Magazine Humeur

La gare Saint-Lazare serait-elle maudite ?

Publié le 24 janvier 2009 par Kamizole

C’est en effet une question qui ne peut manquer de venir à l’esprit. Après des travaux de réaménagement des installations en souterrain qui ont fait monter une armada de rats sur les voies de surface, avec une suspicion de leptopsirose pour un employé (la SNCF conteste bien évidemment la maladie professionnelle) et la grève surprise le 13 janvier 2009 – après l’agression d’un conducteur à Maisons-Laffitte dans la soirée du 12 janvier - qui dernièrement a conduit au blocage total de la gare - au grand dam de Nicolas Sarkozy qui veut interdire purement et simplement le droit de grève ! Plus «vichyste», tu meurs ! – je lis sur 20 minutes que plusieurs milliers de voyageurs ont été bloqués hier à la gare Saint-Lazare.

Cette fois, il ne s’agit pas d’une grève mais d’un «accident de personne»… D’après ce que j’ai entendu tout à l’heure sur France-Info, une personne a été écrasée par un train en traversant une voie. La victime serait grièvement blessée.

Toujours est-il que les voyageurs se sont conduits comme des porcs.

Dans un premier temps, les passagers du train qui a été bloqué par l’accident sont descendus des rames et ont envahi les voies. Ce qui est une singulière manière de hâter la reprise du trafic ! lequel a donc été entièrement bloqué…

On peut se demander toutefois si l’accident a été signalé par haut-parleur dans les rames (à condition qu’il y ait des hauts-parleurs…) On connaît en effet les carences de la SNCF en matière de communication en cas de problèmes (y compris sur les TGV).

Mais là où les voyageurs ont dépassé les limites, c’est en gare de Saint-Lazare !

«Des voyageurs impatients ont encerclé un local d’accueil dans lequel se sont réfugiés les agents de la SNCF pour échapper à la colère des usagers, qui ont brisé deux vitres de ce local et craché sur les autres. Les policiers entouraient le local pour protéger les agents de la SNCF de la colère de la foule».

MERDALOR ! Dans quel monde vivons-nous désormais ? Ces gens-là ont-ils une quelconque éducation ? Que diraient-ils si de jeunes «sauvageons» (dixit Jean-Pierre Chevènement à qui je ne donne nullement tort !) leur crachaient dessus ? Ils ne se conduisent pas mieux…

L’impatience est devenue une des données de cette époque vraiment délétère… Elle est d’ailleurs incarnée par Nicolas Sarkozy himself qui ne supporte aucune contrariété, aucun contre-temps… Et donne le «la» à tous ses ministres… La neige bloque-t-elle Roissy ou Marseille ? Il faut des responsables, couper des têtes. Peu leur importe que l’aéroport de Montréal – pourtant équipé en conséquence ! – soit parfois bloqué par la neige ou le verglas… Ils n’ont qu’un mot à la bouche : économies et voudraient néanmoins que Marseille s’équipât d’un chasse-neige qui ne serait utilisé que deux ou trois fois en 50 ans ?

J’ai beau n’être nullement un parangon de patience, je reste placide quand de tels faits se produisent. Et pourtant, j’aurais de quoi écrire plusieurs chapitres – je les raconterai peut-être un jour - sur mes divers déboires avec la SNCF depuis 40 ans ! Je peux certes m’irriter en parole – quoiqu’il m’arrive plutôt de déchaîner mon humour acide dans ces occasions - mais jamais au grand jamais je ne me permettrais de m’en prendre au personnel, fût-il gréviste.

Toujours est-il que Nicolas Sarkozy et donc son fidèle toutou, Brice Hortefeux, nouveau ministre du travail – il doit assurément être une réincarnation de René Belin, ministre du travail de Pétain, à moins que ce ne fût Adrien Marquet, ministre de l’intérieur – entendent bien apporter toutes les restrictions possibles et inimaginables au droit de grève à la SNCF, y compris en supprimant le «droit de retrait» en cas de situations dangereuses… dont assurément les agressions contre le personnel qui se multiplient sont l’illustration.

Il est peu probable que Nicolas Sarkozy ou Brice Hortefeux empruntassent les transports publics, sinon entourés d’une meute de policiers et gardes du corps : une façon supplémentaire de faire «s’esquicher» les voyageurs habituels déjà si compressés dans les wagons !

Mais ces voyageurs impatients qui agressent désormais le personnel de la SNCF au moindre incident technique ou à l’occasion d’une grève, ont-ils seulement conscience que dans notre monde devenu totalement «ouf» ils risquent eux-mêmes d’être la victime d’agressions de trublions incontrôlables ?

L’impatience n’explique pas tout : ce sont nos gouvernants et certaines associations de défense des usagers – limite extrême-droite pour certaines ! – qui leur montent ainsi le bourrichon : haro sur les grèves ! haro sur le mouvement social ! haro sur les syndicats…

Et tant pis pour les libertés publiques. Nous ne vivons plus ni dans une vraie démocratie, ni dans un Etat de droit. Qu’on se le dise !

SOURCES

20 minutes

Plusieurs milliers de voyageurs bloqués à Saint-Lazare

La grève est finie à Saint-Lazare, le trafic reprend progressivement

Le Figaro

SNCF : SUD-rail ou la stratégie du blocage

Je cite cet article en premier tellement il est emprunt de mauvaise foi ! Mais, à ma connaissance, le Figaro n’est pas un quotidien de gauche. Epinglé une contre-vérité de première bourre, à savoir que le journaliste – Fabrice Amadeo - qui critique le comportement des syndiqués de SUD-rail - la bête noire actuelle de Nicolas Sarkozy… des syndicalistes qui résistent autant, vous pensez bien qu’il ne les a pas à la bonne ! Il préfère évidemment le flexible Chérèque…- les accuse rien moins que de systématiquement faire grève les week-end et plus encore à Noël pour les passer bien au chaud en famille, sans perdre d’argent !

Pour croire pareille billevesée, il faut évidemment être un bon bourgeois peu au fait des questions sociales et notamment les «retenues» opérées sur les salaires en cas de grève. Une journée de grève, c’est une journée non payée.

Personne n’a jamais fait la grève par plaisir. Elle leur coûte donc «bonbon» et il faut beaucoup de résolution et parfois d’abnégation quand il s’agit de la défense du service public… pour accepter de voir amputer son salaire.

De surcroît, il accuse SUD-rail de tomber dans le «consumérisme» : entendre défendre la fiche de paye et les conditions de travail des cheminots ! Ce serait vraiment tordant si ce n’était le rôle normal d’un syndicat… Nul doute que Fabrice Amadeo, le Figaro, le pouvir et la bourgeoisie en général préféreraient que SUD s’en tienne à des positions idéologiques anticapitalistes, pour mieux en pouvoir fustiger «l’irréalisme» révolutionnaire !

La colère des usagers privés de transports

Nicolas Sarkozy est prêt à renforcer le service minimum

Hortefeux va proposer des «ajustements» au service minimum

Hortefeux prêt à durcir le service minimum

Confidentiel : la SNCF veut changer le droit de retrait


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