Magazine Culture

Deux âmes et quatre mains pour Michel Petrucciani

Publié le 17 janvier 2009 par Assurbanipal
Paris. Le Sunside. Lundi 12 janvier 2009. 21h30.
Alain Jean Marie : piano
Emmanuel Bex : orgue Hammond
Michel Petrucciani, pianiste français (1962-1999), avait enregistré un album live « Conférence de presse » en duo avec l'organiste Eddy Louiss. Cette soirée au Sunside fait partie d'une série de concerts dans les clubs de Jazz parisiens en hommage à Petru pour les 10 ans de sa disparition.
Ils jouent face à face. Vus de la salle, Alain Jean Marie est à gauche de la scène, Emmanuel Bex à droite.
Introduction en piano solo. Le duo part doucement. Le swing monte tranquillement. Emmanuel Bex joue plutôt classiquement pour l'instant. La complicité est évidente. C'est du badminton. Le volant ne retombe jamais.
« Looking up » composition de Michel. C'est un morceau swinguant qui nous emmène vers le haut comme son titre l'indique. Ca balance pas mal à Paris. Si Michel entend ça de là haut, il peut se réjouir car il n'est pas oublié. Bex porte un blouson de cuir et des lunettes noires. Un vrai cat. Bien que nous soyons un lundi soir, la salle est pleine. La bonne musique peut encore attirer du monde. C'est rassurant. Chacun des deux musiciens a sa partie dominante. L'échange des rôles se fait tout naturellement. Le fluide circule. C'est doux, c'est chaud, c'est bon. Alain Jean Marie ajoute une pincée de chaloupé antillais au morceau.
« Italian Soul » composition d'Alain Jean Marie. C'est une ballade qui évoque la dolce vita. Bex enlève lunettes et blouson de cuir dévoilant une superbe chemise à motifs géométriques. La musique est délicate sans affèterie, raffinée sans préciosité.
« My bebop tune » de Petru. Ce morceau est plus dynamique, plus rythmé que le précédent. Les ruptures typiques du bebop y sont. Nous savourons la nuit et le moment. Tout le monde retient son souffle jusqu'à exploser en applaudissements au final.
Bex commence son trafic sonore avec sa voix. Il y ajoute des nappes d'orgue. Alain ponctue doucement au piano. C'est la « Solitude » d'Emmanuel Bex, pas celle de Duke Ellington ou de Gilbert Bécaud. Les applaudissements cessent vite. Le public reste concentré sur la partie. Alain a repris la main. Ca plane pour nous. Alain Jean Marie est applaudi. A Bex de dérouler le velours de la mélodie.Il prolonge avec sa voix, trafiquée via le micro, le son de l'orgue.
Une composition de Petrucciani plutôt joyeuse, enlevée qui swingue avec virilité et légèreté. Nous sommes plusieurs à hocher de la tête en mesure. Bex fait la basse tout en improvisant. De belles descentes harmoniques avant de repartir sur le thème. Ca swingue léger et efficace. La classe.
Je profite de la pause pour discuter avec mon voisin, un architecte vénézuelien, diplômé en arts plastiques de l'université Paris VIII Saint Denis, venu passer un mois de vacances en famille à Paris. Père, mère, fils, oncle tout le monde parle français et aime le Jazz. Ca c'est Paris !
« Brazilian Suite » de Petrucciani. Bex a remis les lunettes noires et le blouson de cuir. La pause a dû le refroidir. Ca swingue léger, avec douceur et gravité.
« Sous le vent » d'Emmanuel Bex est une variation sur le thème de Miles Davis « So What » (album « Kind of Blue », 1959). C'est musclé. Bex a enlevé les lunettes noires et le blouson pour être plus à l'aise. Une belle berceuse rythmée. Quelle écoute, quel dialogue !
« Petite Louise » de Petrucciani. C'est une ballade qu'Alain commence seul au piano. Il distille l'émotion au bout de ses doigts. Sur un signal sonore, Bex, qui a remis ses lunettes noires, enchaîne. Bex se remet à chanter en harmonie avec son orgue, sur la même tonalité. Il vocalise plus qu'il ne chante d'ailleurs.
Bex enlève ses lunettes noires car le morceau suivant est plus swinguant. Bex joue l'introduction. Les mains au dessus des touches du piano, Alain Jean Marie attend son tour. Bex fait tourner l'orgue Hammond.Alain ponctue de quelques notes au piano. Après ce beau solo d'Emmanuel, Alain reprend la main. Bel échange coup pour coup entre piano et orgue. C'était un standard « I am old fashioned ». J'avoue que je ne l'avais pas reconnu.
« Latin Alley » d'Alain Jean Marie. Le piano introduit, fait des vagues. L'orgue enchaîne. La Mer est chaude. Bex traficote avec sa voix. Ca ondule toujours. Sur le final d'Alain, le temps suspend son vol.
A la deuxième pause, il est minuit. Il est l'heure pour les honnêtes travailleurs d'aller se coucher. Bonne nuit les petits.

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Assurbanipal 3096 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines