Magazine Humeur

Chronique ordinaire de la barbarie quotidienne

Publié le 17 janvier 2009 par Kamizole

samy-naceri-tentative-homicide-8-janv-2009-gueule-de-lemploi.1232218248.JPGOu quand la vie – la sienne, celle des autres – n’a plus aucun sens. Quelques exemples tombés sur ma boîte quasi en même temps à la fin de la semaine dernière ou un peu plus récemment. Une sorte de télescopage de diverses infos comme très souvent. Drôle de civilisation !

«Les civilisations sont mortelles» écrivit Paul Valéry, pensant sans doute à toutes celles qui ont disparu depuis l’apparition de l’homme sur terre et anticipant vraisemblablement l’actuelle débâcle. La nôtre est largement plus que moribonde.

Au XXIe siècle, règle-t-on au couteau une rivalité amoureuse quand on a 18 ans ? Deux lycéennes, sans histoire, apprend-on et désormais sans avenir. L’une est morte, l’autre croupira en prison au moins 7 ans, sinon plus, avec le poids du remords toute sa vie.

J’ai beau savoir que les crimes passionnels existent de toute éternité - que dire des vengeances de Héra ! - il me semble qu’un tout petit peu de jugeote devrait retenir de commettre de tels actes irréparables, sinon le respect de la vie d’autrui – il semble si vain aujourd’hui de parler de morale ! – tout du moins la certitude d’être prise et condamnée.

Mais sans doute est-il au moins aussi vain actuellement d’opposer le «principe de réalité» aux pulsions à des jeunes (et moins jeunes) qui vivent dans l’instantané, sans nulle référence au passé non plus que de projection vers l’avenir.

Quelqu’un me faisait remarquer qu’aujourd’hui beaucoup de jeunes ne parlaient et n’écrivaient pratiquement qu’au présent. Manque de vocabulaire et méconnais-sance des temps de conjugaison, très certainement mais pas uniquement. Un peu comme des potiches que l’on pose sur une cheminée : englués dans le moment présent.

Ne croyez pas que je veuille donner des leçons de vieille radoteuse réac. J’essaie de réfléchir à ce monde qui nous entoure. Je n’étais ni pire ni meilleure que les autres et j’avais même en ma jeunesse le sentiment très aigu que j’eus pu très facilement basculer dans la délinquance. Je mesurai la charge de violence potentielle que je sentais en moi et comme exutoire, j’ai préféré faire de l’escalade et de l’alpinisme…

Un peu plus tard, quand la personne qui partageait alors ma vie m’exaspérait trop – et elle était vachement douée pour cela ! – je préférais prendre mon vélo et parcourir une cinquantaine voire une centaine de kilomètres sur les petites routes de Sologne. Je rentrais calmée et le sujet de la discorde, souvent d’une insigne futilité, envolé.

Les agressions d’enseignants sont de plus en plus nombreuses depuis quelques années. Cibles privilégiés de tous les mal-être de l’adolescence. Sans doute hélas trop souvent la seule personne qui incarne encore une certaine autorité, aussi vacillante fût-elle, quand les parents «font la planche» ou refusent de voir les problèmes.

Dans le dernier cas qui nous occupe – un jeune élève d’un lycée technique qui a grièvement blessé un prof avec un couteau de cuisine - certains plaident la maladie psychiatrique, une réorientation mal vécue, un professeur qu’il aurait peut-être trouvé trop exigeant ! sans qu’il n’y ait apparemment jamais eu de conflit ouvert. C’est ben vrai, ça ! Où va-t-on si les profs commencent à demander quelque effort à leurs élèves ?

Il faut savoir néanmoins que la fin de l’adolescence est très souvent le moment où apparaissent les premiers troubles qui signent une schizophrénie ou autre psychose. Ne me demandez pas pourquoi, je n’en sais pas plus que vous – sans doute certain(e)s de mes lecteurs/trices sont-ils à cet égard mieux informés - sinon que c’est peut-être à cet âge qu’apparaît la peur de l’échec qu’il fut amoureux ou scolaire. Très souvent l’année du bac et l’examen lui-même servent de déclencheur.

Dans un des articles que j’ai survolés, je lis que le jeune homme avait été hospitalisé en psychiatrie après une tentative de suicide et qu’il était sorti à la demande des parents mais contre l’avis des médecins. Les parents ne sont pas toujours les meilleurs juges pour déterminer ce qui est bon pour leurs enfants, surtout dans une matière aussi délicate que les maladies mentales.

