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N’écrivant pas comme elle, ne pensant pas comme elle, je suis d’accord

Par Georgesf

Elle n’écrit pas comme moi, ne pense pas comme moi, je suis donc pleinement d‘accord avec elle.

N’écrivant pas comme elle, ne pensant pas comme elle, je suis d’accord

 

Il y a une femme, auteur de nouvelles et de romans, à qui je cèderais volontiers ma place, même s’il s’agissait de passer devant les caméras de télévision comme lundi 12 janvier sur France 3, à 17h20 pour l’émission « Un livre, un jour », c’est Frédérique Martin.

La première fois que je l’ai croisée, c’était pour faire la gueule. Je débutais dans l’écriture, j’avais participé à un prix littéraire phare pour les nouvellistes non-publiés, c’était le Prix Prométhée. Le recueil du gagnant est publié et bien soutenu par les Editions du Rocher. Un vrai rêve d’auteur.

J’avais donc envoyé un manuscrit ni fait ni à faire, qui devait devenir un peu plus tard La Diablada. Je me suis fait battre par cette femme que je ne connaissais pas : mais j’ai immédiatement décidé que son recueil ne pouvait être que très mauvais.

Quelques semaines plus tard, j’ai envoyé La Diablada aux éditeurs. Anne Carrière m’a dit oui, et j’ai jubilé « Ha, les organisateurs du Prix Prométhée et leur lauréate, ils vont voir ! ». Et c’est moi qui ai vu. Car j’ai commencé par découvrir que ce tapuscrit était insuffisamment écrit. Il m’a fallu plusieurs mois de travail sur des pages biffées de rouge par une correctrice de haut niveau pour comprendre à quel point l’alibi « C’est mon style, j’écris comme ça » n’est qu’une excuse de fainéant. En retravaillant, on peut aller beaucoup plus loin. C’est là que j’ai vraiment appris à écrire.

Je croyais y être parvenu quand La Diablada a fini par être publié. J’ai alors acheté, goguenard, le recueil qui avait gagné le Prix Prométhée et allez, disons-le, qui me l’avait volé. Et c’est là que j’ai pris me deuxième leçon d’écriture : ce recueil, c’était L’Écharde du Silence, de Frédérique Martin. Il y avait là une qualité d’écriture qui m’a laissé pantois. Les mots, les phrases n’étaient pas seulement là pour l’élégance (ce qui n’est pas si mal), mais pour faire apparaître de façon plus précise des sentiments rares. Une pensée qui, en elle-même, avant d’avoir été écrite, était déjà de l’écriture.

En une soirée de lecture, j’en ai tiré des conclusions, une sorte de morale du travail, que je n’ai jamais oubliées.

Plus tard, j’ai retrouvé Frédérique Martin, à Lauzerte, rendez-vous annuel des nouvellistes et de leurs lecteurs. J’y suis allé comme auteur, j’en suis rentré comme lecteur : dans le train du retour, j’avais découvert une fabuleuse nouvelle de Frédérique, parue dans le N° 81 du magazine Brèves, intitulée « Le désespoir des roses ». C’est une formidable nouvelle, une des plus belles que j’aie jamais lues. Elle commence par « L’autre jour, j’ai vendu ma mère ». La suite est du même tonneau. Lisez cette nouvelle, vous ne le regretterez pas. Dans la foulée, lisez son œuvre, vous en trouverez les titres sur son site.

Vous l’aurez compris, j’aime bien ce qu’écrit Frédérique. Je ne suis pas comme elle, je ne pense pas comme elle, je n’écris pas comme elle. Mais elle le dit tellement bien que j’ai souvent envie d’être d’accord avec elle.

C’est comme dans le texte « Écrire pour dire et se dire » que je vous propose en lien, sur son blog. Elle y parle de la condition de l’écrivain. Vision totalement différente de la mienne, faut-il le dire. Elle en parle tellement bien que j’ai presque envie de devenir l’écrivain qu’elle décrit. Mais le chemin serait long, et c’est une vision tellement fine qu’elle n’offre pas de place pour deux.

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