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Jour 14 - Petit refuge, grandes décisions

Par Maxime Jobin

Distance parcourue : 23 km
Trajet : De Santo Domingo de la Calzada à Belorado
La marche d’aujourd’hui était ordinaire. Heureusement qu’il y avait souvent des villes, car sinon je me serais ennuyé. J’ai quand même pensé à mettre une roche pour chaque personne de ma famille, ainsi que pour certains amis comme Méli, Mélissa Jetté et Marc-Antoine, lorsque je rencontrais un de ces amas de pierres situés sur les « totems » signalisant le chemin. C’était très significatif pour moi que le chemin leur apporte quelques choses à eux aussi.

Demain, Méli ne peut pas me suivre en autobus à San Juan de Ortega, car il n’y a pas de ligne qui s’y rend. Ce qui m’a demandé de prendre une décision :

1° Soit je marche les deux prochaines étapes seul. Je serais donc 2 jours complètements seul, même à l’auberge.

2° Soit je marche jusqu’à Villafria, une ville au milieu de l’étape de demain, et après-demain je prends la bus avec Méli.

D’un côté, je préfère la deuxième option, car je suis un peu exaspéré de marcher seul, car cela fait tout de même 6 ou 7 jours en ligne. D’un autre côté, je sais que si je ne choisi pas la première option, je vais regretter de ne pas avoir marché jusqu’au bout, celui que nous nous sommes donnés, Burgos. Pour l’instant, je pense marcher les 2 prochains jours seul. J’espère ne pas changer d’idée. Cela ne me tente pas vraiment, mais je me suis donner un défi et je serais déçu de moi-même de ne pas l’accomplir par lâcheté. Car ce serait de la lâcheté pure et simple, puisque je ne suis pas blessé physiquement. Rien ne m’empêche donc de continuer. J’espère seulement que le chemin de demain, long – 24 km – et difficile – car il monte beaucoup –, sera un peu plus éblouissant et nouveau.

Pourtant, même si j’ai hâte de retourner à Paris, puis éventuellement au Canada, l’Espagne va me manquer avec ses différences de culture, ses toits rouges et sa langue – très loin dans mon esprit. Le chemin aura été plus dur moralement à marcher que je ne l’aurais cru, à cause de la solitude, mais je ne regretterai en rien mon expérience.

Ce soir, nous avons mangé au refuge pour 8 euros, car il n’y a pas de cuisine disponible pour les pèlerins ici. Nous avons mangé un très bon repas – soupe au poulet et œuf, salade, viande de porc, crème glacée et pain – en compagnie de deux allemands. C’était bien agréable, nous avons réussi à tenir une conversation en anglais. Nous avons parlé des raisons de faire ce pèlerinage. Ils nous ont expliqué qu’ils avaient besoin de faire le point sur leur vie, et que c’est pour cela qu’ils sont ici. Nous leur avons dit que nous voulions quant à nous vivre quelque chose de différent, rencontrer des gens et réfléchir un peu.

Je sens que je vais me coucher de bonne heure, car je suis assez fatigué. Je me demande à quoi ressembleront les deux prochains jours. Vais-je réussir à passer de belles journées malgré l’absence de Méli? Que vais-je faire une fois au refuge, seul?

Il est 8h00, je vais cesser d’écrire et tenter de dormir, malgré la lumière – le soleil se couche à 10h00 - et le bruit. Demain, un autre jour, un jour de solitude.
En photos

Mélissa avait l'appareil photo cette journée là. Les photos que je publie ici sont donc celles de sa journée, principalement en autobus. Je ne peux pas les commenter.



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