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Quantum de manifestants

Publié le 02 février 2009 par Vogelsong @Vogelsong

Enjeu crucial des mobilisations, la quantification. Chacun déverse ses chiffres, qui vont du grotesque au faramineux. Étant entendu que le succès d’une mobilisation est principalement dû à son poids.

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La spéculation culmine le jour du mouvement. La quantification est une science drolatique. Chaque partie annonce ses chiffres, les médias moutonniers publient sans se poser de questions. Jamais (oh grand jamais), la presse indépendante ne déploie un dispositif  de dénombrement. On peut même rêver d’une syndication de trois ou quatre grands médias pour couvrir l’événement. L’entreprise est certes rébarbative. Le comptage de petits-fours aux conférences de presse ministérielles est notablement plus valorisant. Néanmoins, une information de qualité oblige un chiffrage juste. Surtout quand la réussite et les conséquences d’un mouvement sont relatives à la masse et au nombre. Par exemple, des données farfelues sont publiées pour l’occupation des écoles par les parents et les enseignants le 14 janvier. Selon la presse via l’AFP via le rectorat, vingt établissements parisiens étaient occupés. Le collectif quant à lui recense par appels spécifiques, uniquement dans le 20e  dix-neuf écoles occupées, et dans le 13e quatorze.
Le comptage des cortèges est aussi une vaste pantalonnade. Le 29 janvier, la police annonçait 65 000 manifestants à Paris. Grotesque. Soit les agents astreints à l’inventoriage souffrent d’anomalies cognitives graves et nécessitent une prise en charge immédiate par des services spécialisés, soit les chiffres sont à dessein politique  sous-estimés  En réalité, les cortèges s’étiraient de la place de la Bastille à l’Opéra. Les derniers manifestants n’avaient pas quitté leurs points de départ à 17h30 alors que certains se réchauffaient déjà sur leur sofa. Le lendemain Libération titre sans ambiguïté, “entre un million et 2,5 millions de manifestants en France”. Une information claire et précise !
Un effet collatéral de la numération est le petit jeu des appréciations et du pesage. Le challenge pour les organisations syndicales à faire toujours mieux. Sans savoir à partir de quels chiffres les hurlements de la plèbe seront entendus.

Le 29 janvier au soir, le bras de fer et la désinformation n’ont duré que quelques heures, avant que tous, même les grincheux admettent que ce fut un raz-de-marée. Et qu’il était peut être plus sage de ne pas le quantifier.

Vogelsong – 31 janvier 2009 - Paris


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