Enfin, un jeune gamin de 11 ans, retrouvé par sa mère pendu dans sa chambre. Ramené à la vie grâce à un massage cardiaque pratiqué par un policier appelé, et admis dans un service de réanimation, il n’a pas survécu.

Personne ne sait dire s’il s’agit d’une tentative de suicide ou d’un «jeu» qui aurait mal tourné - analogue à celui du «foulard» ou autres «étouffements» dans un sac plastique qui seraient en vogue chez les collégiens… Une sorte de «roulette russe» moderne, avec ce que l’on trouve plus facilement aujourd’hui qu’un revolver.

Jouer ainsi avec la mort – surtout si jeune ! - fait froid dans le dos.

Bien plus que d’improbables «pulsions de mort» de tels jeux me font penser, sans que cela soit encore très précis dans mon esprit, que les jeunes qui s’y adonnent manquent d’exutoires à leur énergie et précisément, bien au contraire, à leurs «pulsions de vie» qui cherchent à s’exprimer dans des comportements extrêmes, flirtant avec la mort. Besoin de «se mettre en danger» pour expérimenter la vie ? Autant d’ébauches de réflexions.

Exactement au même moment que le premier article sur la lycéenne réglant son dépit amoureux en massacrant sa rivale, je lus sur la «une» du Figaro - et juste en desosus ! encore un télescopage - que Samy Naceri avait failli tuer quelqu’un. Le couteau ayant eu l’heur de trancher une veine plutôt qu’une artère du cou de sa victime.

Le pire n’est-il pas qu’avec ses films à la noix, il serve de «modèle» à une partie de la jeunesse ?

Sans doute n’est-il plus de première jeunesse mais il est tout à fait représentatif des comportements agressifs pulsionnels : tu me fais chier, je te plante ! Ajoutez à cela qu’il est très certainement bouffi d’un orgueil mal placé parce que considéré comme une star… bien à tort au demeurant.

En tout cas, nullement par mémé Kamizole qui déteste la violence, les navets à grand renfort de poursuites et s’est en conséquence bien gardée d’aller dépenser son fric pour aller voir les «Taxis».

C’est le dernier avatar – qui eût pu être tragique - de la longue suite de ses comportements agressifs et délinquants qui ont émaillé sa vie depuis qu’il s’est pris la «grosse tête» au point de se croire au-dessus des lois respectées par le commun.

Qu’il aille une fois de plus pourrir en prison me laisse complètement indifférente et j’avouerais même que moi qui suis loin de considérer la prison comme une bonne chose, pour une fois je me réjouis plutôt qu’il soit écarté de la société pendant un certain temps : il sera moins nuisible en prison (et accessoirement, les écrans de cinéma ne risqueront pas d’être encombrés par ses conneries !).

J’espère néanmoins que fort de son statut de «star» il ne sera pas tenté de jouer les «caïds» en zon-zon. Mais qu’au contraire, ses co-détenus lui rabaisseront définitivement le caquet.

Je me demande d’ailleurs par quel miracle il échapperait (d’après ce que j’ai entendu sur France-Info) aux Assises.

Parce qu’il s’agit bien d’une tentative de meurtre et qu’en droit pénal la tentative est punissable de la même façon que l’infraction et qu’au surplus «l’intention» est un élément essentiel pour la qualification juridique des faits incriminés.

Jusqu’à présent, sortir un couteau et porter des coups avec ne relève pas, à mon avis, du simple homicide involontaire, lequel n’est passible que du tribunal correctionnel.

Aurait-on le souci d’éviter le jugement – forcément aléatoire – d’un jury populaire ? qui pourrait aussi bien le condamner sans pitié en tant que personnalité connue ou être plus clément pour la même raison ?

SOURCES

20 minutes

Une rivalité amoureuse se conclut par un meurtre

Un lycéen poignarde son professeur en Mayenne

Professeur poignardé en Mayenne: l’élève avait prémédité son geste

Un enfant de 11 ans dans un état grave après une possible tentative de suicide

Mort d’un enfant de onze ans après une possible tentative de suicide

Samy Naceri poignarde un homme

Samy Naceri mis en examen

Le Figaro

Une lycéenne poignardée à mort par une camarade

Un professeur grièvement blessé par un de ses élèves

Samy Naceri en garde à vue pour «tentative d’homicide»

Libération

Samy Naceri en garde à vue après une «tentative d’homicide»


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