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Le syndrome du collabo

Publié le 04 février 2009 par Nicolas007bis

Sylvain

Invité ce matin par Jean-Pierre Elkabbach sur Europe1, Eric Besson qui a pris avec enthousiasme le relai de Brice Hortefeux au Ministère de l’Immigration y a notamment évoqué les filières mafieuses qui introduisent des immigrés clandestins en France.

Curieux hasard du calendrier comme on dit, une intervention policière de grande envergure avait eu lieu le matin même : « une vaste opération de démantèlement d'une filière clandestine très importante d'origine asiatique » selon Besson.

Cette opération « providentielle » a évidemment été l’occasion pour Eric Besson de mettre en avant un aspect que beaucoup de détracteurs de la politique d’immigration de Sarkozy préfèrent ne pas voir, c'est-à-dire le coté criminel de l’immigration clandestine.

A partir de là, Jean-Pierre Elkabbach a enchainé sur ce sujet, posant des questions sans intérêt et manifestement improvisées du type « existe t-il également des filières maghrébines ou africaines ? » et délaissant par là même les vraies questions posées par l’immigration clandestine ou non. Questions qu’il aurait été d’autant plus utile de poser que le pays est franchement divisé sur ce sujet important qui nécessiterait pourtant un consensus.

Du coup, un doute m’a effleuré l’esprit : Est-ce réellement un hasard si la « vaste opération de démantèlement d'une filière clandestine très importante d'origine asiatique » a eu lieu le matin de l’interview ? et si non, est-ce la date de l’interview qui a été fixée en fonction de la date de « la vaste opération… » ou l’inverse ? Question corollaire : qui a réellement décidé de la nature de cet entretien et de sa date ? Est-ce Jean-Pierre Elkabbach ou Eric Besson ?

Bon, là n’est pas vraiment ce qui m’a amené à empoigner mes 10 2 doigts pour écrire ce petit billet.

Non, ce qui m’a fait sursauter vient après.

Après avoir bien commenté la « vaste opération de démantèlement d'une filière clandestine… », Eric Besson fait dans la foulée l’annonce suivante : "nous allons donner aux préfets la possibilité d'accorder des titres de séjour provisoire aux clandestins victimes de filières clandestines qui décideraient de les dénoncer".

Ce n’est pas l’annonce en elle-même qui m’a interpellée, même si elle confirme que la date de la « vaste opération de démantèlement d'une filière clandestine très importante d'origine asiatique » n’a pas été fixée par hasard puisqu’elle était là à la fois pour orienter les questions d'Elkabach et pour justifier cette annonce.

Sur son principe, rien ne me choque, même s'il m’étonnerait que cette proposition rencontre un gros succès de la part des clandestins (crainte des représailles, crainte de la police française, solidarité vis-à-vis de compatriotes…).

Non, ce qui m’a fait sursauter, c’est la vive réaction de Jean-Pierre Elkabbach qui s’est exclamé soudainement et avec force : « C’est de la folie » ! …si, si « C’est de la folie » comme ça, devant un ministre de la République probablement médusé (c’était à la radio alors difficile de savoir) ! … et d’insister en parlant de « récompenser la collaboration » ou en utilisant les termes particulièrement connotés de délation ou dénonciation !...c’est tout juste si il n’a pas évoqué la Milice française ou la Gestapo !

Manifestement, dans l’esprit de Jean-Pierre Elkabbach, le fait pour un clandestin d’aller dénoncer à la police les exploiteurs qui l’ont dépouillé et probablement maltraité, est assimilable aux agissements des "bons" français qui ont dénoncé les juifs et les Résistants durant l’occupation !

Cette réaction, on y a déjà eu droit l’année dernière, lorsque la Police avait promis une récompense pour ceux qui dénonceraient les auteurs des coups de feu tirés contre des policiers lors des affrontements à Villiers-le-Bel.

Que l’on ne fasse pas de la « dénonciation » des petits « travers » de son voisin un acte courant et honorable, bien entendu, mais aider la police à neutraliser des criminels avérés ne me semble pas indigne. Et même si elle peut répondre à d’autres motivations moins désintéressées, la dénonciation d'un criminel constitue une forme de civisme tout à fait respectable et quelque fois courageuse !

Il est quelque peu contradictoire d’exiger de la police qu’elle assure la sécurité de tous et de dire ensuite « elle n’a qu’à se débrouiller, après tout c’est son boulot, ce n’est pas mon problème » !

Sans oublier les leçons de l’histoire, on peut considérer qu’il y a des cas ou omerta ne signifie ni courage, ni moralité mais plutôt individualisme, égoïsme voire même complicité !


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