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Au Bonheur des Dames, un livre pour nanas ?

Par André Dziezuk
L'intrigue du 11ème tome de la saga des Rougon-Macquart, histoire naturelle et sociale d'une famille sous le Second Empire, "Au Bonheur des Dames", pourrait aisément se résumer en 10 lignes. Proposer une quatrième de couv' est un exercice assez périlleux. Dire l'essentiel, mais point trop. Laisser la porte ouverte en campant les personnages principaux. Laisser entrevoir, façon trou de la serrure... —.
Essayons tout de même...
Denise, jeune orpheline accompagnée de ses deux jeunes frères dont elle a désormais la charge, débarque à Paris pour fuir la misère, espérant trouver dans la capitale un petit morceau de mouche ou de vermisseau. N'ayant pas de voisine chez qui crier famine, elle pense trouver refuge chez son oncle Baudu, mais ce dernier, petit commerçant de linge, est au bord de la faillite. Le grand magasin "Au Bonheur des Dames", paradis mais également lieu de perdition pour les femmes de l'époque, porte un coup fatal au petit commerce. Les spéculations immobilières et les faillites se succèdent dans le quartier. Octave Mouret, tout-puissant directeur de ce grand bazar et pionnier du commerce moderne, règne sur cette ruche en usant de techniques révolutionnaires pour l'époque : aménagement intérieur, baisse des prix, rendu, publicité, catalogues illustrés, primes, expositions : aucune femme ne peut lui résister. Aucune, sauf Denise, désormais vendeuse au rayon confection...
Contrairement à ce que son titre pourrait laisser accroire, "Au Bonheur des Dames" n'est pas un roman pour femmes, un livre pour nanas. Il y est certes question de lingerie, de soieries, de falbalas et de dentelles — donnant lieu à des énumérations parfois indigestes pour le lecteur du XXIème siècle —, de commérages et d'amours impossibles. Mais ce serait omettre, Zola oblige, la peinture d'une révolution en marche, les descriptions d'une machine implacable en fonctionnement, d'hommes et de femmes au labeur, de l'homme exploité par lui-même, de peuple qui gronde...
N'ayant pas lu Zola depuis une bonne dizaine d'années, je m'y suis replongé avec délectation, attendant avec impatience les moments de la journée où je pourrai en lire quelques pages. Ajoutez le plaisir, nouveau pour moi, de le savourer dans l'édition de La Pléiade, et vous aurez une idée assez exacte de la fièvre qui m'a habité durant quelques jours.
Compléter :
- un dossier passionnant consacré au "Bonheur des Dames" sur le site de la Bnf
- intéressé par l'achat de l'exemplaire en photo, comportant deux envois, dont un raturé à destination de Tourguéniev, c'est ici. Il vous reste un peu d'argent dans votre tirelire ?
- envie de le lire dans sa version originale ou de l'exporter en pdf ?
- une petite absinthe ?

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