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Sexualité: parlons-en avec nos enfants

Publié le 19 janvier 2009 par Rim

Ignorance est mère de tous les maux. [François Rabelais; extrait de Cinquième Livre]
Le préjugé est enfant de l'ignorance [William Hazlitt; extrait de Sketches et Essais]


Le « sexe noir » est devenu une pandémie qui menace, sans différence d’âge, de sexe ou de culture, l’intégrité physique et psychologique de toute personne. Des enfants aux adultes, les abus sexuels sont fréquents, souvent encore sous déclarés, de plus en plus violents. On en parle de plus en plus mais pas toujours assez, parce que le sexe est considéré comme « sale », « souillant » même (surtout) les victimes.


Mais le sexe (et la sexualité) n’est ni un monstre ni une menace (même si la genèse le veut à l’origine de tous les maux). La sexualité, instinct, apprentissage et plaisir est une partie intégrante de l’être humain, qui n’a pas qu’un but procréatif (heureusement). Au-delà de l’aspect reproductif, une sexualité épanouie (être bien dans son corps et avec son partenaire) est la clé du bien-être physique et psychologique, et il n’y a pas d’épanouissement sans connaissance : se connaître et connaître l’autre : sa structure, son fonctionnement, ses différences.

La sexualité reste encore un sujet tabou, aussi bien à la maison qu’à l’école, collège ou lycée, et même entre adultes. Les adultes « redoutent » d’aborder un sujet « aussi sensible », laissant le terrain vierge à toutes les mauvaises et fausses idées que nos enfants vont récolter auprès d’autres jeunes, dans des magazines porno partagées entre copains et des films X regardés en cachette.
On ne peut pas protéger un enfant- sauf momentanément et en l’enfermant dans une bulle insonorisée, étanche, isolée du monde extérieur (synonyme de certaines pratiques sectaires). On a beau jouer les super-protecteurs de nos enfants, tôt ou tard ils finiront par sortir dans l’immense monde qui les entoure, qui n’est pas fait que de bonnes choses et de gentilles personnes, où la vie loin d’être en rose sait montrer crocs et griffes. Alors l’enfant, même devenu adulte, se retrouve démuni de toute arme pour se défendre, tel un organisme dépouillé de toute immunité dans un monde grouillant de microbes.

L’ignorance est une terre fertile où le vice germe facilement et étale ses tentacules. Le mal n’est pas dans la sexualité (contrairement à ce que beaucoup de mouvements essaient de propager), le mal est là où l’obscurantisme tisse ses toiles sur un enfant ou un adolescent, psychologiquement immature, et brouille sa vision de la réelle place et la vraie dimension de la sexualité.
Abordée tôt au sein des familles et dans les manuels scolaires, adaptée à l’âge et au développement psychologique et social de l’enfant, l’éducation sexuelle est le seul moyen de rompre avec le cercle vicieux qu’est devenue la sexualité « commerciale » de la société.


Il n’est jamais tôt pour parler sexualité avec vos enfants. Il n’est jamais tard non plus, même si en parler tôt est le meilleur moyen pour limiter la nocivité de l’influence extérieure. Très jeune l’enfant commence à poser des questions, sur le zizi ou son absence, sur les bébés qui arrondissent le ventre et arrivent un beau jour, comme par magie. Commencer à en parler, sans complexe, en appelant un chat un chat (commencer au départ par décomplexer la sexualité, encore tabou même chez nous Adultes). Ne grondez pas un enfant pour une question « déplacée » avant de faire un silence de mort ; ce serait donner libre court à l’imagination toujours fertile d’un enfant, qui se saute sur tout ce qu’elle capte pour se nourrir et se développer.

Garçons et filles, parlez-en avec eux sans distinction. Ne diabolisez pas le corps, ne le rendez pas tabou, objet de Satan qui se cache derrière un plaisir « éphémère ». Si vous surprenez votre enfant se caressant ses organes sexuels, ne le réprimandez pas, ne le punissez pas ; parlez-en avec lui pour comprendre l’effet que ça lui laisse. Expliquez-lui les limites : son corps n’appartient qu’à lui, il ne faut pas laisser un autre le toucher comme il se touche, il ne fait pas placer des objets sur son sexe, il ne faut pas faire ceci en public, etc.). La masturbation est un acte normal et commence très tôt, à l’âge de quelques mois. La sexualité chez un enfant n’a rien de «sale » chez l’adulte non plus). C’est essentiel pour son développement psychologique. Elle participe à la diminution des frustrations ultérieures, à la prise de conscience de la dimension physique du corps et de la satisfaction (appelée aussi plaisir, très différent chez un enfant du plaisir de l’adulte).

Le sexe est omniprésent dans notre vie. Images, mots, allusion, le sexe est à la une de notre quotidien. Ce n’est pas un danger, sauf détourné de sa propre valeur, par des gens présentant des troubles psychiatriques plus ou moins profonds et plus ou moins dangereux, par des commerciaux peu scrupuleux qui profitent des failles humaines pour faire du sexe un objet qui se vend comme des petits pains. Le sexe n’a jamais été aussi demandé, par tout le monde et à tous les âges. Un besoin d’échapper à des frustrations intérieures en plongeant dans l’univers virtuel des autres (toujours trop parfait), au point de s’oublier soi-même. Il n’y a pas de troubles sans terrain propice, et c’est souvent le résultat d’une absence ou d’une mauvaise approche de la sexualité depuis le jeune âge, qui crée un trouble parfois si profond qu’il nous garde sous son joug toute une vie, faisant de nous des malheureux, des malades, des criminels.

http://www.cite-sciences.fr/francais/ala_cite/expositions/zizi-sexuel/


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