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Sans papier : deux fillettes – 5 et 10 ans – mineures isolées en rétention administrative, présentées au tribunal de grande instance de Bobigny

Publié le 30 janvier 2009 par Kamizole

resflogo-200512.1233296320.pngRien ne fait peur aux flics de Sarko ! C’est sans doute cela que l’infâme Eric Besson dit vouloir traiter «avec fermeté et humanité» ! J’ai trouvé l’info sur la newsletter de Libération : Sans papiers: quand une enfant de 5 ans “refuse de signer” un procès-verbal… et provient d’un article de Richard Moyon – président de RESF - paru sur le blog d’Education sans frontières, A l’école des sans-papiers. Jusqu’à présent je connaissais RESF par ses «alertes» reçues par courriel mais non l’existence de ce blog dont je ne peux que vous recommander chaleureusement la lecture.

C’est le long et poignant récit d’une audience au tribunal de grande instance de Bobigny (Seine-St-Denis) où comparaissent deux enfants sans papiers – Gudelcia, 5 ans et Djessy, 12 ans - venues seules d’Afrique, avec des papiers trafiqués, faute que leurs mères qui vivent en France ne soient parvenues à les y faire venir dans le cadre du «regroupement familial» !

C’est ça, «l’humanité de la France»… n’est-il pas MM Sarkozy, Hortefeux et Besson ?

Comme l’écrit Richard Moyon : «La lutte contre l’immi-gration familiale chère à M. Sarkozy dévaste bien des vies». En contradiction totale avec le principe «du droit à une vie de famille normale» inscrit aussi bien dans le Préambule de 1946 que dans la «Déclaration euro-péenne de sauvegarde des droits de l’homme», deux textes qui ont pourtant valeur constitutionnelle !

Elles ont donc été arrêtées à leur arrivée à Roissy et «embastillées» dans un hôtel où elles furent gardées par des policiers en uniforme et une «nurse policière», également en uniforme ! Sous le coup d’une reconduite à la frontière, elles sont donc présentées au juge un dimanche de janvier. Les autorités n’entendant nulle-ment les confier à leurs familles. De l’acharnement !

Quant aux mères des enfants – qui espéraient pourvoir les embrasser après, respectivement 9 ans et 3 ans de séparation - elles ont eu droit à un «vrai traitement de faveur» comme la flicaille sait les concocter contre les étrangers en situation irrégulière et leurs proches :

«Elles se sont retrouvées menottées, fouillées au corps, placées en garde à vue. La mère de Gudelcia, enceinte de huit mois et demi est libérée au bout de quelques heures sur intervention d’un médecin. Celle de Djessy est venue avec une amie. 36 heures de garde à vue, leurs domiciles sont perquisitionnés avant leur libération sans poursuites».

Quelle est l’utilité de tels procédés ? Sont-ce de dange-reuses criminelles qui cacheraient des armes ou des explosifs, seraient à la tête d’un réseau de faux-passeports ?

Je ne vois qu’une seule réponse : les intimider, les humilier parce qu’elles n’ont ni la bonne origine géogra-phique ni la bonne couleur de peau… Leur montrer «qui est le maître» ! La même attitude que naguère les colonisateurs et les négriers. Rien de changé sous le soleil.

C’est sans doute cela «l’humanité selon Eric Besson», lequel devait être en train de «savourer» sa promotion au ministère de l’immigration et de l’identité française et son entrée à la direction de l’UMP…

Sans la mobilisation en urgence de RESF, il est probable qu’elles auraient été mises dans un avion direction l’Afrique, sans autre forme de procès, comme cela arrive malheureusement trop souvent. Quand bien même en aurait-il eu l’intention, le ministère ne pouvait expulser publiquement des enfants isolés. Les deux fillettes sont donc présentées – comme des grandes, mais seules – à l’audience publique du tribunal de grande instance le dimanche 25 janvier.

Heureusement, Madame le juge ne l’entendit point de cette oreille et fit preuve lors de cette audience d’une admirable humanité à égard de ces «petites choses si fragiles», notamment les 5 ans de Gudelcia, absolument terrorisée.

«Cette enfant est seule ? Pas de famille dans la salle ?» La mère se lève : «Venez, Madame, asseyez-vous, prenez-la sur vos genoux, on ne va pas la laisser comme ça !». La tante s’est levée aussi : «Qui êtes-vous ? La tante ? Venez vous asseoir aussi, qu’elle soit entourée».

Sa colère fut dirigée uniquement contre les flics – qui avaient coché la case «refuse de signer» sur le PV : «Ils ont coché la case “refuse de signer !” Elle a cinq ans, on veut qu’elle signe quoi ? On est où ?» et contre l’avocate (?) de la préfecture : «5 ans ! Cette enfant n’a rien à faire ici !».

Gudelcia et ensuite Djessy furent libérées et rendues à leurs famillles.

Merci, Madame le juge ! Comme le dit fort bien Richard Moyon en conclusion : Dans cette histoire, l’Identité nationale chère à M. Hortefeux est dignement repré-sentée…

Sinon, les autres affreuses enflures me filent la gerbe en même temps que la honte d’être française ! Et je n’ai pas peur de dire que la lecture de cette histoire m’a fait pleurer.


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