’avais très envie de jouer les naïfs…
Depuis quelque temps, en effet, certaines contradictions me taraudent.
Qu’elles soient grandes ou petites, ces incohérences finissent en effet par nous bouffer la vie.
Prenons le cas des idéologies, par exemple : pourquoi les personnes qui prônent l’interdiction de l’avortement, sous le prétexte fallacieux du respect de la vie, sont les mêmes qui se disent favorables à la peine de mort ? Un fœtus vaudrait-il davantage qu’un être humain d’âge adulte, fusse-t-il malade ou meurtrier ? À l’inverse, qu’est ce qui nous prouve que le bébé non souhaité et mal-aimé, dont on aura à tout prix voulu imposer la naissance, ne deviendra pas un criminel ?
D’ailleurs, à propos de criminalité, il serait temps de mettre le doigt sur une autre contradiction – médiatique celle-là – qui fait également désordre.
Comment se fait-il que le thème de l’insécurité, dont on nous a rebattu les oreilles durant la campagne présidentielle de 2002, n’est aujourd’hui pratiquement plus évoqué par les différents médias ?
Je me souviens parfaitement qu’à l’époque, lorsqu’on avait accusé les journalistes d’avoir provoqué la panique dans la population - induisant plus ou moins directement les résultats du premier tour d’une élection dont tout le monde se souvient - notre aristocratie médiatique s’était insurgée, affirmant que ces reportages n’étaient que les reflets de la réalité du pays, et qu’ils continueraient à parler d’insécurité tant que ce problème ne serait pas réglé en France.
Soit. Doit-on déduire de la quasi-disparition de cette thématique pour la campagne présidentielle de 2007 un bilan éminemment positif de l’état de la sécurité en France ?
Tel n’est pas l’avis de Sébastian Roché, sociologue au CNRS, professeur à Sciences-Po Grenoble et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet.
Invité le 15 mars dernier sur France Inter dans l’émission matinale de Nicolas Demorand, il a, au contraire, reconnu que les chiffres de la délinquance n’avaient pas baissé depuis 2002 - du moins dans les zones les plus touchées - même si l’on peut constater en parallèle un net recul des taux de criminalité… dans les zones rurales, qui étaient déjà relativement épargnées !
En clair, on se sent encore plus en sécurité là où l’on ne craignait pas grand-chose, mais rien ne s’est amélioré dans les quartiers les plus sensibles.
Du coup, à moins de mettre les villes à la campagne, comme le proposait déjà Alphonse Allais au siècle dernier, il semble que nous ayons à ce jour peu de moyens de juguler la violence et ses conséquences… Alors, quid de l’attitude des médias ?
Pour continuer sur ce thème des contradictions manifestes, prenons un dernier exemple : celui du temps d’antenne accordé aux différents candidats à l’élection présidentielle, qui est proportionnel à l’importance de ces derniers, c’est-à-dire, peu ou prou, aux résultats des sondages – dont on connaît la grande précision. Avouons-le : si, dans l’exercice de nos professions, nous étions aussi incompétents que les dirigeants des instituts de sondages, il y a fort longtemps que nous serions en train de pointer au chômage.
Imaginez un peu la France des sondeurs : il s’agit du même pays, sauf qu’il a élu comme Président Édouard Balladur en 1995, auquel a succédé Lionel Jospin en 2002. Si vous constatez comme une erreur, prière de contacter l’IPSOS !
Bref, nous calculons le temps d’antenne en fonction de prévisions erronées en provenance des sondeurs. Re-soit. Mais comme on peut présupposer que plus un candidat bénéficie de temps d’antenne, plus il lui est possible d’exprimer les détails de son programme afin de se faire connaître, on imagine aisément les conséquences du phénomène inverse : les « petits » candidats n’ayant que peu de temps pour évoquer leurs programmes dans les médias, ils restent marginaux, donc insignifiants dans les sondages, ce qui diminue d’autant leur temps d’antenne… CQFD.
Finalement, ce début de printemps est en train de me filer un de ces maux de crâne !

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