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kWh : faire pression sur les constructeurs

Publié le 14 janvier 2009 par Toyn

Le cas de la bataille d’images entre l’ONG Greenpeace et Apple reste dans les mémoires : après plusieurs années de dénonciations et de manifestations en tous genres, les militants de Greenpeace avaient obtenu l’an dernier que la firme de Steve Jobs se mette un peu plus au vert. Un comble lorsqu’on sait que le patron d’Apple a une approche personnelle zeno-végétarienne. On pourrait faire un raccourci rapide, et en déduire que c’est un ardent défenseur de la nature, ce qui revient grosso modo dans le gotha de San Francisco à conduire une Toyota Prius.

Mais business is business, et les ordinateurs et baladeurs de la célèbre pomme restaient parmi les plus polluants des matériels informatiques. L’image avant tout : Apple a dû faire un pas dans ce sens. Loin de se coller une étiquette de précurseur de la cause écologiste, l’entreprise a tout de même débarrassé ses ordinateurs de quelques composants embarrassants. Adieu PVC, réducteurs de flamme bromés, et bonjour le “soutien à la responsabilité individuelle du producteur”. En clair, Apple deviendra le bon élève (même si pour Greenpeace, il est pour l’instant simplement - mais tout de même - repassé de la fin du classement aux élèves moyens). La route est encore longue pourtant, et Greenpeace poursuit sa bataille de l’image.

Cette digression vient alimenter la problématique actuelle de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), et de sa récente demande d’imposer des étiquettes aux constructeurs électroniques. L’idée peut sembler incongrue, la dépense énergétique étant a priori l’un des critères les moins courus des passionnés d’informatique. Robustesse, vitesse, capacités, design… Mais pas quelques kilowatt-heures d’économies. C’est pourtant l’un des nouveaux chevaux de bataille de l’agence, qui pointe ainsi une évolution “inquiétante”. Quinze appareils high-tech (TV, hifi, vidéo, ordinateur, console…) en moyenne par foyer. Généralement 350 kWh en fonctionnement, 4W en veille. L’objectif de l’Ademe est de faire baisser cette consommation en veille et en utilisation.

Et pour ça, dans une course aux performances, l’utilisation des bonnes vieilles étiquettes de frigo apparaît à l’agence comme une solution viable. L’idée est de faire pression sur les constructeurs. En pointant une fois encore, en plus de la dépense énergétique préjudiciable à l’environnement, une perte financière de 30 euros par an. Un argument de poids en ces temps de disette. L’übergeek PS3-Mac-PC-écran plasma géant-vidéoprojecteur-gadgets en tous genres ne sera sans doute pas sensible à l’argument, mais la majorité des foyers lambdas y trouvera probablement son compte.

Ce que l’Ademe ne dit pas, et qui pourrait également être positif, c’est que cette étiquette simplifiera aussi le rapport de force face au vendeur, en magasin. Que ce soient les grandes surfaces de para-électronique, type Fnac, Boulanger, etc, ou les grandes surfaces, il n’est pas rare que le principal argument de vente soit la puissance. Puissance d’ailleurs souvent inutilisée oar la plupart des foyers classiques. Quel besoin d’une énorme carte graphique pour consulter ses mails ou aller sur Internet ? Mais quand le prix monte, l’utilisation n’a plus cours. Et la fameuse étiquette pourra être un référent simple, déjà connu par les consommateurs, et difficilement contredit.

Mais est-ce aussi simple ? Car dans la plupart des cas (on exclut donc les solutions “tout-en-un” d’Apple ou les consoles avec firmware intégré et inchangeable), la course au matériel vient aussi d’une évolution des logiciels. Comment en vouloir à une famille qui, du vieux Windows XP, voudra se débarrasser pour atteindre une version de Vista ou de Windows 7 ? Surtout quand les logiciels développés n’assurent qu’une rétro-compatibilité réduite. L’avenir des efforts des constructeurs se jouera probablement dans un rapport de force entre les consommateurs, toujours mieux informés, et les éditeurs logiciels, toujours plus gourmands en mémoire. A moins que l’avenir ne soit finalement au modèle de l’ancien Apple, qui contrôlait toute la chaîne, du logiciel au matériel. Car comment imposer une réduction de la consommation si personne ne se soucie de développer des systèmes capables de mieux gérer les processeurs, la mémoire ? Comment imposer à Apple, Microsoft, ou autres, un investissement dans les réductions de performances à court terme (bien que sur la durée les performances n’en seraient pas touchées), alors que c’est leur principal fonds de commerce ?

Bon courage, étiquette-frigo !

  

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