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Contre la «mort»de l’hôpital de Grand-Yoff : Les travailleurs réclament le départ du directeur

Publié le 21 janvier 2009 par Black2004

Les agents de l’Hôpital général de Grand-Yoff ne voient pas d’autres solutions ŕ leurs maux et ŕ ceux de leur établissement, si ce n’est le départ de leur directeur. Sans quoi, en plus du sit-in de lundi et de la marche d’hier, ils vont paralyser le systčme par une grčve en février prochain.

Des klaxons de taxis se męlent aux sirčnes des ambulances. A l’entrée de l’Hôpital général de Grand-Yoff (Hoggy), le service Accueil-orientation-information est fermé. Juste ŕ côté, il est écrit : Hôpital sans tabac, puis Hôpital-silence. Les blouses blanches, bleues ou vertes arborées par les chirurgiens vont quand męme briser ce silence au profit des slogans du genre «Cto (ancienne appellation de l’hopital) est mort, Babacar (Babacar Ngom, le directeur de l’établissement sanitaire) l’a tué». A 8 heures, le couloir du service Kinésithérapeute est jonché de patients en file indienne pour acheter leur ticket. L’environnement n’indique en rien qu’une marche est prévue ŕ 10 heures.
Devant un ordinateur, les lunettes bien ajustées, le chargé de la communication du Syndicat unique des travailleurs de la santé et de l’action sociale (Sutsas), Cheikh Seck, taille bavette, par moments, avec ses camarades. Des schémas du corps humain illustrés sur le mur. Le kiné Seck n’est pas pręt pour un massage des clients, mais essaie de convaincre une dame qui hésite encore ŕ prendre part ŕ la procession annoncée, aprčs le sit-in de lundi. Les administratifs aussi l’interpellent : «Non, Cheikh, je ne suis pas d’accord sur les propos que vous avez tenus ŕ la télévision.» Il concčde et ajoute : «D’accord, mais dites-le moi aprčs la marche.» Une réponse qui en dit long sur la détermination du Cadre unitaire de la santé (Cut), et l’Intersyndicale des travailleurs de l’Hoggy, en dépit de quelques rigolades.

POUR LE DEPART DU DIRECTEUR

A 10 heures déjŕ, le jardin verdoyant de l’Hôpital est blanchi par les blouses de contestations et des masques de chirurgien. On sautille pour respirer la forme, celle-lŕ que l’hôpital ne peut pas afficher avec ses maux «innombrables». Alors que juste devant le portail, la fourgonnette de la police est stationnée pour encadrer la manifestation.
Une dame, vętue d’un tee-shirt ŕ l’effigie de Barack Obama est visiblement désolée par l’arręt de travail. Les sirčnes d’une ambulance se confondent aux slogans des manifestants. Les stéthoscopes autour du cou ne seront pas en service mais juste pour exprimer un mécontentement. On s’atčle ŕ charger les piles des mégaphones puis ŕ les tester, et le secrétaire général du Syndicat des travailleurs de la santé (Sts), Saliou Badiane entonne «Nadem ! nadem ! (qu’il parte !)», repris par les agents qui réclament plus de «produits anesthésiques», de «fils» et «sauver le bloc opératoire». M. Badiane accuse le ministre de la Santé et le directeur de l’hôpital «qui a servi ŕ deux d’entre eux des demandes d’explications», de vouloir «casser» leur mouvement. Et Badiane de demander, accompagné par les chœurs de ses camarades, «que le ministre prenne ses responsabilités».
7 MILLIARDS DE LA SANTE «INVISIBLES»
Les deux voies du Front de terre sont encombrées par la foule. Leurs slogans sont repris par les vendeurs installés sur les allées, des mécaniciens et des teinturiers. «On arrive plus ŕ soigner comme il le faut», crie-t-on. Une voix surgit des allées et s’étonne : «Ah oui ; Bon Dieu, comment ça ?» Les marcheurs arrivent au rond-point liberté VI, point de chute de l’itinéraire puis, ils font demi-tour. Le commissaire de police leur rappelle que les déclarations étaient prévues au rond-point. Un des syndicalistes répercute le message et rend hommage aux éléments de la police, qui baissent la tęte, signe d’une indifférence. Dans son discours, Cheikh Seck s’est dit «indigné» que les 7 milliards de la loi rectificative «initialement destinés au redressement» des établissements de santé soient transférés ŕ d’autres secteurs. Les malades aussi étaient de la partie et ont levé la main pour dire leurs maux. Cette dame résidant ŕ Pikine, qui ne cesse d’acquiescer quand on parle de manque de médicaments, a laissé son enfant victime d’un accident, il y a cinq mois, dans son lit. «Je dépense 7 000 francs Cfa par jour», pleurniche-t-elle encore sous les regards chagrinés des blouses blanches. Les travailleurs de l’Hôpital général de Grand-Yoff ont repris service mais, pensent déjŕ ŕ une grčve générale, aprčs expiration de leur préavis, le 2 février prochain.


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