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"Walkyrie" : résistance au mal au coeur du III° Reich

Par Vierasouto
Bien que j'ai eu la chance de voir ce film il y a une dizaine de jours, je m'étais engagée à ne pas publier de critique avant le 20 janvier, mission accomplie... Le 22 janvier, le club des 300 Allociné organise une projection privée en avant-première au Forum des images à Paris (pour laquelle 1 personne a pu gagner sur ce blog deux invitations en répondant à un Quizz), d'autres critiques seront donc très bientôt en ligne avant la sortie le 28 janvier en salles...  (Déjà en ligne, la critique du blog de Rob Gordon...)


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Peu de gens savent qu'il a existé une opposition allemande à Hitler au sein même de l'administration du 3° Reich : ce furent les résistants les moins connus mais les plus puissants : de hauts dignitaires militaires et politiques, souvent de vrais aristocrates, comme le Comte Claus Von Stauffenberg ici dans «Walkyrie», horrifiés par les décisions et la politique d'Hitler. L'opération Walkyrie, basée sur la mobilisation de l'armée de réserve, existait déjà : c'était une stratégie top secret mise au point par l'armée pour protéger Hitler en cas d'attentat. Le Colonel Claus Von Stauffenberg, chef des armées de réserve, sera au poste idéal pour détourner cette opération Walkyrie afin, au contraire, de faciliter un attentat contre Hilter en juillet 1944. Auparavant, le film montre également la tentative échouée d'attentat contre Hilter en 1943 en dissimulant des explosifs dans des bouteilles de Cointreau embarquées comme cadeau à bord de son avion privé. L'opération Walkyrie du 20 juillet 1944 est beaucoup plus ambitieuse, il ne s'agit pas seulement de tuer Hitler mais de tenter de renverser le gouvernement afin de mettre en place un nouveau régime. Bilan : l'opération n'ayant pas réussi, 200 personnes furent alors exécutées et 700 arrêtées : ces hommes considérés comme des traîtres à l'époque sont aujourd'hui célébrés en Allemagne comme des héros. Mais cela va au delà : savoir qu'il existait une résistance à Hitler, même si elle n'a pas réussi à renverser le régime, est déjà très important, le  Colonel Claus Von Stauffenberg ne se faisait pas d'illusions sur le pourcentage de réussite des attentats qu'il fomentait mais il voulait agir.


photo TFM distribution

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Au début, l'Afrique du nord, la Tunisie, la poussière du désert, le Colonel Claus Von Stauffenberg écrit ses pensées sur cette sale guerre dans un cahier, puis, il demande la complicité du général pour rapatrier ses hommes et les sauver du désastre, il l'obtient mais trop tard, une attaque aérienne décime la compagnie. Le Colonel Claus Von Stauffenberg est grièvement blessé, il perd une main et un oeil, et il passera le reste du récit avec un bandeau noir et, dans une petite boite en argent, un oeil de verre qu'il n'utilise que pour les grandes occasions, aller voir Hitler, par exemple, pour lui faire signer un document qui sert son plan de le liquider... Après le jaune sable du désert tunisien, le vert des campagnes russes et allemandes et le rouge du 3° Reich. Dès le départ, le Colonel Claus Von Stauffenberg tient des propos subversifs, posant que servir l'Allemagne est incompatible avec servir le führer : ainsi il en arrive à se comporter à la fois en héros et en traître, prêt à se sacrifier et physiquement et moralement tout en étant accusé de haute trahison dans l'armée, prêt à mettre sa famille en péril pour sauver son pays, c'est un vrai aristocrate au sens où il se sent responsable du peuple d'Allemagne et de son destin. Tom Cruise, qui a intériorisé son jeu avec les années, interprète le Colonel Claus Von Stauffenberg aussi sobrement que la tonalité du film, parfaitement crédible en misant sur l'impassibilité du personnage, l'hyper-contrôle des sentiments, le sous-entendu dans un demi-regard sombre, la gestuelle minimum, voire la raideur du corps, ce qui est un tour de force, compte tenu que le personnage passe presque tout le film avec la moitié du visage couvert par un bandeau et un seul bras valide.


photo TFM distribution

On est étonné par la sobriété de ce film, un générique simple rouge sang avec off les voix des officiers prêtant serment à Hitler, on découvre ensuite qu'il s'agit du rouge du drapeau avec la croix gammée au centre... On sent tout de suite le parti pris de de faire simple et sans fioritures, c'est le bon choix sauf que ça devient, dans la seconde partie du film, une sorte de compte rendu en images où l'on revoit les mêmes gestes des mêmes protagonistes (à chaque tentative d'assassinat d'Hitler) passant par les mêmes canaux d'information et les mêmes relais procurant l'impression générale d'ensemble que le film est est tout de même un peu plat... Après une première partie réussie, on peine à rester concentré dans la seconde partie du film, soit la seconde heure. D'autant que visiblement préoccupé de vérité historique, le réalisateur relate l'Histoire plus que l'histoire, par exemple, on ne voit aucune relation amicale se nouer, encore moins d'aventure amoureuse (l'épouse du Colonel Claus Von Stauffenberg est presque muette), pas le moindre rapprochement entre tous ces officiers que des rapports de force, selon qu'on a affaire aux uns ou aux autres, voire d'estime ou de mépris, selon les cas. Si le volet historique est réussi, la reconstitution raffinée, l'ambiance de thriller politique ambitionnée par le réalisateur ne marche pas et pas seulement parce qu'on connait la fin de l'histoire... L'absence de relief du récit où tout est traité à peu près sur le même plan, la mécanisation des gestes, la surenchère des comptes à rebours, l'absence de relations affectives entre les personnages, tout concourt à une atmosphère documentaire gommant toute montée d'adrénaline chez le spectateur. C'est un peu la même chose que dans «Che» (dont le second volet sort le 28 janvier comme "Walkyrie"), on est dans une option de narration factuelle précise comme un procès verbal...


photo TFM distribution

Beau casting presque exclusivement masculin, souvent anglais (sauf Carice Van Houten, actrice hollandaise repérée dans «The Black book» dans le rôle de Nina Von Stauffenberg) avec également Kenneth Branagh (le Général Henning Von Tresckow), Bill Nighy (le Général Friedrich Olbricht) et Terence Stamp (le Général Ludwig Beck). A noter la réprésentation d'Hitler, ce qui est assez rare, moins convaincante mais sobre. Dans l'ensemble, on attendait Tom Cruise au tournant et on avait tort, il n'a pas choisi le héros le plus facile à interpréter mais le plus stoïque, mieux, il a choisi un récit qui va bien au delà de ce qu'il raconte en réhabilitant la résistance allemande au coeur même de l'armée nazie, c'est une forme d'engagement politique. Tom Cruise est un personnage complexe auquel apparemment personne ne comprend rien, discrédité par son adhésion à l'église de scientologie, il semble animé du désir d'accomplir une mission, des missions sur cette terre... Pour l'avoir observé quand Tom Cruise est venu à Paris à la cinémathèque française, l'homme semble, comme on dit, «habité», le regard allumé d'un feu intérieur, professionnel jusqu'au sacrifice!!! passant tout de même plus d'une heure à signer des autographes, longeant toutes les barrières de sécurité une à une, ne refusant de poser pour aucune photo avec ses fans, étonnant!

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