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L'investiture d'Obama, un événement vu à la télé

Publié le 20 janvier 2009 par Spies Virginie
L'investiture d'Obama, un événement vu à la télé
C'est un événement mondial, donc un événement médiatique. Ce mardi, chaque média a couvert l'investiture d'Obama à sa manière. Regard sur la façon dont la télévision française a traité de la question et comment ils se sont différenciés.
Les chaînes d'info en continu, bien sûr, ont commencé plus tôt que les autres à commenter l'invesiture, avec une édition spéciale tout au long de l'après-midi. Sur LCI, un générique, un plateau, un habillage créé tout spécialement pour l'événement, aux couleurs de l'Amérique, avec des journalistes et invités, spécialistes des Etats-Unis. Le principe est toujours le même, on commente des images en direct, en parle de ceci et bien sûr de cela, en donnant le sentiment, par les images en direct, d'une forme de communion avec l'événement qui se déroule sous nos yeux.  
Sur TF1 et France 2, l'antenne est occupée un peu plus tard. Ici comme ailleurs, il est fréquent que les commentaires ne fassent que décrire ce qu'on peut voir à l'image : 16 h 50 : "Ah, l'ancien et le nouveau président sont en train de quitter la maison blanche...". Il s'agit très souvent de "meubler", en attendant la prestation de serment. Sur France 2, Bernard-Henry Levy, Franz Olivier Giesbert ou Nicole Bacharan discutent, distillent leur savoir sur les Etats-Unis, le tout sous la houlette de Marie Drucker. Sur TF1, le plateau est plus politique, avec  à ma droite, Rama Yade qui est devenue la spécialiste de la question noire en politique pour la télévision depuis l'élection d'Obama, et Christine Lagarde qui, avant de devenir ministre, a mené une carrière franco-américaine et connaît bien le système politique américain. A ma gauche, il y a également Ségolène Royal en direct sur un plateau depuis New York. Quelle meilleure place, pour l'ex candidate aux élections présidentielles en France, que  le plateau de TF1 pour être mise en avant et avoir un écho politico-médiatique, bref, effacer ses confrères français ? Le journaliste qui dirige le débat est Jean-Claude Narcy, spécialiste des grands événements pour TF1. En extérieur, aux côtés de l'envoyé spécial de TF1, il y a également miss France (je n'invente pas, je jure). Visiblement, elle se caille, et on lui demande ce qu'elle ressent : "c'est de la chaleur : c'est Yes we can, Yes we did".  Jean-Claude Narcy justifie l'invitation de la miss parce qu'elle a la double nationalité (franco-américaine), et qu'elle est métisse. Pour mémoire, lorsque cette jeune femme qui a été choisie comme miss-France, il y a eu des rumeurs racontant qu'elle avait remporté la couronne grâce à son statut de métisse, très à la mode depuis l'élection d'Obama. Loin de moi l'idée de dire que TF1 avait prévu son coup longtemps à l'avance. Dans ce plateau politique, Rama Yade est mieux renseignée qu'une simple journaliste, et elle apporte des détails sur les personnes que l'on voit, commentant les images à rendre jaloux Eugène Saccomano en soir de grand match. Christine Lagarde quant à elle commente les couleurs des vêtements de Michelle Obama, c'est de la fashion-politic. A l'arrivée du nouveau président, l'image, sur TF1, est coupée en deux pour qu'on puisse voir à gauche le visage ému de Rama Yade. Nous sommes sur le registre de l'émotion et de la proximité, ce qui rassemble le mieux.  
La différence entre les deux grandes chaînes françaises réside moins dans les images américaines, qui sont strictement les mêmes, que dans les invités qui composent le plateau. Plus people-itique sur TF1, plus "intello" sur France 2, ce qui donne un résultat très différent. Ces différences de plateau, on la vu, témoignent de l'identité des deux chaînes et montre que leur façon de décrire le monde n'est pas la même, proximité et politique pour l'un, et plutôt un axe de réflexion pour l'autre. Enfin, Il était important, pour les médias, d'être sur place, car cet événement mondial est porteur d'espoir, un espoir immense et partagé. En ce sens, cette cérémonie était un moment de communion, une sorte "d'anti-11 septembre", un malheur contre un bonheur.

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